Le Premier ministre britannique tentera de convaincre Trump sur le fait que Kiev doit être impliqué dans les négociations pour mettre fin au conflit ukrainien, alors que Washington a choqué l’Europe en entamant ces négociations avec la seule Russie.
Après Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, est attendu demain à Washington pour essayer de convaincre le président Donald Trump que des garanties de sécurité sont nécessaires à tout accord de cessez-le feu avec la Russie en Ukraine, rapporte l’AFP. Londres et Paris sont les fers de lance de propositions visant à envoyer une «force de réassurance » de milliers de soldats européens pour protéger l’Ukraine dans le cadre d’une cessation des combats.
L’administration Trump a exclu d’engager des soldats américains, mais pour Starmer le «filet de sécurité» américain est essentiel pour dissuader la Russie de «lancer une autre invasion dans quelques années». Le Premier ministre britannique tentera de convaincre Trump sur le fait que Kiev doit être impliqué dans les négociations pour mettre fin ukrainien alors que Washington a choqué l’Europe en entamant ces négociations avec la seule Russie.
Comme il exposera la question d’augmentation des dépenses de défense, alors que le président américain répète régulièrement que les dirigeants européens devraient contribuer plus à l’OTAN. Hier, il a annoncé que le Royaume-Uni allait s’engager dans une hausse de ses dépenses de défense, inédite «depuis la fin de la Guerre froide».
Dans un discours surprise devant la chambre des Communes, il a déclaré que son gouvernement porterait le budget de la défense à 2,5% du PIB en 2027, contre 2,3% actuellement. Par ailleurs, Il a apporté la semaine dernière son «soutien» au président ukrainien Volodymyr Zelensky «démocratiquement élu», après une sortie du président américain le qualifiant de «dictateur». Trump a accusé le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique de n’avoir «rien» fait pour mettre fin à la guerre en Ukraine depuis trois ans.
D’autres sujets de tensions seront aussi abordés avec D. Trump, à l’exemple des droits de douane de 25% annoncés par Trump sur l’acier et l’aluminium. Autre volet crucial : l’intention de Keir Starmer de transférer à l’île Maurice le contrôle des îles Chagos, archipel stratégique de l’océan Indien où se trouve une base militaire américano-britannique sur l’île de Diego Garcia.
Avant Keir Starmer le président français Emmanuel Macron a rencontré à Washington Donald Trump. Lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche, il a estimé qu’un accord de paix ne peut signifier une «capitulation» de Kiev, et a évoqué la nécessité d’apporter des «garanties de sécurité» pour éviter que le président Vladimir Poutine ne repasse à l’attaque.
«Nous voulons un deal rapide mais pas un accord qui soit fragile», a-t-il affirmé. Il a aussi soutenu lors d’une interview en anglais à Fox News après la rencontre avec D.Trump, qu’une «trêve» est possible «dans les semaines à venir». «Une trêve sur les infrastructures (de transport) aériennes et maritimes», a-t-il précisé. Et «si elle n’est pas respectée, ce sera la meilleure preuve que la Russie n’est pas sérieuse» dans sa volonté de mettre fin au conflit.
En parallèle de la rencontre à Washington, les États-Unis, comme la Russie, ont voté contre une résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, réaffirmant son soutien à l’Ukraine et à son intégrité territoriale.
«Perspectives»
De son côté, le Kremlin a dit voir un «potentiel assez large» de coopération avec les Etats-Unis pour développer les importantes réserves russes de minerais stratégiques, après que Vladimir Poutine a invité Washington à investir dans ce secteur. «Les Américains ont besoin de terres rares. Nous en avons beaucoup», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d›un briefing auquel. «Un potentiel assez large s’ouvre ici», a-t-il ajouté. «Il y a des perspectives, il y a des possibilités. Et quand viendra le moment de faire preuve d’une volonté politique pour cela aussi, nous y serons ouverts», a assuré D. Peskov.
Le président russe Vladimir Poutine s’est dit lundi favorable à des investissements américains pour exploiter les minerais stratégiques se trouvant en Russie, mais également dans le sol des territoires d’Ukraine occupés par l’armée russe.
Selon Dmitri Peskov, la Russie a toutefois besoin de temps pour reconstruire ses relations avec Washington et rétablir la confiance envers les Etats-Unis. «Pour dire que nous faisons confiance aux Américains, il nous faudra un long chemin (...). Nous devrons vraiment faire beaucoup de petits pas l’un vers l’autre, qui contribueront à rétablir la confiance», a-t-il souligné. «Beaucoup a été endommagé.
On ne peut tout rétablir en une nuit», a ajouté le porte-parole du Kremlin. Kiev et Washington sont actuellement en négociations en vue d’un accord donnant un accès aux entreprises américaines aux minerais stratégiques ukrainiens.
Le président américain Donald Trump veut obtenir un accord avec l’Ukraine sur les terres rares pour compenser Washington pour l’aide militaire et financière déjà livrée et son administration a multiplié les pressions sur le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’il signe le document. V. Zelensky a rejeté une première version de l’accord, clamant que «l’Ukraine n’est pas à vendre». Une deuxième mouture est toutefois actuellement en discussion, selon Kiev et Washington.