La Corée du Nord a annoncé hier avoir réussi à tirer un nouveau type de missile balistique équipé d’une ogive hypersonique manœuvrable, une nouvelle avancée technologique en matière d’armement, rapporte l’AFP. Ce tir, le premier d’un missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (IRBM) à combustible solide par Pyongyang, a été détecté par l’armée sud-coréenne dimanche après-midi.
Ce missile à combustible solide est «chargé d’une ogive hypersonique et manœuvrable», selon l’agence de presse d’Etat nord-coréenne KCNA. L’essai est destiné à «vérifier les capacités de vol plané et de maniabilité» ainsi que «la fiabilité du nouveau moteur à combustible solide à poussée élevée et à étages multiples nouvellement développé», a expliqué KCNA.L’agence a affirmé que ce lancement, le premier rapporté par Pyongyang depuis le début de l’année, «n’a jamais affecté la sécurité d’un pays voisin et n’a rien à voir avec la situation régionale».
Cet essai intervient sur fond d’inquiétudes autour d’un durcissement de la position de Pyongyang. La semaine dernière, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a décrit la Corée du Sud comme le «principal ennemi» du pays qu’il n’hésiterait pas à «anéantir». Le ministère sud-coréen de la Défense a condamné ce lancement et affirmé qu’il entraînera une «réponse écrasante» en cas de «provocation directe» de Pyongyang.
«Ce comportement de la Corée du Nord est une provocation claire qui viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisant l’utilisation de la technologie des missiles balistiques, nous lançons une mise en garde sévère et demandons instamment à la Corée du Nord d’arrêter immédiatement», a-t-il ajouté dans un communiqué. Les missiles à combustible solide sont plus faciles à dissimuler et plus rapides à lancer tandis que les missiles hypersoniques peuvent en général être manœuvrés en vol, afin de mieux atteindre les cibles.
Ces deux technologies figurent depuis longtemps sur la liste des technologies d’armement que souhaite posséder Pyongyang. Mi-décembre, le dirigeant nord-coréen a supervisé le tir d’un Hwasong-18, missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide, tiré dans la mer du Japon, une zone également connue sous le nom de mer de l’Est. KCNA a publié hier une seule photo du lancement du missile pour accompagner l’information sans mentionner la présence de Kim Jong-un.
Le tir de dimanche intervient après des exercices d’artillerie par la Corée du Nord début janvier avec des munitions réelles sur sa côte occidentale, près d’îles sud-coréennes dont la population civile a été appelée à se mettre à l’abri.
Les relations entre les deux Corées sont au plus bas depuis des décennies.
Fin décembre, Kim Jong-un a ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment». Il a dénoncé une «situation de crise persistante et incontrôlable», selon lui déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région. Pyongyang a réussi l’année dernière à mettre en orbite un satellite espion, après avoir reçu, selon la Corée du Sud, une aide technologique russe, en échange de livraisons d’armes pour la guerre que mène Moscou en Ukraine. La Russie et la Corée du Nord, alliés de longue date, affichent un rapprochement depuis le voyage du dirigeant nord-coréen dans l’Extrême-Orient russe en septembre 2023 pour rencontrer le président russe, Vladimir Poutine.
KCNA a indiqué que le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Choe Son-hui se rendrait en Russie cette semaine, à l’invitation de son homologue russe, Sergueï Lavrov. L’an dernier, la Corée du Nord a également inscrit son statut de puissance nucléaire dans sa Constitution et tiré plusieurs missiles balistiques intercontinentaux, en violation des résolutions de l’ONU.Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté de nombreuses résolutions appelant la Corée du Nord à mettre un terme à ses programmes nucléaire et balistique depuis que Pyongyang a effectué son premier essai nucléaire en 2006.