Les précipitations de pluie et les chutes de neige, que l’on désigne de moins en moins sous le vocable d'«intempéries» en raison du changement climatique et de la sécheresse endémique, ont un effet salvateur sur la reconstitution des réserves en eau.
Le spectre du stress hydrique s’éloigne lorsqu’on enregistre une forte remontée du niveau des barrages, promettant une distribution régulière de ce liquide vital sur plusieurs mois. Cependant, une forme de vulnérabilité hydraulique altère quasi mécaniquement le dispositif mis en place pour approvisionner les populations en eau potable dans toutes les localités et en toutes saisons.
Cette situation n’est que relativement mise en évidence et remise à l’ordre du jour, alors qu’elle impacte la vie quotidienne de très nombreux citoyens.
Les premiers communiqués émanant de différents services et organismes publics évoquent les routes coupées, suite à des glissements de terrain ou à l’accumulation de la neige. Les mêmes tronçons sont par ailleurs cités chaque année et à la même période.
Si les déplacements d’une wilaya à une autre, en empruntant au plus fort de l’hiver des monts à plus d’un kilomètre et demi d’altitude ne concernent qu’une infime partie de la population, les pannes dans l’alimentation en eau touchent un foyer sur deux ou sur trois dans les régions rurales.
Les comptes rendus mis en ligne par les entreprises publiques en charge de la gestion du réseau de distribution énumèrent les raisons de ces perturbations et situent les dommages subis par les systèmes de pompage et d’adduction. Les internautes complètent immanquablement la liste des localités privées d’eau et signalent à l’occasion des fuites sur le réseau qui perdurent depuis des semaines.
Lorsque la fin des travaux de réfection est annoncée au bout de 48 heures, il subsiste toujours des échos faisant état de la persistance de la coupure d’eau ou d’avarie dans certains équipements de base. Les autorités locales sont alertées et diligentent des inspections quand des stations de forage destinées à renforcer les capacités de distribution sont mises à l’arrêt suite à une forte séquence pluvieuse. Le face-à-face entre l’administration de wilaya et les services de l’hydraulique surpris par la montée des eaux dans leurs installations laisse perplexe l’opinion publique qui peine à comprendre les causes de la pénurie par temps d’abondance.
La sécurité hydrique est conditionnée par la mise à niveau et la rénovation des réseaux et des équipements hydrauliques. Le secteur est parmi les plus névralgiques de la vie nationale, en connexion directe avec ceux de la santé publique et de l’agriculture, et commande de ce fait un investissement des compétences pour assurer la viabilité des projets, de leur conception à leur mise en service. L’ampleur des tâches est démultipliée par l’héritage de la gestion passée où le niveau de financement était proportionnel à la malversation ayant notoirement compromis la qualité des travaux.
Des villages entiers en subissent les incidences, et les habitants continuent de recourir au «citernage», alors que des programmes avaient fini par être menés à leur terme après de longues années d’attente.
Ce sont de simples employés affectés aux antennes locales des entreprises de gestion qui finissent par confirmer, face aux requêtes des citoyens, que les canalisations étaient sous-dimensionnées ou les moteurs électriques importés étaient d’une improbable fiabilité.
Pour une sécurisation accrue du secteur au profit des populations qui y attachent une importance particulière, les chantiers de l’hydraulique devraient être enclenchés et renforcés à travers les localités du pays, en s’appuyant sur le diagnostic premier des citoyens.