Tirs sur des diplomates en Cisjordanie occupée : De nombreux pays accusent l’armée israélienne

22/05/2025 mis à jour: 01:03
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Photo : D. R.

Les Ghazaouis attendaient désespérément, hier, une distribution d’aide humanitaire alors que la pression internationale s’accentue sur Israël, accusé de ne laisser entrer dans le territoire assiégé qu’une portion d’aide sans rapport avec les besoins immenses de la population.

De nombreux pays européens ont dénoncé, hier, les tirs de sommation effectués par l’armée israélienne pour éloigner des diplomates à Jénine, en Cisjordanie occupée. Toute menace contre la vie de diplomates est «inacceptable», a déclaré, à Bruxelles, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Kaja Kallas. Elle a «appelé Israël à enquêter sur cet incident et à demander des comptes à ceux qui en sont responsables», a-t-elle ajouté devant la presse.

L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Irlande, l’Egypte et la Turquie ont également condamné les tirs, Madrid, Rome, Paris et Lisbonne annonçant pour leur part convoquer les ambassadeurs d’Israël. L’Autorité palestinienne a dénoncé un «crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes».Une visite de diplomates dans le nord de la Cisjordanie occupée a été interrompue par ce que l’armée israélienne a présenté comme des tirs de sommation.

L’incident s’est produit en début d’après-midi aux abords du camp de réfugiés de Jénine, ville au coeur d’une offensive militaire israélienne majeure contre des groupes armés palestiniens dans le nord du territoire, selon un journaliste de l’AFP qui a filmé plusieurs voitures diplomatiques quittant les lieux à la hâte après les coups de feu. Le ministère des Affaires étrangères palestinien a diffusé une vidéo montrant deux personnes portant des uniformes de l’armée israélienne mettre en joue un groupe de diplomates.

Des diplomates de Chine, du Japon et du Mexique ainsi que de plusieurs pays européens, dont la France, les Pays-Bas et la Roumanie, participaient à cette visite. Selon l’armée israélienne, les diplomates ont «dévié de l’itinéraire approuvé» pour une visite organisée par l’Autorité palestinienne dans le nord de la Cisjordanie.

Par ailleurs, les Ghazaouis attendaient désespérément, hier, une distribution d’aide humanitaire alors que la pression internationale s’accentue sur Israël, accusé de ne laisser entrer dans le territoire assiégé qu’une portion d’aide sans rapport avec les besoins immenses de la population. «La situation est insupportable.

Aucune aide n’est entrée et personne ne nous distribue quoi que ce soit», a déclaré à l’AFP Oum Talal al-Masri, 53 ans, depuis un quartier de la ville de Ghaza. «Nous arrivons à peine à préparer un repas par jour. L'aide n'est pas un luxe - nous avons un besoin urgent et désespéré de tout : nourriture, médicaments, eau potable et produits d'hygiène», a-t-elle ajouté.

Aide humanitaire entravée

Après plus de deux mois et demi d’un blocus total imposé à la bande de Ghaza, Israël a annoncé avoir laissé passé une centaine de camions de l’ONU lundi et mardi. L’autorisation lundi par Israël d’une aide limitée à destination de Ghaza a été qualifiée par l'ONU de «goutte d’eau dans l’océan», et 22 pays ont alors exigé d’Israël une «reprise complète de l’aide immédiatement».

Mais le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) se plaint de complications imposées par Israël qui entravent l’acheminement de l’aide jusqu’à ses destinataires finaux une fois qu’elle est entrée par Ghaza. «Pour l’instant, l’aide, ce n'est que des mots», dénonce Mme Masri.

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a accusé Israël de ne laisser entrer à Gaza qu’une aide «ridiculement insuffisante» face aux besoins du territoire, seulement pour ne pas être accusé «de famine imposée à la population».

«Ce plan est une manière d’instrumentaliser l’aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes», a dénoncé Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younès, à Ghaza, dans un communiqué.

L’aide autorisée dans la bande de Ghaza, une centaine de camions depuis lundi selon les autorités israéliennes, «n’est qu’un écran de fumée», selon MSF, alors que le siège «se poursuit». «L’autorisation actuelle de 100 camions par jour, alors que la situation est si critique, est tout à fait dérisoire», a insisté l’ONG.

