L’Algérie table pour le futur de l’industrie automobile sur une politique économique et industrielle plus maîtrisée, tournée vers l’industrialisation locale basée sur l’exploitation tous azimuts des ressources et du potentiel du pays.
Le paysage automobile en Algérie est en plein mutation. Si le pays a connu des années fastes dans ce secteur à travers l’importation «massive» de véhicules qui dure depuis des décennies, notamment durant les vingt dernières années, la prospérité de ce marché reposera dans les années à venir sur l’industrie locale calculée.
La nouvelle stratégie gouvernementale, amorcée depuis 2023, pose les jalons d’une véritable industrie automobile révolutionnaire et porteuse d’une plus value à l’économie du pays. Pour ce faire, il aura fallu mettre à contribution tout le potentiel d’investissement au profit de ce secteur-clé, pourvoyeur de richesses et d’opportunités d’exploitation de potentialités du pays.
Contrairement aux années précédentes où les ressources, en particulier naturelles, du pays faisaient le bonheur des grandes compagnies et opérateurs internationaux, il semblerait aujourd’hui plus évident que les hautes autorités tablent sur une politique économique et industrielle plus maitrisée tournée vers l’industrialisation locale avec de la matière première, du foncier, du potentiel humain et de la maîtrise qui se mettent en place. Des critères qui ont titillé de nombreuses firmes mondiales du secteur automobile lesquelles ont fait montre de leur intérêt manifeste d’investir pleinement dans le pays et sans exprimer la moindre hésitation.
Car l’Algérie s’est résolument donné les moyens de sa politique pour porter cette filière parmi les secteurs les plus importants. A moyen terme, l’industrie automobile locale permettra d’exploiter, si ce n’est de dire renaitre de leurs cendres, plusieurs entreprises publiques, à l’image de l’entreprise sidérurgique d’El Hadjar (wilaya d’Annaba), autrefois fleuron de l’industrie métallurgique du pays.
Le projet annoncé du lancement de l’usine Jetour à Batna (anciennement exploitée par Kia) dès 2026, à la faveur d’un accord avec Fondal (filiale du holding imetal) fait apparaitre en toile de fond que le constructeur chinois capitalisera sur une future production de véhicules conçue à partir d’un acier fourni localement. Une étape qui sera atteinte une fois que le constructeur accédera à la phase d’emboutissage des véhicules au sein même de son usine, suivant le taux d’intégration locale exigé dans le cahier des charges.
A l’évidence, plusieurs autres constructeurs, qui ont déjà acté leurs projets d’usines, devront suivre le même parcours que Jetour, tels que Chery, Geely, Fiat, Great Wall, JAC, Baic et bien d’autres. La filiale industrielle automobile permettra également l’exploitation d’autres richesses naturelles, comme la fabrication du plastique.
Dans ce sens, il faut citer le cas de l’entreprise publique EPE Anabib SPA, filiale de la Société nationale de sidérurgie (SNS), qui avait signé, en mars dernier, un accord préliminaire avec la société chinoise SARL Auto Lumière, spécialisée dans la fabrication de pièces de rechange automobiles.
Cet accord permettra la création d’une entreprise mixte pour la fabrication de pièces détachées automobiles en Algérie, au niveau de l’unité PTS à Rouiba (Alger). Parmi les principaux objectifs figurent l’introduction du moulage par injection pour produire des composants précis et de haute qualité, ainsi que la fabrication de feux automobiles, de pare-chocs et d’autres pièces en plastique destinées aux véhicules.
Une autre usine de fabrication de faisceaux électriques de voitures devra être créée entre le groupement international (américain) APTIV et un opérateur algérien visant à promouvoir la fabrication locale de pièces détachées et composants destinés à l’industrie automobile. A moyen terme, le champ d’exploitation des ressources du pays devra s’élargir à d’autres potentialités qui serviront cette industrie, en l’occurrence l’exploitation de minerai, comme le lithium et le phosphate.
Un projet est né dans le sillage de la transition énergétique pour la création d’une industrie des accumulateurs de batterie lithium-fer-phosphate (LFP) sous l’impulsion du chercheur algérien de renommée internationale, le professeur Karim Zaghib. Une industrie qui favorisera la création d’usines algériennes destinées à la fabrication de véhicules électriques.
Un plan d’envergure à l’effet d’explorer et valoriser les gisements du Grand Sud a été engagé par les autorités du pays. L’industrie automobile devra compter aussi sur le potentiel foncier mis à profit, les infrastructures routières et portuaires, ainsi que les ressources humaines avec une expertise acquise et une main d’œuvre qualifiée palpable à travers le projet ambitieux de Fiat Algérie (Stellantis).