Le jour de ses 17 ans, Sana Yousaf, suivie par plus de 587 000 abonnés sur Instagram, célébrait son anniversaire sous une arche de ballons rose et blanc, les yeux brillants devant les bougies de son gâteau. Quelques heures plus tard, dans la soirée du lundi 2 juin, elle a été tuée par balle.
Le lendemain, la police pakistanaise a annoncé l’arrestation d’un homme aperçu rôdant longuement autour de son domicile. Il aurait été motivé par le rejet répété de ses sollicitations en ligne. Selon le chef de la police de la capitale, Syed Ali Nasir Rizvi, la jeune femme avait refusé à plusieurs reprises d’entrer en contact avec lui. L’homme, âgé de 22 ans et originaire de Faisalabad, avait fui après les faits avant d’être retrouvé. Les autorités ont qualifié le crime de meurtre prémédité et d’une grande cruauté.
Peu de temps avant sa mort, l’adolescente avait publié une vidéo d’elle découpant son gâteau, comme elle le faisait souvent pour ses contenus en ligne mêlant chant, maquillage et promotion de produits. À l’annonce de son décès, les réseaux sociaux ont été inondés de messages de condoléances, mais aussi de commentaires insultants, certains insinuant qu’elle méritait ce qui lui était arrivé.
Des propos jugés inacceptables par Nighat Dad, militante des droits des femmes, qui y voit l’expression d’une mentalité profondément ancrée au Pakistan, où la violence contre les femmes est souvent minimisée. Elle souligne que dans un pays où 80 % des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement dans l’espace public, ces réactions alimentent un climat qui pousse certains à faire taire celles qui s’affichent librement.
Ce féminicide survient deux semaines après une décision marquante de la Cour suprême, qui a confirmé la condamnation à mort d’un riche héritier américano-pakistanais. Ce dernier avait décapité sa compagne, Noor Mukadam, en 2021, après qu’elle avait refusé de l’épouser.