MSF a indique aussi qu’au moins 20 installations médicales à Ghaza ont été endommagées ou mises partiellement ou totalement hors service au cours de la semaine dernière par l’avancée des opérations terrestres israéliennes, l’intensification des frappes aériennes et les ordres d’évacuation généralisés.

L’organisation a également dénoncé les ordres d’évacuation à grande échelle de l’armée israéliennes, qui limitent la capacité à donner des soins. Pour sa part, le pape Léon XIV a lancé un «appel pressant» à laisser entrer «une aide humanitaire décente» à Ghaza et à «mettre fin aux hostilités», «dont le prix atroce est payé par les enfants, les personnes âgées et les malades».

«La situation dans la bande de Ghaza est de plus en plus préoccupante et douloureuse», a également déploré le Pape lors de son audience générale hebdomadaire en public place Saint-Pierre, la première depuis son élection. Face à la situation humanitaire catastrophique et l’intensification des opérations militaires israéliennes à Ghaza, de nombreux pays européens ont accentué la pression. L’Union européenne va réexaminer son accord d’association avec Israël, en vigueur depuis 2000, a annoncé, avant-hier, sa cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas.

Le Royaume-Uni a lui dit suspendre les négociations avec Israël sur un accord de libre-échange. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a salué hier les voix qui se sont levées à l’étranger pour rejeter «les politiques de blocus, de famine, de déplacement et de saisie de terres», et «l’utilisation de l’aide par Israël comme une arme et un outil politique pour atteindre ses objectifs illégitimes».  

Le bilan de l’agression génocidaire s’alourdit à 53 655 morts

Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 53 655 martyrs et 121 950 blessés depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué hier les autorités sanitaires palestiniennes. Selon la même source, les corps de 82 martyrs et 262 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de Ghaza au cours des dernières 24 heures.

Les autorités sanitaires palestiniennes ont indiqué que 3509 Palestiniens sont tombés en martyrs et 9909 autres ont été blessés depuis le 18 mars dernier, date de la reprise de l’agression sioniste, notant que les corps de nombreuses victimes se trouvent encore sous les décombres.

Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 19 janvier à Ghaza après plus de 15 mois d’agression génocidaire sioniste, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire sans précédent. Les forces d’occupation ont repris le 18 mars leur agression contre la bande de Ghaza, après une interruption de deux mois, consécutive à l’accord de cessez-le-feu.

Génocide à Ghaza : Le peuple palestinien
«a besoin d’actions, pas de paroles»

Les habitants de la bande de Ghaza ont besoin «d’actions et non de paroles» pour surmonter les souffrances qu’ils subissent actuellement en raison des agressions de l’occupation sioniste contre l’enclave palestinienne, en proie à un génocide depuis octobre 2023, a écrit hier le journal britannique The Guardian.

Le journal a noté dans un éditorial que l’occupation sioniste fait face à une condamnation internationale massive pour ses actions contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, expliquant toutefois que «ces condamnations ne suffisent pas pour soulager les souffrances de la population».

«Ce qui est nécessaire, c’est l’acheminement d’une aide supplémentaire aux habitants de la bande de Ghaza et l’instauration d’un cessez-le-feu», a souligné le média. Le journal a noté que le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a exprimé ses craintes que des milliers d’enfants à Ghaza soient confrontés à la famine si l’aide humanitaire n’arrive pas dès que possible.

Il a souligné aussi que plus de deux mois après l’arrêt de toute forme d’aide humanitaire à la bande de Ghaza, l’occupation sioniste continue de nier la vérité évidente selon laquelle ce territoire est au bord de la famine. Il a ajouté que malgré l’autorisation lundi par l’entité sioniste de l’entrée de l’aide aux habitants de l’enclave, celle-ci «reste très faible et ne répond pas aux besoins des habitants» du territoire.

Il a estimé aussi que la livraison de cette aide aux personnes les plus nécessiteuses «n’est pas garantie et comporte de nombreux risques en raison des bombardements intensifs en cours, en particulier après que (le dénommé) Netanyahu a exprimé son intention de s’emparer de toute la bande de Ghaza».

Le journal The Guardian a souligné que certains dirigeants occidentaux «ont finalement rompu leur silence après que le peuple palestinien de la bande de Ghaza a été exposé à une véritable famine», ajoutant que «la position la plus importante parmi ces condamnations est celle de Washington», car les relations entre les Etats-Unis et l’entité sioniste connaissent actuellement «une nette divergence».

 

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