Massacres coloniaux systémiques

08/05/2025 mis à jour: 21:30
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Quatre Vingt ans après les horribles massacres commis par l’armée coloniale française en 1945 en Algérie, ce drame historique majeur reste une date clé dans la mémoire collective algérienne qui en retient au moins trois aspects historiques fondamentaux.

Les Algériennes et les Algériens retiennent d’abord le fait que ces horreurs ne sont absolument pas inédites, puisque depuis 1830, les armées coloniales inhumaines n’ont rien fait d’autre qu’une succession de massacres systémiques. Ensuite, les massacres de 1945 ont été à l’origine de la création de la glorieuse Organisation Spéciale (OS) dont les jeunes héros qui la composaient, ont joué un rôle clé dans le déclenchement de l’insurrection armée en 1954 et qui a abouti à la décolonisation en 1962.

Troisièmement enfin, les massacres de 1945 illustrent un passé récent à la fois tragique vécu par nos ancêtres et une histoire glorieuse faite de sacrifices et d’héroïsme de nos aïeux qui ont mené un historique combat de décolonisation. Les massacres de Guelma, Sétif et Kherrata ont alerté l’opinion mondiale, notamment à l’ONU, où l’Algérie est devenue un symbole des luttes anticoloniales.

Ces événements incarnent à la fois la brutalité du colonialisme et la résilience d’un peuple déterminé à conquérir sa liberté, traçant la voie vers l’indépendance en 1962. Depuis 1830, le système colonial s’est exclusivement construit sur une logique de spoliation de terres et de nettoyage ethnique.

Dès leur débarquement, les troupes françaises ont commis des exactions massives, des dépossessions territoriales et l’écrasement sanguinaire des résistances. Des historiens comme Karima Aït Dahmane ou Hosni Kitouni ont documenté ces violences abjectes, soulignant leur caractère systémique et généralisé. Les méthodes visant l’extermination, incluaient massacres, razzias et enfumades entre 1844 et 1845.

Ces actes de masse, reconnus comme crimes de guerre et contre l’humanité, illustrent la barbarie d’un système colonial. Entre 1844 et 1851, des tribus entières réfugiées dans les grottes du massif du Dahra ont été asphyxiées. Les scènes ont été apocalyptiques : des cadavres entassés, des survivants brûlés ou étouffés.

Les femmes et les enfants n’ont pas été épargnés par ces exterminations. Les enfumades consistaient à bloquer les entrées des grottes où se réfugiaient civils et combattants, puis à allumer des feux pour asphyxier les occupants.

Face à la violence des armées coloniales, les Algériens ont héroïquement résisté en menant de nombreuses révoltes dès 1834, 1851, 1854 ou encore en 1871. Dans les années 1920,  le mouvement indépendantiste algérien se structure avec l’Etoile nord-africaine, puis le Parti du Peuple Algérien (PPA) fondé en 1937 qui a réclamé la souveraineté de l’Algérie.

Durant la Seconde Guerre mondiale, 150 000 Algériens ont été obligés de se battre pour défendre la France contre les nazis. Le 8 Mai 1945, alors que l’Europe fête la victoire sur le nazisme, des manifestations indépendantistes éclatent à Sétif, Guelma et Kherrata. Les manifestants ont été alors massacrés par l’armée coloniale qui a commis un crime contre l’humanité. Ces massacres ont accéléré le cours de l’histoire.

Deux ans après, le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) fonde l’OS qui a mené des actions héroïques, comme l’attaque de la poste d’Oran en 1949. L’OS a constitué le socle de la future Armée de Libération Nationale (ALN) qui a mené la guerre d’indépendance qui a abouti à l’indépendance en 1962.    
 
 
 

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