Université Badji Mokhtar d’annaba : Un enseignant-chercheur conteste sa mise à l’écart

09/04/2025 mis à jour: 03:22
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Photo : D. R.

Un enseignant-chercheur de l’université Badji Mokhtar d’Annaba, le Dr Ali Bousnobra, maître de conférences «A», spécialisé en fiscalité des entreprises, affirme faire l’objet de mesures administratives qui ont abouti à l’interruption de ses travaux de recherche et à la suspension de son traitement salarial depuis décembre 2024.

Selon le courrier qu’il a adressé récemment au président de la République, le Dr Bousnobra évoque une succession d’événements survenus ces dernières années, qu’il estime être des formes d’obstruction à sa carrière académique et scientifique. Il dénonce notamment «l’absence de réponse à plusieurs demandes administratives», «le refus d’autorisation pour organiser un congrès international», ainsi qu’«un blocage de son autorisation de stage de recherche à l’étranger, pourtant autofinancé et couvert par un accord d’intérim pédagogique».

L’enseignant évoque un climat «tendu» remontant à 2016, lorsqu’un désaccord avec un collègue, alors enseignant associé et aujourd’hui doyen, serait à l’origine d’une série de mesures qu’il qualifie de «répressives». Il fait notamment état de son «exclusion des réunions du conseil d’administration» malgré son élection en 2020, du «retrait de l’accès à internet dans son bureau» et d’un «manque de soutien dans ses démarches de coopération internationale».

Il assure également que  «des initiatives personnelles en matière de recherche et de partenariat – notamment dans le cadre du programme Erasmus+ et d’un projet de collaboration avec des institutions étrangères – n’ont pas reçu l’appui attendu de la hiérarchie universitaire». Le point de tension majeur reste toutefois lié à une mission de recherche en France, effectuée entre octobre et décembre 2024.

Le Dr Bousnobra explique avoir déposé une demande d’autorisation pour effectuer un séjour scientifique, sans obtenir de réponse dans les délais. Il décide alors de partir, avant de recevoir une réponse défavorable le 28 octobre, soit après son départ. A son retour, il affirme avoir été empêché de reprendre ses fonctions et avoir reçu plusieurs mises en demeure pour «absence non justifiée».

Selon lui, «la suspension de son salaire, toujours effective en avril 2025, est intervenue sans justification administrative recevable», une décision que le vérificateur financier de la wilaya aurait lui-même jugée infondée. Il affirme avoir respecté le cadre réglementaire encadrant les activités scientifiques des enseignants-chercheurs, notamment en vertu du statut publié au Journal officiel en mars 2024.

Depuis janvier 2025, l’enseignant dit avoir transmis une lettre explicative au recteur, dans laquelle il détaille les incidents et demande la régularisation de sa situation. A ce jour, il indique être toujours sans réponse. L’Université Badji Mokhtar n’a pour l’instant pas communiqué officiellement sur ce dossier.

Des sources internes contactées n’ont pas souhaité commenter l’affaire. Le ministère de l’Enseignement supérieur pourrait être amené à examiner ce contentieux dans le cadre d’un recours administratif ou d’une médiation. Ce cas soulève des interrogations sur les conditions d’exercice des enseignants-chercheurs dans les universités algériennes, notamment en matière de mobilité scientifique, de gestion administrative et d’équité dans l’application des règlements internes.                        

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