L’idée du projet consiste à transformer des déchets de papier et de carton en panneaux isolants à haute performance pour le secteur du bâtiment, tout en réduisant la pression sur les ressources forestières.
Dans une salle empreinte de solennité et d’enthousiasme, l’équipe Ecopap a soutenu un mémoire de master qui pourrait bien marquer un tournant dans la gestion des déchets en Algérie. Intitulé «Valorisation innovante des déchets papetiers et cartonnés en panneaux isolants durables», ce travail collectif, porté par plusieurs étudiantes du département d’écologie et environnement – Sahli Aïcha, Saoudi Romaïssa et Lhadj Yakout- a su capter l’attention du jury et des invités, tant par la rigueur scientifique de son contenu que par sa portée écologique et économique. Fruit de deux années de recherche et d’enquête de terrain, ce mémoire explore des solutions concrètes à un problème croissant.
Il s’agit de la prolifération des déchets de papier et de carton dans les grandes villes, notamment à Annaba où plus de 530 tonnes de déchets solides sont générées chaque jour. «L’idée du projet est simple, mais puissante. Elle consiste à collecter ces déchets, les recycler et les transformer en panneaux isolants à haute performance, destinés au secteur du bâtiment.
Ces panneaux, conçus à partir de matériaux 100% recyclés, offrent des propriétés d’isolation thermique, acoustique et une résistance au feu, tout en réduisant la pression sur les ressources forestières», ont expliqué à l’assistance les heureuses lauréates.
La soutenance s’est déroulée en présence de Mme Houria Belghiche, représentante de la direction de l’environnement, connue pour son engagement sans faille dans la sensibilisation et l’éducation environnementale pour le tri sélectif. Déjà engagé dans le domaine du compostage, le représentant de l’Agence NASDA, structure nationale de financement des projets environnementaux a aussi marqué l’événement par sa présence. Les deux cadres ne sont pas venus pour figurer parmi l’assistance.
Leur présence soulignait la reconnaissance officielle du potentiel innovant de cette initiative qui pourrait s’inscrire dans les programmes de soutien aux start-ups vertes et aux projets de transition écologique.
Une méthodologie rigoureuse
Le mémoire, présenté avec clarté et conviction, s’appuie sur une méthodologie rigoureuse. L’équipe Ecopap a mené des enquêtes sur le terrain auprès de magasins, supermarchés et entreprises de récupération comme Papier-REC à Sidi Amar, afin de mesurer le volume réel de déchets générés, leurs sources et les pratiques de gestion.
Les résultats sont parlants. «Plusieurs établissements génèrent entre 60 et 95 kg de déchets papier carton par semaine, sans aucune filière de valorisation systématique», font remarquer les étudiantes. Mais le projet va bien au-delà du diagnostic. Il propose un modèle économique intégré, un plan de production détaillé, et même un prototype fonctionnel de panneau isolant. L’équipe a également développé une stratégie marketing, une vision d’entreprise, et une projection financière sur trois ans. A travers ce projet, les étudiants démontrent qu’il est possible de conjuguer développement durable, innovation technologique et création d’emplois verts. Le jury, présidé par la professeure Feriel Boukhroufa, a salué l’originalité et la pertinence du travail.
L’encadrante, la professeure Salhi Amina, a souligné : «L’engagement exceptionnel des membres du groupe dont l’esprit d’équipe et le sens du terrain ont permis de transformer un sujet académique en une solution de société». Au moment où l’Algérie s’engage dans une stratégie nationale de réduction des déchets et de promotion de l’économie circulaire, ce travail universitaire tombe à point nommé. Il prouve que les universités peuvent être de véritables laboratoires d’initiatives citoyennes, capables de proposer des réponses concrètes aux défis environnementaux. Si des financements et des accompagnements techniques viennent renforcer ce projet, Ecopap pourrait très vite dépasser les bancs de la faculté pour s’implanter dans le tissu économique local. Une perspective d’avenir enthousiasmante pour ses auteurs… et pour la planète.