Seulement 100 camions d’aide autorisés à entrer à Ghaza : L’ONU déplore une «goutte d’eau dans l’océan»

21/05/2025 mis à jour: 02:54
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Photo : D. R.

En dépit de critiques internationales, l’armée israélienne intensifie ses raids meurtriers. La Défense civile de la bande de Ghaza a fait état, hier, de la mort de 44 personnes dans de nouveaux bombardements sur le petit territoire palestinien en guerre.

L'Organisation des Nations unies (ONU) a été autorisée à faire entrer «environ 100» camions d’aide humanitaire dans la bande de Ghaza, a annoncé, hier, Jens Laerke, porte-parole du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Neuf camions d’aide humanitaire des Nations unies avaient été autorisés à entrer, avant-hier, dans la bande de Ghaza, le chef des opérations humanitaires de l’ONU parlant d’une «goutte d’eau dans l’océan» après 11 semaines de blocage total par Israël. Cinq d’entre eux ont pour l’instant traversé le point de passage de Kerem Shalom, et l’ONU a reçu l’autorisation de les récupérer, a déclaré un porte-parole de l'Ocha, Jens Laerke, lors d’un point de presse à Genève.

Une fois que les forces israéliennes ont laissé passer les camions dans la bande de Ghaza, ils sont récupérés par les équipes de l’ONU qui se chargent ensuite de les acheminer pour pouvoir distribuer l’aide. Quatre des 5 premiers camions sont gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et un par l’Unicef.

«La prochaine étape consiste à les collecter, puis à les distribuer par le biais du système existant, celui qui a fait ses preuves», a indiqué M. Laerke. Par ailleurs, a-t-il dit aux journalistes, «nous avons demandé et reçu l’autorisation de faire entrer beaucoup plus de camions aujourd’hui (...) et nous nous attendons à ce qu’un grand nombre d’entre eux, et nous espérons que tous, traversent aujourd’hui la frontière». Il a précisé qu’il s’agissait d’ «environ 100» camions, mais toutefois sans savoir précisément quand ces camions pourraient entrer dans la bande de Ghaza.

Les Nations unies, comme les organisations d’aide internationale opérant dans la bande de Ghaza dénoncent les pénuries depuis des semaines. Le territoire côtier est confronté à un «risque critique de famine», selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) publié le 12 mai.

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé a affirmé, avant-hier, que «deux millions de personnes (étaient) affamées» à Ghaza, alors que des «tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière». 
Mis sous pression à l’étranger pour le blocus qui affame les Palestiniens à Ghaza, Israël a annoncé, dimanche dernier, autoriser une reprise limitée de l’aide humanitaire.

Mais face à l’immensité des besoins de la population, les organisations humanitaires estiment qu’il faudrait bien plus que des dizaines de camions. «Cela fait 11 semaines que la bande de Ghaza est assiégée» et «tout ce que nous faisons aujourd’hui, c’est essayer de réparer les dégâts qui ont déjà été causés à de nombreuses personnes», a indiqué, pendant le point de presse, une porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa), Louise Wateridge. «Pour beaucoup, il est trop tard», a-t-elle averti.

En dépit de critiques internationales, l’armée israélienne intensifie ses raids meurtriers. La Défense civile de la bande de Ghaza a fait état, hier, de la mort de 44 personnes dans de nouveaux bombardements sur le petit territoire palestinien en guerre. «Les équipes de la Défense civile ont transféré (vers des hôpitaux) au moins 44 morts, en majorité des enfants et des femmes, ainsi que des dizaines de blessés, à la suite de nouveaux massacres commis par l’occupation (...) dans plusieurs zones de la bande de Ghaza» depuis 1h du matin (22h GMT lundi), a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.

Bassal a fait état de huit personnes tuées dans une frappe ayant visé une école servant de refuge à des déplacés à Ghaza-ville, de 12 morts dans une frappe sur une habitation à Deir El Balah (centre), de 15 morts dans un bombardement sur une station-service à la limite du camp de réfugiés palestiniens de Nousseirat (centre) et de neuf morts lors d'une frappe sur une habitation dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord).

