Le géant russe Gazprom a annoncé hier baisser d’encore d’un tiers ses livraisons de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream, affirmant avoir été forcé d’arrêter un équipement de l’allemand Siemens, au lendemain d’une première diminution drastique.
«Gazprom arrête le fonctionnement d’une autre turbine à gaz de Siemens à la station de compression Portovaïa», où se fait le remplissage de Nord Stream, et dont la production quotidienne passera aujourd’hui de 100 à 67 millions de mètres cubes par jour. Mardi, Gazprom avait déjà annoncé une première baisse de 167 à 100 millions de mètres cubes, expliquant cette décision par le manque de compresseurs Siemens, ce qui l’empêche de faire fonctionner toutes ses unités de compression du gaz.
Cela porte à près de 60% la baisse des approvisionnements quotidiens via le gazoduc sous-marin, qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Si Gazprom a justifié ces baisses par des raisons techniques, Berlin a dénoncé hier, avant l’annonce de la deuxième réduction, une «décision politique» de Moscou, dans un contexte de vives tensions avec les pays occidentaux à cause du conflit en Ukraine.
Les exportations de gaz russe vers l’Europe sont en baisse constante depuis le début des sanctions occidentales contre Moscou, l’Union européenne cherchant à se défaire de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Gazprom a indiqué hier que les exportations vers les pays ne faisant pas partie de la Confédération des Etats indépendants, un groupe réunissant neuf anciennes Républiques soviétiques, avaient baissé de 28,9% du 1er janvier au 15 juin par rapport à la même période l’an dernier. Mais les revenus de la Russie n’ont eux pas été affectés, du fait de l’envolée des prix du gaz.
Le Kremlin n’a de cesse d’affirmer dès lors que les décisions des dirigeants européens touchent avant tout leurs propres populations. Ces dernières semaines, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens ayant refusé de payer en roubles.
En réplique aux sanctions imposées par l’Union européenne à la suite de l’offensive russe en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, a réclamé que les acheteurs de gaz russe de pays «inamicaux» payent en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d’être privés d’approvisionnement, en dépit de contrats prévoyant des paiements en euro ou en dollar.