Sous les cris de «Palestine libre», un homme jette des cocktails Molotov sur des manifestants au Colorado : Le suspect poursuivi pour acte de terrorisme

03/06/2025 mis à jour: 09:26
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Intervention des équipes de déminage après le jet d'un engin incendiaire sur une foule

Identifié comme Mohamed Sabry Soliman d’origine égyptienne, l’homme qui avait lancé des engins incendiaires sur des juifs qui manifestaient dimanche dernier,  au Colorado, aux Etats-Unis,  pour la libération des otages israéliens détenus à Ghaza,  a vite été arrêté et son acte qualifié par le FBI d’«attaque terroriste ciblée».

 Sous les cris de «Libérez la Palestine» et  «Fin du sionisme»,  cet homme de 45 ans, torse nu, pantalon en jean, lunettes de soleil, tenant dans les deux mains, des cocktails Molotov, est apparu sur une  première vidéo en train de menacer des manifestants juifs à Boulder, dans le Colorado. 

Et sur une autre, la 2e vidéo montre un témoin criant : «Il est là. Il lance des cocktails Molotov», tandis qu’un policier, arme au poing, s’avance vers un suspect torse nu tenant des récipients dans chaque main. C’était dimanche dernier, au moment où Mohamed Sabry  venait d’attaquer avec des cocktails Molotov  une foule rassemblée, pour une marche sous le slogan «Courir pour leur vie», soutien aux otages israéliens détenus à Ghaza, blessant au moins huit personnes. 

Chaque dimanche le groupe de manifestants se rassemble dans cette zone piétonne de la ville Boulder, pour réclamer la libération des otages.  «Il est clair qu'il s'agit d'un acte de violence ciblé et le FBI enquête  comme étant un acte de terrorisme», a déclaré Mark Michalek, un agent spécial du FBI, lors d’une conférence de presse retransmise en direct sur les chaînes de télévision américaines. Juste  auparavant, le chef de la police avait refusé de qualifier l’attaque d’acte terroriste, en expliquant qu’il «était trop tôt pour spéculer sur les motivations de l’agresseur présumé». 

Hier, des sources policières ont affirmé avoir récupéré 16 cocktails Molotov supplémentaires dans la zone où le suspect a été repéré, rapporte CNN. «Le suspect est arrivé sur les lieux de l’incident vers 13h, heure locale, et y est resté avant de lancer deux engins incendiaires. Il portait un gilet utilitaire par-dessus sa chemise et tenait à la main un pulvérisateur de jardin rempli d’essence», a rapporté le média américain, ajoutant que de nombreux témoins lui ont affirmé qu’il «ressemblait à un jardinier.  Il aurait utilisé le pulvérisateur de jardin comme ''lance-flammes improvisé'', en pulvérisant de l’essence en direction des manifestants tout en tenant un briquet devant le jet d’essence».  

La même source a souligné que «selon la police, des témoins ont déclaré que le suspect avait retiré son gilet et sa chemise, car ils avaient commencé à prendre feu. Il a été transporté à l’hôpital de la région après son arrestation pour des brûlures aux mains subies lors de l’attaque». 

Pour sa part,  l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a précisé avoir reçu des appels vers 13h26, heure locale, concernant «un homme armé près du palais de justice du centre-ville et que des personnes étaient en train d’être incendiées». 

«Aucune preuve que le suspect était lié à un groupe plus large»

A l’arrivée des policiers,  a-t-il souligné, des personnes présentant des blessures comparables à des brûlures ont été trouvées, avant que le suspect «ne soit arrêté et placé en garde à vue, puis transporté à l’hôpital avec des blessures légères». Selon le chef de la police, a écrit la même  source, «il n’y avait aucune preuve que l’homme était lié à un groupe plus large», tout en précisant que les blessés sont âgés entre 67 et 88 ans. 

Dans un post sur son compte X, le directeur adjoint du FBI, Dan Bongino, a écrit : «Cet acte terroriste fait l’objet d’une enquête pour violence idéologique, sur la base des premières informations, des preuves et des témoignages. Nous nous prononcerons clairement sur ces incidents lorsque les faits le justifieront.» Hier en fin de journée, alors que de nombreux médias citant des sources sûres affirmaient que le suspect  «n’était lié à aucun groupe», NBC a rapporté qu’il était de «nationalité égyptienne», avant que la Maison-Blanche ne confirme et souligne qu’il se trouvait aux USA, sans statut légal, étant donné que son visa a expiré en février 2023, alors que CNN a  révélé qu’il est «arrivé aux États-Unis en août 2022 en tant que visiteur non immigrant. Les  autorités lui auraient accordé une autorisation de travail en mars 2023, laquelle a expiré fin mars de cette année». 

Pour la même source, Soliman avait déjà demandé l’asile aux USA en septembre 2022.  Citant le département de Sécurité intérieure, ABC News a affirmé que «le suspect sera déféré devant la justice (hier) pour tentative de meurtre».  