L’UE examinera son accord avec Israël

L’Union européenne va lancer un réexamen de son accord d’association avec Israël à la lumière des dernières événements à Ghaza, a annoncé, hier, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. «Il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l’article 2 (sur le respect des droits humains) de notre accord d’association avec Israël. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice», a-t-elle déclaré à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.

Pour sa part, le Royaume-Uni a annoncé suspendre ses négociations pour un accord de libre-échange avec Israël et convoquer l’ambassadrice de ce pays, Tzipi Hotovely, en réponse à l’intensification de l’offensive israélienne à Ghaza. Le gouvernement britannique a également fait part de nouvelles sanctions contre des colons en Cisjordanie, que les autorités israéliennes ont aussitôt qualifiées d’«injustifiables et regrettables». L’escalade à Ghaza est «moralement injustifiable, totalement disproportionnée et contre-productive», a dit le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, devant la Chambre des Communes, dans un discours très virulent contre le gouvernement de Benyamin Netanyahu.

Dans une déclaration commune, le président français, Emmanuel Macron, et les Premiers ministres britannique, Keir Starmer, et canadien, Mark Carney, ont prévenu qu’ils ne resteraient «pas les bras croisés» face aux «actions scandaleuses» du gouvernement Netanyahu.

Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le Hamas, a affirmé que l’intensification de l’offensive israélienne compromettait «toute chance de paix» dans le territoire palestinien. «Lorsque le soldat israélo-américain Edan Alexander a été libéré, nous pensions que cela ouvrirait la voie à la fin de cette tragédie, mais la réponse a été une vague de bombardements encore plus violents», a affirmé le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, lors du Forum économique du Qatar.

«Ce comportement agressif et irresponsable compromet toute chance de paix», a-t-il ajouté. Le Premier ministre qatari a indiqué que les négociations menées ces deux dernières semaines à Doha n’avaient mené «nulle part encore», en raison d'un «fossé majeur» entre les deux parties.

Europe : Dominique de Villepin appelle à «isoler» Israël

L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a appelé, hier, les Européens à un «isolement» économique et militaire de l’entité sioniste pour s’opposer à l’objectif de «déportation» de la population de la bande de Ghaza, ravagée par un génocide depuis octobre 2023. «Nous sommes devant un plan (sioniste). Après la réoccupation de Ghaza, la deuxième étape sera la déportation.

L’objectif politique (du dénommé) Netanyahu, c’est la déportation de la population de Ghaza, ce qui est la marque d’une épuration ethnique, d’un nettoyage territorial», a dénoncé Dominique de Villepin, dans un média local. «Les Européens le savent parfaitement... Il y a trois choses à faire immédiatement», a-t-il souligné. D’abord, «suspendre immédiatement l’accord européen avec l’entité sioniste. L’essentiel du commerce (de l’entité sioniste) se fait avec l’Europe».

Deuxièmement, a-t-il poursuivi, il faut imposer un «embargo sur les armes de tous les pays européens». Troisièmement, défèrement de l’ensemble des responsables et des principales autorités militaires sionistes devant la Cour pénale internationale (CPI) (...) «en écrivant collectivement à la Cour», a également proposé Dominique de Villepin. «Si vous voulez arrêter ce qui est en cours aujourd’hui, il faut marquer vis-à-vis (de l’entité sioniste) qu’il y aura un avant et un après», a-t-il insisté.

Bombardement de l’hôpital Hamad : C’est est «une violation flagrante» du droit international

Le Koweït a condamné, hier, le bombardement mené par les forces d’occupation sioniste sur l’hôpital de réadaptation et de prothèses Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani dans la bande de Ghaza, le qualifiant de «violation flagrante» du droit international et des normes humanitaires, a  condamné, hier, le Koweït.

Dans un communiqué, repris par l’agence palestinienne de presse, Wafa, le ministère koweïtien des Affaires étrangères a fait part de sa «ferme condamnation» du ciblage, par l’occupation sioniste, de l’hôpital Hamad pour prothèses dans l’enclave palestinienne, en «violation flagrante» du droit international et des normes humanitaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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