Rencontre sur les archives des théâtres régionaux de l’est à Constantine : Rappeler la mémoire pour reconstruire l’histoire

09/02/2025 mis à jour: 18:36
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La rencontre a été animée par le comédien Hakim Dekkar - Photo : El Watan

Cette journée marque une étape dans le processus de collecte des archives, témoignages et documentation sur tout ce qui touche au parcours et aux productions des théâtres régionaux entre 1973 et 1980.

Le projet de rassembler les archives des théâtres de l’Algérie, entamé dernièrement sous la houlette de la direction du théâtre national algérien, continue de faire son chemin doucement, mais surement, avec la tenue, hier, au Théâtre régional Mohamed Tahar Fergani de Constantine, d’une rencontre sur les parcours des théâtres régionaux de l’est avec pour thème «Témoignage et archives sur le parcours des théâtres régionaux de l’Est – période 1973 à 1980».

Une rencontre ayant permis des retrouvailles entre plusieurs générations de comédiens, metteurs en scène, auteurs, scénographes et autres, et qui a été vécue comme un véritable événement par les participants, dont certains ne se sont pas vus depuis des années, à l’instar du metteur en scène Ziani Cherif Ayad, qui revient à Constantine après vingt ans, mais aussi la comédienne Fatima Hlilou qui a renoué avec la scène de ses premières années au théâtre de la place du 1er Novembre dans la ville des Ponts.

Cette journée marque une étape dans le processus de collecte des archives, des témoignages et la documentation sur tout ce qui touche au parcours et aux productions des théâtres régionaux d’Oran, Sidi Bel Abbes, Annaba et Constantine, durant la période de 1973, année de la première décentralisation jusqu’à 1980.

Une époque qui reste marquée par l’émergence d’une génération dorée de comédiens et de metteurs en scène porteurs de nouvelles idées et d’expériences inédites donnant naissance à un art populaire, ayant connu un immense succès auprès du large public, lequel avait pleinement adhéré à des œuvres exprimant ses réelles préoccupations et aspirations, tout en réussissant à transmettre des messages avec un plus grand réalisme. «Ce projet a pour but de collecter toute la documentation et les archives relatives aux théâtres algériens, avec pour objectif principal la création d’un Musée national public du théâtre algérien.

Une opération qui nécessite la collaboration de tout le monde pour la collecte de la matière. Nous avons déjà commencé par constituer un fonds de 40 000 photos, et nous œuvrons à collecter aussi les textes, les décors, les habits et autres pour reconstituer des archives qui seront la mémoire du théâtre algérien», a révélé Mohamed Yahiaoui, directeur du théâtre national algérien (TNA). Ce dernier a précisé que cette étape sera suivie par d’autres pour les époques à partir de 1980.

Un énorme défi

«Nous avons perdu beaucoup de choses dans la mémoire de notre théâtre et on ne peut pas évoluer sans mémoire. Nous avons lancé cette initiative en 2018 avec Hadj Meliani, Ahmed Cheniki et Bourahla en engageant un travail de collecte de photos, de vidéos, de textes et tout ce qui concerne les métiers du théâtre afin de rassembler cette mémoire pour reconstituer l’histoire de notre théâtre.

Nous devons œuvrer pour recréer les répertoires tels ceux de Kateb Yacine avec le théâtre de Sidi Bel Abbes, d’Alloula à Oran et celui du théâtre de Constantine, pour valoriser ces expériences singulières, car chaque théâtre en Algérie avait son identité, qu’il faut préserver pour les générations futures.

Cette opération d’archivage permettra également aux chercheurs d’avoir les moyens pour écrire la vraie histoire du théâtre en Algérie ; nous devons rappeler la mémoire pour reconstruire l’histoire», a noté Ziani Cherif Ayad, l’un des initiateurs de ce projet.  Ce dernier ajoutera que cette opération ciblera également les archives de la télévision, de la radio et même les documents personnels détenus par les familles.

La présence à cette rencontre de nombreuses figures, ayant fait un long parcours dans les théâtres régionaux, a permis à travers divers témoignages de rappeler la naissance du Théâtre régional d’Annaba et de Constantine (TRAC) en 1973, sous la direction de Sid Ahmed Agoumi, qui avait choisi de s’installer au théâtre d’Annaba, en raison des travaux de réfection du théâtre de Constantine.

Cette période a vu la production en 1974 de la pièce Ettemaâ yefessad ettebaâ d’après un texte de Ben Johnsson et une mise en scène de Nouredine El Hachemi. Elle sera suivie en 1975 par Hassna et Hassan, texte de M’hamed Benguettaf et une mise en scène de Sid-Ahmed Agoumi.

Quant au Théâtre régional de Constantine (TRC), créé par décret de 1974, après une seconde décentralisation, il connaitra sa première production en 1976, à travers la pièce Hada Ydjib hada, mise en scène par Amar Mahcene, d’après un texte collectif marquant une expérience unique en son genre dans l’histoire du théâtre algérien. Ce premier pas sera suivi en 1977 par la pièce Elli ymout ma yfout  d’après un texte du Libanais Issam Mahfoudh, adapté par Djeroua Allaoua et mis en scène par Abdelhamid Habbati. L’année 1978 a été marquée par la sortie de deux œuvres.

Il s’agit de Badr El Boudour, d’après un texte de Federico Garcia Lorca, adapté par Antar Hellal et mis en scène par Abdelkrim Skander, suivie par El Qanoun oua ennass, d’après Federico Garcia Lorca, adapté par Antar Hellal et mis en scène d’Abdelhamid Habbati. C’est la pièce Rih Semsar produite en 1979 d’après un texte collectif et une mise en scène d’Amar Mahcen qui marquera la notoriété et la popularité du TRC.

Elle sera la première œuvre théâtrale à passer dans une émission télévisée. Le succès sera assuré encore une fois en 1980 dans la pièce Ness El Houma, d’après un texte collectif et une mise en scène d’Abdelhamid Habbati. Cette époque a vu l’émergence d’une génération dorée du TRC, dont les souvenirs sont encore présents dans la mémoire du public du théâtre en Algérie.                                                                                       

 

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