Rejetant les «trêves provisoires» de Netanyahu : Le Hamas exige un «accord global» pour mettre fin à la guerre

19/04/2025 mis à jour: 18:13
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Photo : D. R.

«Le mouvement et les factions palestiniennes ont rempli toutes leurs obligations dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, mais Netanyahu et son gouvernement ont violé l’accord avant l’achèvement de la première phase et ont recommencé à commettre les crimes les plus odieux et tous les types de génocide en répandant les tueries, la destruction et la famine», dénonce Khalil Al Hayya, le chef du bureau politique du Hamas.

A près plusieurs jours de réflexion et de consultations, le Hamas a rendu sa réponse jeudi concernant la dernière proposition de trêve qui lui a été transmise dimanche dernier par les médiateurs égyptiens au Caire. Le principal message politique à retenir de la réponse du mouvement de libération palestinien est qu’«il n’est plus disposé à accepter des trêves provisoires», souligne Reuters.

Dans un discours télévisé diffusé via la chaîne Telegram du mouvement, le chef du bureau politique du Hamas et qui dirige en même temps l’équipe des négociateurs palestiniens, Khalil Al Hayya, a déclaré que «le mouvement est prêt à engager immédiatement des négociations en vue d’un accord global» avec Israël. Il a affirmé que le Hamas est «disposé à libérer (en bloc) tous les otages en échange de la libération d’un nombre convenu de prisonniers palestiniens détenus dans les geôles de l’occupant».

Mais au-delà de la libération d’un certain nombre de prisonniers palestiniens, par «accord global», le Hamas entend surtout la satisfaction des conditions qu’il a toujours formulées, à savoir «un arrêt complet de la guerre, un retrait total des troupes israéliennes de la bande de Ghaza, le début de la reconstruction et la fin du blocus», énumère Khalil Al Hayya. 

Le chef politique du Hamas n’a pas manqué de dénoncer le jeu trouble de Benyamin Netanyahu qui ne cherche, selon lui, qu’un moyen d’obtenir la libération d’un maximum d’otages via des accords à court terme sans avoir nullement l’intention de mettre fin aux souffrances du peuple palestinien à Ghaza. «Netanyahu et son gouvernement utilisent les accords (de trêve) partiels pour couvrir leur programme politique, qui repose sur la poursuite de la guerre d’extermination et de famine, même si le prix à payer est le sacrifice de tous les otages (israéliens). Nous ne cautionnerons pas cette politique», a fait savoir Khalil Al Hayya.

«Netanyahu n’a pas l’intention d’arrêter la guerre»

Revenant sur les précédents rounds de négociations, le dirigeant palestinien a mis l’accent dans son allocution sur le fait que le Hamas a toujours été animé de bonne foi et veillé à préserver les intérêts du peuple palestinien tout au long des cycles de pourparlers qui ont jalonné les négociations sur un cessez-le-feu à Ghaza.

A contrario, le gouvernement israélien, lui, fera-t-il remarquer, n’a pas respecté ses engagements, comme l’illustre la violation de l’accord de cessez-le-feu conclu en janvier dernier en rompant la trêve de façon unilatérale. «La direction du Hamas et les factions de la résistance souhaitaient ardemment mettre fin à l’agression barbare et à la guerre génocidaire contre la bande de Ghaza, et nous avons travaillé pendant un an et demi de négociations laborieuses pour atteindre cet objectif, jusqu’à ce que nous parvenions à l’accord du 17 janvier et à ses trois phases», a-t-il expliqué.

«Le mouvement et les factions palestiniennes, insiste-t-il, ont rempli toutes leurs obligations dans le cadre de cet accord, mais Netanyahu et son gouvernement ont violé l’accord avant l’achèvement de la première phase et ont recommencé à commettre les crimes les plus odieux et tous les types de génocide en répandant les tueries, la destruction et la famine. Les médiateurs sont revenus vers nous afin de trouver une issue à la crise provoquée par le gouvernement d’occupation».

«Bien que nous étions persuadés que Netanyahu était décidé à poursuivre la guerre pour protéger son avenir politique, nous avons accepté à la fin du Ramadan la proposition des médiateurs. Mais Netanyahu a répondu avec une proposition qui comporte des conditions extrêmes qui ne conduisent pas à la fin de la guerre ni au retrait de la bande de Ghaza», a-t-il déploré. L’une de ces conditions jugées inacceptables est celle exigeant le désarmement du Hamas pour sceller une paix durable. «La résistance et ses armes sont liées à l’existence de l’occupation», a précisé Khalil Al Hayya en réitérant le rejet catégorique de cette clause. «Il s’agit d’un droit naturel de notre peuple et de tous les peuples sous occupation», a-t-il souligné.

Plus de 1700 morts depuis le 18 mars

Par ailleurs, le chef politique du Hamas s’est félicité de la position exprimée par l’envoyé spécial du président Trump pour les affaires d’otages, Adam Bohler, «qui a appelé, a-t-il indiqué, à mettre fin au dossier des prisonniers et à la guerre ensemble, ce qui recoupe la position du Hamas et sa volonté de parvenir à un accord global d’échange de prisonniers d’un seul tenant, en contrepartie de l’arrêt de la guerre, du retrait de la bande de Ghaza et de la mise en route de la reconstruction».

