L’engagement de l’Algérie dans la réhabilitation des forêts de chêne-liège traduit une véritable prise de conscience quant à l’importance de la subéraie dans la régulation des écosystèmes et la place de l’économie forestière dans le développement du pays.
Cependant, cela nécessite de relever des défis environnementaux majeurs, en faisant face d’abord au changement climatique marqué ces dernières années par des températures anormalement élevées et des précipitations irrégulières, favorisant d’extrêmes épisodes de sécheresse et les incendies de forêt.
Outre le vieillissement des arbres, la concurrence du sous-bois et les maladies qui affectent la subéraie, d’autres, liés directement à l’activité humaine doivent être contenus et maîtrisés, comme le surpâturage et le mauvais démasclage, car le constat faisant état de la régression de la subéraie en Algérie comme partout ailleurs dans les pays producteurs de liège n’est pas une vue d’esprit. Et les chiffres ne démentent pas ce recul dans les superficies et dans la production.
En Algérie, la superficie productive a régressé de 50% en un siècle, soit de 440 000 ha en 1900 à 229 000 ha actuellement.
En termes de production, une moyenne annuelle de 60 000 qx est récoltée dans sa zone productive, très loin des niveaux enregistrés à la fin du XXe siècle où la production est estimée entre 100 000 et 120 000 qx. Mme Megdouda Smaïl, inspecteur en chef des forêts au CF de Béjaïa, point focal du projet de «réhabilitation et développement durable intégré des paysages naturels en vue de la production des forêts de chêne-liège en Algérie, croit fermement en l’avenir de la subéraie en Algérie. Elle estime que depuis 2022, d’énormes efforts sont déployés pour l’aboutissement du projet de «réhabilitation et développement durable intégré des paysages naturels en vue de la production des forêts de chêne-liège en Algérie, engagé en partenariat avec la Direction générale des forêts (DGF) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec un cofinancement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et du gouvernement algérien.
Pour rappel, ce projet d’étude, dont les deux premières phases portant sur le diagnostic des sites concernés et du recensement de leur biodiversité viennent d’être menés à terme, concerne plus de 22 500 ha répartis entre les forêts de Beni Iddir à Jijel, Hafir à Tlemcen et en fin, Taourirt Ighil à Béjaïa.
Ces régions ont la mission de piloter le programme. Megdouda Smaïl a rappelé à ce propos les objectifs des différentes phases et les composants de ce programme. «L’objectif principal du projet est d’aboutir à la réalisation des plans de gestion et des plans d’aménagement intégrés, durables et participatifs des forêts de chêne-liège».
Une forêt de chêne-liège, dit-elle, «constitue un milieu naturel, certes, mais elle abrite d’autres richesses en plus du chêne-liège, d’où le rapport étroit de ce projet avec les objectifs de développement durables internationaux, des objectifs de la stratégie forestière nationale à l’horizon 2030 et les objectifs de la conservation de la biodiversité», explique-t-elle, avant d’ajouter qu’«il est aussi lié aux objectifs du schéma national de l’aménagement du territoire».
Ce projet en lui-même intègre «plusieurs parties prenantes, notamment la population riveraine des forêts, les opérateurs économiques ainsi que les directions de l’exécutif, au niveau local, en relation avec la subéraie, réunis dans le cadre d’un comité local, en ce qui concerne Béjaïa, une des wilayas retenues».
Implication des populations locales
La première phase a engagé une étude menée par le bureau d’études national pour le développement rural, chargé de l’étude de base, comme la réalisation des inventaires, notamment sur la biodiversité, la végétation, la description du milieu, comme la typographie et les réseaux hydrographiques, (la cartographie numérisée du site). etc.
En ce qui concerne l’implication des populations riveraines, mais aussi des entreprises économiques, des études et des enquêtes ont été menées par des consultants et experts nationaux et internationaux pour définir les actions adéquates en matière d’aménagement et de gestion des espaces forestiers. Par exemple, une étude socio-économique a été élaborée pour «essayer de connaître et d’identifier les activités faisables en lieu forestier, des enquêtes sur les activités déjà mises en place par les riverains à proximité des forêts, outre le recensement des produits forestiers exploitables.
La même étude définira également les méthodes, ou les mécanismes de gouvernance susceptibles d’intégrer non seulement les riverains, mais aussi l’ensemble des parties prenantes, comme les autorités locales et les opérateurs économiques, qui sont d’ores et déjà sensibilisés à travers des ateliers et formations». D’autant plus, selon les textes régissant la gestion des forêts, trois formes d’organisation sont définies, à savoir les coopératives, les associations et les groupements forestiers.
Ces derniers peuvent alors développer ou créer des activités avec le soutien et l›accompagnement du programme, comme la production des huiles essentielles, l’exploitation de lentisques, l’élevage, l’apiculture, entre autres activités, liées aux forêts, dans un cadre réglementaire qui sera renforcé à l’issue de ce processeur.