D’après la police, «les blessés sont  âgés de 52  à 88 ans, et leurs blessures allaient de ''légères'' à ''très graves''. Quatre d’entre eux ont été transportés vers un hôpital local, tandis que deux ont dû être héliportés vers un hôpital d’Aurora», a écrit AP.  Une étudiante a affirmé, à l’agence de presse britannique Reuters, avoir vu «quatre femmes au sol, les jambes brûlées, selon Reuters. L’une d’elles semblait gravement brûlée sur la majeure partie du corps et avait été enveloppée dans un drapeau». Pour le procureur général du Colorado, Phil Weiser, l’attaque de Boulder était «très cruelle» et présentait «toutes les caractéristiques d’un crime haineux». Dans une déclaration sur MSNBC,  il a expliqué qu’il «s'agissait d'une marche pacifique organisée chaque semaine par la communauté juive, dénonçant les injustices subies par les otages, et ils ont été attaqués en raison de leur identité. C'est déchirant pour nous tous, au Colorado». 

Pour sa part, le Centre islamique de Boulder, au Colorado, a rendu public un communiqué dans lequel il a écrit : «La haine et la violence s’opposent à nos valeurs et constituent une menace pour tous les Américains. Nous appelons nos voisins à se concentrer sur le soutien aux victimes de cette terrible attaque et à rejeter ceux qui voudraient exploiter cet horrible incident pour diviser notre communauté.» Pour le Centre islamique, «chaque individu et chaque communauté a le droit constitutionnel de se réunir pacifiquement et de s’exprimer librement. Ces libertés fondamentales doivent être respectées et garanties pour tous, quelles que soient leurs opinions ou leurs origines».  Salima Tlemçani

 

 

 

«Il est rentré grâce à la politique de Biden…»

L’attaque est intervenue dans un contexte particulier  marqué par la guerre génocidaire menée, par Israël contre Ghaza, depuis 19 mois engendrant des actes antisémites et des campagnes haineuses menées par des mouvements sionistes et d’extrémistes israéliens contre les musulmans et les  manifestants pro-palestiniens les accusant d’antisémitisme. Des accusations pour lesquelles l’administration Trump a poursuivi et expulsé de nombreux étudiants étrangers puis banni plusieurs universités parmi les plus émérites des fonds étatiques.  Réagissant à cette attaque, le président Donald Trump a averti que le suspect sera poursuivi «dans toute la mesure permise par la loi» et souligné la nécessité de sa politique d’expulsion, affirmant que le suspect «doit partir». Dans une déclaration postée sur la plateforme Truth Social, il a affirmé : «L'horrible attaque d'hier à Boulder  ne sera pas tolérée aux Etats-Unis.  Il est entré au pays grâce à la politique ridicule d’ouverture des frontières de Biden, qui a tant nui à notre pays. Il doit quitter le pays sous le régime de la politique « Trump ». Les actes de terrorisme seront poursuivis avec toute la rigueur de la loi. C'est un nouvel exemple de la nécessité de garantir la sécurité de nos frontières et d’expulser de notre territoire les radicaux illégaux et anti-américains. Mes pensées vont aux victimes de cette terrible tragédie et au peuple de Boulder, dans le Colorado !» Quelques heures auparavant, le Premierer ministre israélien, Netanyahu, a évoqué dans un communiqué, «une attaque terroriste vicieuse» visant des «personnes pacifiques qui souhaitaient exprimer leur solidarité avec les otages détenus par le Hamas, simplement parce qu’ils étaient juifs», lui emboîtant le pas,  le chef de la minorité au Sénat américain, le démocrate juif, Chuck Schumer, a qualifié l’acte d’«horrible», avant d’ajouter : «Nous devons lutter contre l’antisémitisme. » Mettant les pieds dans le plat, l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, s’est attaqué avec virulence aux médias américains, pour ce qu’il a jugé être «des informations trompeuses sur ce qui se passe à Ghaza, basées d’après lui, sur des sources affiliées au Hamas». Il a accusé «les médias de contribuer à la création d’un climat antisémite qui, a-t-il ajouté, a conduit aux attaques de Washington et du Colorado.  New York Times, CNN et AP ont rapporté que des personnes venues récupérer des colis de nourritures ont été abattues ou tuées par l’armée israélienne. Ces information étaient fausses». Le diplomate a fait référence aux employés de l’ambassade d'Israël, à Washington DC,  tués par balles,  après avoir assisté  à un événement organisé par l’American Jewish Committee, un groupe de défense qui lutte contre l’antisémitisme et soutient Israël. Le présumé auteur avait tiré en criant  «Liberté pour la Palestine» et «Je l’ai fait pour Ghaza», avant de se rendre aux forces de police. S. T.

 

 

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