Khalil El Hayya a conclu, en appelant la communauté internationale, à «intervenir immédiatement et à exercer les pressions nécessaires pour mettre fin au blocus injuste imposé à notre peuple dans la bande de Ghaza, où plus de deux millions de personnes sont soumises à l’anéantissement par la famine et au déni de tous les besoins essentiels de la vie humaine, ce qui constitue un droit légitime et garanti par le droit international et le droit humanitaire, sans restriction ni condition».

D’après Reuters, «Israël a proposé une trêve de 45 jours à Ghaza afin de permettre la libération des otages et d’entamer éventuellement des pourparlers indirects pour mettre fin à la guerre». Depuis la 18 mars, l’enclave palestinienne est de nouveau plongée dans l’horreur, chaque jour charriant des dizaines de victimes fauchées par l’impitoyable machine de guerre sioniste. D’après le dernier bilan du ministère de la Santé de Ghaza, 51 065 personnes ont été tuées et 116 505 autres ont été blessées depuis le début de la guerre contre Ghaza en octobre 2023. 
Et depuis la reprise des attaques meurtrières israéliennes, 1691 civils ont été tués et 4464 ont été blessés jusqu’à ce jeudi 17 avril. La journée d’hier a été marquée à son tour par une nouvelle série de frappes qui ont fait un grand nombre de victimes.

Selon Al Jazeera qui cite des sources médicales, au moins «40 Palestiniens sont tombés en martyrs lors de raids israéliens continus sur plusieurs secteurs de la bande de Ghaza depuis l’aube de ce vendredi». La ville de Khan Younès a été secouée par un énième carnage. En effet, «10 personnes sont tombées en martyres et 18 autres ont été blessées dans un bombardement israélien qui a visé une maison appartenant à la famille Baraka dans la ville de Bani Suhaila, à l’est de Khan Younès», rapporte le Centre palestinien d’information.
Vive émotion après la mort sous les bombes de Fatima Hassouna

A retenir également cette boucherie perpétrée mercredi 16 avril qui a coûté la vie à la photojournaliste et artiste visuelle Fatima Hassouna. Elle a trouvé la mort avec dix membres de sa famille dans un raid sauvage sur le quartier Al Touffah, dans la nord-est de la ville de Ghaza. Fatima était le visage de la jeunesse ardente et combative de Ghaza.

Elle a passé les deux dernières années de sa vie à témoigner de l’horreur et à documenter le massacre quotidien de son peuple. «Avec ses clichés saisissants, la photoreporter, diplômée en multimédia, témoignait du quotidien sous les bombes israéliennes des Palestiniens dans l’enclave, un jour forcés à se déplacer en masse après un énième ordre d’évacuation de l’armée israélienne, le lendemain endeuillés par la disparition de proches victimes des bombardements incessants», écrit le quotidien libanais L’Orient-Le-Jour.

Un film documentaire lui a été consacré par la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi sous le titre Put Your Soul on Your Hand and Walk (Mets ton âme dans ta main et marche). Le film est programmé au prochain Festival de Cannes, prévu du 13 au 24 mai. 
D’après Libération, la photographe avait entamé la procédure d’obtention d’un visa pour assister à la projection du film à Cannes.

Le sort a voulu que Fatima soit arrachée à la vie avant de vivre cet hommage qui, à travers sa personne et son travail, est rendu à tous les Palestiniens de Ghaza. Sa disparition tragique a suscité une vive émotion et lui a valu une pluie de messages éplorés qui ont salué unanimement son talent et son courage. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnalités ont publié des mots vibrants saluant sa mémoire et assortis d’un portrait de la jeune Palestinienne plein de douceur, le visage irradié par un sourire lumineux, tenant un téléobjectif, défiant l’oppression avec son appareil photo.

Dans un hommage publié par Libération sous le titre Fatma Hassouna, les yeux de Ghaza, Sepideh Farsi a repris un fragment d’un poème de Fatima où elle écrit : «Je n’ai pas de CV / Reconnaître deux yeux/ Mystérieux/ Et je crois/ Je n’ai pas d’histoire/ Une/ Claire/ Pour qu’un étranger la croie. Et il croit./ Je n’ai pas de caractéristique physique définie/ Voler/ En dehors de cette gravité/ Et je crois. Peut-être que j’annonce ma mort maintenant. Avant que la personne en face de moi ne charge. Son fusil de tireur d’élite.

Et termine son travail. Pour que je finisse. Silence». «Un poème qui sent le soufre, sent la mort déjà, mais qui est plein de vie aussi, comme était Fatem, jusqu’à ce matin du 16 avril, avant qu’une bombe israélienne ne la fauche, elle et toute sa famille, réduisant leur maison familiale en poussière. Elle venait juste d’avoir 25 ans», écrit la cinéaste iranienne. D’aucuns ont repris également ces mots bouleversants de la poétesse-photographe : «Quant à la mort, qui est inévitable, si je meurs, je veux une mort retentissante. Je ne veux pas être une simple brève dans un flash info, ni un chiffre parmi d’autres. Je veux une mort dont le monde entier entendra parler, une empreinte qui restera à jamais, et des images immortelles que ni le temps ni l’espace ne pourront enterrer.»            
 

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