Ouverture aujourd'hui du sommet du g20 à Bali (Indonésie) : La cohésion menacée par la guerre en Ukraine

13/11/2022 mis à jour: 09:40
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Le G20, groupe des 20 pays les plus riches de la planète, se retrouvera les 15 et 16 novembre à Bali, en Indonésie, pour le 17e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernements. Hier, à 48 heures de la rencontre du G20, les pays membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) se sont réunis à Phnom Penh, au Cambodge, pour un mini-sommet en présence du président américain Joe Biden. Actualité régionale oblige : le programme nucléaire nord-coréen s’est imposé dans l’agenda des travaux des dirigeants de l’Asie du Sud-Est, après la série de tirs de missiles balistiques nord-coréens. Le Japon et la Corée du Sud se montrent particulièrement inquiets par le programme de missiles balistiques intercontinentaux de Pyongyang. Tout autant que les autres Etats de l’Asean et les Etats-Unis d’Amérique qui suivent de près les nouvelles en provenance du pays de Kim Jong-un. La présence de Biden dans cette région du Sud-Est asiatique, particulièrement tendue, dominée par les crises liées au programme nucléaire nord-coréen, la revendication chinoise sur Taiwan, la situation au Myannar (ex-Birmanie),  vise à exprimer le soutien et la solidarité américaine à ses alliés face à l’hégémonisme chinois qui a affirmé son influence au plan économique, diplomatique et militaire dans cette région d’Asie-Pacifique considérée comme sa profondeur stratégique naturelle. Le président américain Joe Biden a assuré les dirigeants de l’Asean de la pleine disponibilité des Etats-Unis de collaborer avec eux pour «se défendre contre les menaces importantes qui pèsent sur l’ordre fondé sur la règle et sur l’Etat de droit». La Maison-Blanche compte également mettre à profit sa rencontre programmée avec le président chinois XI  Jinping à Bali, au Sommet du G20, pour exhorter ce dernier à «réfréner les pires tendances»  de la Corée du Nord, pays proche de Pékin. La réponse chinoise à ce dialogue à distance entre les deux superpuissances mondiales sera donnée, sans nul doute, au Sommet du G20 de Bali, où les deux chefs d’Etat, chinois et américain,  qui se sont ratés au Sommet mondial sur le climat de la COP27 de Charm El Cheikh,  devraient s’exprimer sur les préoccupations de l’heure qui intéressent les deux pays,  au plan bilatéral et multilatéral. Sur le changement climatique, sur le conflit ukrainien où la Chine s’est toujours abstenue, lors des votes successifs au Conseil de sécurité, même si elle ne cache pas les relations cordiales qui lient Pékin à Moscou, et sur d’autres sujets se rapportant à la sécurité et à la paix dans le monde d’une manière générale, aux relations économiques internationales et à la relance de l’économie mondiale après la récession induite par la pandémie de Covid-19.  La Russie qui n’est pas la bienvenue à ce Sommet du G20 pour les raisons que l’on sait, à cause de son engagement militaire en Ukraine, sera représentée par le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, le président Vladimir Poutine ayant décliné l’invitation pour des considérations d’agenda interne, selon le porte-parole du Kremlin. Le président russe ne devrait même pas intervenir en visioconférence devant le G20, selon des sources concordantes. Le pays organisateur qui assure la présidence du G20, en l’occurrence l’Indonésie, a refusé, au nom de la neutralité politique du pays, de céder aux pressions des Occidentaux et des Américains pour empêcher la Russie de prendre part au sommet, où sa voix , traditionnellement, a toujours compté. Au G7 de 2014, la Russie a été boycottée en raison de l’invasion de la Crimée. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait en revanche, pour sa part, intervenir  virtuellement au G20 de Bali, alors que sa demande de s’adresser au mini-sommet de l’Asean n’a pas eu l’assentiment de l’organisation. D’ores et déjà, les observateurs s’interrogent si la crise ukrainienne sera au menu des discussions des dirigeants des pays les plus riches de la planète et, si c’est le cas, de quelle manière le sujet sera-t-il abordé. Compte tenu du contexte géopolitique particulièrement tendu dans lequel se tient ce sommet du G20  et du nouvel ordre mondial qui se dessine dans le sillage de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, alimentaire, hydrique, de la menace climatique qui compromettent la paix dans le monde, beaucoup se demandent si le G20 – et c’est valable aussi pour d’autres regroupements – survivra à toutes ces turbulences qui agitent les relations internationales. Dans ce club des pays riches qui représentent 80% de l’économie mondiale, Moscou peut compter sur le puissant soutien de son allié chinois, de l’Indonésie, pays hôte du Sommet du G20 et d’autres pays émergents tels que l’Afrique du Sud , l’Arabie Saoudite…. Privé du large consensus sur les dossiers stratégiques qui a fait sa force jusqu’ici , le G20 , une coquille vide ? Une chose est certaine, c’est que l’ère des blocs et des regroupements homogènes, soudés et solidaires, pour le meilleur et pour le pire, des photos de familles, avec des dirigeants au grand complet, posant, pour la postérité,  tout sourire,  devant les caméras de télévision et les photographes, semble déjà appartenir au passé. 


 

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