Sur fond de morosité économique : Licenciements en série dans les médias américains

23/01/2023 mis à jour: 14:50
AFP
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Le logo de CNN avant le quatrième débat de la primaire démocrate organisé par CNN et le New York Times à l’Université Otterbein de Westerville, dans l’Ohio

CNN, Vox Media, Washington Post... l’hiver est marqué par une nouvelle série de licenciements dans les médias américains, une tendance qui se poursuit sur fond de climat économique morose. «Je fais partie du groupe licencié par @NBCInvestigates (NBC) (...) Ça va me manquer, mais je suis reconnaissante du temps passé ici.»

Comme Emily Siegel, qui n’a pas souhaité s’exprimer en détail après ce tweet mercredi, plusieurs journalistes des rédactions de NBC, de la chaîne du même groupe MSNBC, ou encore de CNN, ont pris les devants et annoncé sur les réseaux sociaux leur licenciement depuis décembre. Vendredi, c’est chez Vox Media, propriétaire des sites Vox, The Verge, SBNation et depuis 2019 du prestigieux New York Magazine, que les employés ont reçu un même courriel de leur patron, Jim Bankoff, leur annonçant «la décision difficile de supprimer environ 7% de notre personnel dans tous les départements», dont l’éditorial, «en raison d’un environnement économique difficile».

«15 minutes»

Les salariés concernés, environ 130 sur 1900, ont été notifiés par un second message «dans les 15 minutes suivantes», d’après ce courriel. Plusieurs d’entre eux ont témoigné sur les réseaux sociaux de leur colère ou désarroi, comme Meghan McCarron, journaliste depuis «neuf ans et demi» sur le site spécialisé dans la restauration Eater, et licenciée à «37 semaines» de grossesse. Vox Media a répondu à l’AFP que le groupe offrait des «indemnités de départ compétitives», dont des semaines d’indemnité supplémentaires dans le cas d’un congé parental proche. Si les licenciements n’ont pas l’envergure des plans sociaux de grands groupes de la tech comme Google vendredi (12 000 postes supprimés), les médias américains sont eux aussi affectés par «la baisse des revenus publicitaires et le ralentissement de l’économie», explique à l’AFP Chris Roush, professeur de journalisme et doyen de l’école de communication de l’université Quinnipiac (Connecticut). «Beaucoup d’entre eux ont grandi et se sont développés dans l’espoir d’augmenter leurs audiences jusqu’à un certain niveau. Cela ne s’est pas produit et a peu de chances de se produire vu le contexte économique», ajoute-t-il.

Moins de journalistes

L’emploi dans les salles de rédaction a subi un long déclin aux Etats-Unis, passant de 114 000 à 85 000 journalistes entre 2008 et 2020, selon une étude du Pew Research Center en 2021. Avec une baisse plus marquée dans la presse locale. «Le journalisme est depuis longtemps sous pression et un certain nombre d’entreprises semblent penser que c’est le moment opportun pour réduire leurs coûts de main d’œuvre», a déploré le syndicat Writers Guild of America East, qui chapeaute les syndicats de NBC et MSNBC. Au sein des deux médias, qui n’ont pas répondu à l’AFP, 75 employés auraient été licenciés, selon les médias américains.

Une annonce est également redoutée au Washington Post, où le directeur de la publication Fred Ryan a prévenu mi-décembre que des suppressions de postes auraient lieu durant le premier trimestre 2023, représentant «un pourcentage à un chiffre» des 2500 employés, mais sans «réduction nette d’effectifs». La rédaction du quotidien racheté en 2013 par Jeff Bezos avait déjà appris la fin pour Noël 2022 du supplément magazine du dimanche, vainqueur de deux prix Pulitzer en 2008 et 2010.

Concurrence

Chez CNN, le total des licenciements en décembre aurait atteint plusieurs centaines d’employés selon des médias américains (sur plus de 4000), des chiffres non confirmés par la chaîne. Ils ont eu lieu dans le cadre d’une réorganisation après la fusion entre WarnerMedia (CNN, HBO Max) et Discovery, qui a formé le géant des médias et du streaming Warner Bros. Discovery. Témoin des remous stratégiques, en avril, le groupe avait abandonné son service de streaming payant CNN+, seulement un mois après son lancement. Avec des téléspectateurs et des abonnés au câble payant en déclin depuis des années et la concurrence des plateformes comme Netflix, «c’est une lutte constante pour ces entreprises de tenir», relève aussi Naveen Sarma, directeur des médias et télécoms américains chez S&P Global Ratings.  Pour Chris Roush, CNN ou le Washington Post, «ceux-là ne s’en iront pas, mais une entreprise plus petite aura plus de problèmes, parce qu’elle est plus petite et pas aussi bien établie en tant que marque de média», explique-t-il. Il cite notamment Buzzfeed, qui a licencié 12% de ses employés en décembre, ou Vice Media, dont la directrice générale Nancy Dubuc a annoncé vendredi à ses salariés envisager de vendre le groupe.   

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