Turquie : La répression continue pendant le dialogue avec les Kurdes

19/02/2025 mis à jour: 09:40
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Photo : D. R.

Le gouvernement turc accentue la pression sur les mouvements et sympathisants prokurdes accusés de «terrorisme» en même temps que se poursuit le dialogue, engagé à son initiative, avec le PKK en vue d'une trêve. Près de trois cents «membres présumés d'organisations terroristes» ont été arrêtés au cours des cinq derniers jours, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, visant nommément le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans son communiqué, relayé hier par l’AFP.

Ces arrestations, qui ont aussi ciblé trois journalistes, ont été effectuées dans une cinquantaine de provinces du pays, dont celles d'Istanbul, Ankara et des régions à majorité kurde de l'est du pays.  Plusieurs ont visé des responsables du parti prokurde DEM, troisième force au Parlement, directement impliqué dans le dialogue initié avec Abdullah Ocalan, fondateur et chef historique du PKK.

Détenu à l'isolement depuis 26 ans sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, «Apo» (oncle, en kurde), âgé de 75 ans, pourrait appeler le PKK à déposer les armes après des décennies de guérilla, en échange de concessions démocratiques du pouvoir à l'égard de la minorité kurde.

Une délégation du DEM a été autorisée à rencontrer A. Ocalan à deux reprises. Elle se trouve depuis dimanche dans le nord de l'Irak, pour une série d'entretiens avec les autorités de la région autonome du Kurdistan dans le cadre de cette médiation.

Mais le DEM est simultanément dans le viseur des autorités qui ont destitué ces derniers mois neuf de ses maires élus dans des régions à majorité kurde, remplacés par des administrateurs nommés par les autorités. «Il est clair que la possibilité d'une solution et d'une paix commence à faire perdre le sommeil à certaines personnes», a estimé hier le parti sur X : «Chaque jour des opérations sont menées contre ceux qui veulent une solution et la paix».

De son côté, le ministre de l'Intérieur s'est dit «déterminé à éradiquer toutes les formes de terrorisme». Après Erbil où elle a rencontré les autorités du Kurdistan autonome, dont le leader historique kurde d'Irak Massoud Barzani, la délégation du DEM A poursuivi hier ses consultations.

Elle est attendue à Souleimaniyeh, deuxième grande ville du Kurdistan irakien, pour y rencontrer Bafel Talabani, président de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), l'autre formation historique des Kurdes en Irak. La Turquie a déjà connu de précédents espoirs de paix. Mais la dernière trêve, en 2015, a volé en éclats pour déboucher sur une explosion de violences, en particulier dans le sud-est du pays. Selon une estimation communément admise, le conflit avec le PKK a causé au moins 40 000 morts depuis 1984. 
 

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