Un de ses élus nourrit la polémique sur la fraude présumée sur les pensions : L’extrême droite française cible les retraités algériens

10/06/2025 mis à jour: 11:10
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( Desssin : le Hic )

L’extrême droite française poursuit sa campagne haineuse contre tout ce qui représente l’Algérie. 

Après les Accords de 1968 et l’immigration, ce courant tente cette fois-ci d’exploiter la polémique sur le contenu du rapport de la Cour des comptes publié fin mai dernier sur la situation financière du système de retraite français, affirmant que des «ayants droit algériens ont continué à percevoir des pensions de retraite de leurs proches plusieurs années après leur décès». 

En effet, le député du Rassemblement national Aurélien Dutremble s’est saisi de cette information pour appeler le gouvernement français à agir en «procédant à la suspension des versements des pensions douteuses jusqu’à vérification». 

Dans une question écrite adressée à la ministre française auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée des comptes publics, l’élu de l’extrême droite s’offusque de ce qu’il appelle «la persistance de la fraude aux retraites françaises versées à l’étranger, en particulier en Algérie». 

Il évoque notamment «les pensions indûment versées à des personnes décédées dont le décès n’a pas été déclaré». «Selon les chiffres de la Cour des comptes publiés le 26 mai 2025, cette fraude représenterait entre 40 et 80 millions d’euros de pertes annuelles pour les finances publiques, dans un contexte où la Caisse nationale d’assurance vieillesse verse plus de 1,1 milliard d’euros de pensions en Algérie», écrit-il. Selon lui, «les contrôles effectués sur pièces ont permis d’identifier un taux de décès non déclarés allant de 2 à 5% selon les échantillons analysés». 

Pour lui, les Algériens sont «champions de la fraude». «Ces chiffres confirment l’existence d’un phénomène massif, organisé et, dans tous les cas, largement supérieur aux autres pays étrangers bénéficiant de versement de retraite du régime général», argue-t-il. 

Le député juge, ainsi, que «les mécanismes actuels de contrôle, fondés en grande partie sur des certificats de vie transmis par les ayants droit eux-mêmes, soient largement insuffisants et sujets à manipulation». «Alors que les retraités français doivent fournir régulièrement des justificatifs rigoureux, il est incompréhensible que des pensions soient encore versées à l’étranger sans vérification fiable de l’existence des bénéficiaires», estime-t-il. 

Ce faisant, il suggère au gouvernement français d’«instaurer un contrôle systématique et biométrique de l’existence des bénéficiaires à l’étranger». Il sollicite également «la suspension des pensions douteuses jusqu’à vérification, ainsi que le remboursement des sommes indûment perçues» et «souhaite connaître les perspectives à ce sujet».

Des retraites de misère 

L’élu de l’extrême droite a choisi de ne citer que l’Algérie, occultant sciemment le Maroc qui a été aussi cité par le rapport de la Cour des comptes française. 

De plus, les retraités algériens ne bénéficient pas, comme le laissent entendre la droite et l’extrême droite, de largesses. En février dernier, un rapport officiel de l’Assemblée nationale française a révélé des chiffres précis sur les pensions versées aux retraités algériens. Et elles sont très modestes, voire misérables. Selon le document, les retraités algériens perçoivent en moyenne moins de 300 euros par mois. Mais cela n’a pas empêché le député de la droite Fabien Di Filippo de proposer une mesure de contrôle très sévère. 

Ce dernier veut imposer «aux retraités vivant à l’étranger, majoritairement des Algériens, de se rendre chaque année aux consulats français pour attester de leur existence et éliminer la reconnaissance des documents d’état civil algériens». Selon lui, «lors d’un contrôle en 2022 en Algérie, 30% des retraités concernés ne s’étaient pas présentés», estimant qu'«un doute subsistait sur la transmission des décès aux autorités françaises». Mais sa proposition a été rejetée. 

Des élus de la gauche lui ont alors rappelé ses quatre vérités. C’est le cas d’Hadrien Clouet, député de la France insoumise, qui a affirmé que «la fraude évoquée était largement exagérée». «La plupart des retraités concernés sont très âgés, souvent proches de 100 ans. 

De plus, ces pensions sont très faibles et qu’elles rémunéraient des décennies de travail sous-payé en France», rappelle-t-il.  Madjid Makedhi 
 

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