Lors de son passage hier dans l’émission «Echourouk morning», Adj Bouaouni, directeur général de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), a présenté les indicateurs récents de l’entreprise ainsi que ses projets à moyen et long terme. Avec un réseau vieillissant mais des ambitions résolument tournées vers l’avenir, la SNTF entend relever les défis du transport ferroviaire en Algérie.
En 2024, la SNTF a enregistré des résultats encourageants, avec 32 millions de voyageurs transportés, soit une augmentation de 8% par rapport à 2023. Par ailleurs, le transport de marchandises a atteint 6,8 millions de tonnes, confirmant ainsi le rôle essentiel du rail dans l’économie nationale. Cependant, il a souligné que «50% du réseau ferroviaire a plus de 30 ans, un handicap majeur qui nécessite des investissements massifs pour moderniser les infrastructures».
Pour répondre à ces défis dans le cadre du plan de modernisation et d’investissement, la SNTF a alloué un budget de 41 milliards de dinars entre 2023 et 2024 pour la réhabilitation du réseau. En 2025, 17 milliards de dinars supplémentaires seront consacrés à la maintenance. Ces investissements visent à «améliorer la sécurité, réduire les retards et augmenter le nombre de trains et de voyages».
Parmi les projets phares figure l’extension du réseau vers le Grand Sud, notamment vers Tamanrasset, une région stratégique pour le développement économique et touristique. Ce projet est suivi de près par l’Agence nationale des études et des investissements ferroviaires (Anesrif), qui veille à sa mise en œuvre dans les délais et selon les normes techniques requises.
Dans le cadre du renouvellement du matériel roulant, la SNTF prévoit en outre d’acquérir 400 wagons et 600 locomotives pour un budget total de 138 milliards de dinars. Ces nouveaux équipements permettront de répondre à la demande croissante et de préparer l’avenir. «L’objectif à l’horizon 2040 est d’atteindre 100 millions de passagers et 100 millions de tonnes de marchandises transportées annuellement», dira-t-il.
Il a également évoqué la possibilité de créer une industrie ferroviaire locale, en partenariat avec des entreprises étrangères. Ce projet, basé sur un modèle de 51% SNTF et 49% partenaire étranger, vise à «produire et entretenir localement les équipements ferroviaires». Cette initiative permettrait non seulement d’économiser des devises, mais aussi de créer des emplois et de stimuler l’économie locale.
La SNTF est une entreprise publique «non rentable» et pour inverser la pyramide, elle cherche à augmenter ses revenus en développant «le transport de marchandises». Parmi les projets-clés figurent le transport de phosphate (14 millions de tonnes par an) et l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet (50 millions de tonnes par an).
Ces activités devraient contribuer significativement à améliorer la rentabilité de l’entreprise. Pour offrir une meilleure expérience aux voyageurs, la SNTF a lancé un vaste programme de rénovation de 87 gares ferroviaires.
Elles seront équipées de restaurants, commerces et autres services pour les rendre plus modernes, attractives et surtout rentables. Un projet emblématique est le développement d’un pôle ferroviaire à la gare d’Agha (Alger), qui deviendra un hub majeur pour les transports dans la capitale. Au-delà d’une gare ferroviaire flambant neuve répondant aux standards internationaux, elle promet de métamorphoser la zone en un véritable catalyseur de développement économique.
Intégré au schéma de réaménagement de la façade maritime d’Alger, ce complexe vise à insuffler une nouvelle dynamique à la capitale, en stimulant l’activité touristique, économique et sociale. Les usagers profiteront d’un espace multimodal interconnecté, mêlant commerce, loisirs, services et une gare ultramoderne.
Enfin, la SNTF mise sur la formation et le recrutement de personnel qualifié pour accompagner ses nouveaux projets. Des collaborations avec des centres de formation et des universités sont prévues, «notamment pour les projets dans le Sud, où les besoins en main-d’œuvre spécialisée sont importants», a précisé le DG de la SNTF.