Une demi-douzaine de taxis autonomes de la marque Waymo a été brûlée en marge de manifestation ce week-end. Si l’entreprise assure que ses véhicules n’étaient pas intentionnellement visés, plusieurs médias américains affirment le contraire.
Ce week-end, des images largement relayées sur les réseaux sociaux ont montré plusieurs taxis autonomes de Waymo pris pour cible à Los Angeles, en marge de manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump. L’entreprise, filiale d’Alphabet, la maison mère de Google, a perdu environ six véhicules. Ceux-ci ont été tagués, endommagés, puis incendiés par des manifestants, notamment dans le centre-ville.
En réaction à ces incidents, Waymo a décidé de retirer temporairement ses voitures autonomes de cette zone et a suspendu son service dans plusieurs quartiers de Los Angeles. La suspension a ensuite été étendue à certains secteurs de San Francisco, où d’autres rassemblements étaient prévus pour dénoncer les opérations de l’ICE, l’agence de l’immigration américaine.
Un porte-parole de Waymo, interrogé par CBS News, a qualifié cette suspension de mesure de précaution. Selon lui, les véhicules n’étaient pas visés intentionnellement mais se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, car ils effectuaient des livraisons dans les environs. Il a précisé que d’autres moyens de transport, comme les trottinettes électriques de la société Lime, ont également été incendiés durant les manifestations.
Cependant, plusieurs médias américains estiment que ces attaques contre les voitures Waymo ne sont pas le fruit du hasard. D’après le *Los Angeles Times*, ces véhicules, déjà pris pour cible par le passé, sont perçus comme des instruments de surveillance en raison de leurs multiples caméras et capteurs utilisés pour naviguer dans l’environnement urbain. En avril, le site 404 Media avait révélé que la police de Los Angeles avait utilisé les images issues d’un véhicule Waymo pour enquêter sur un accident, sans lien direct avec l’entreprise. Bloomberg avait rapporté en 2023 que les autorités américaines faisaient de plus en plus appel aux enregistrements des voitures autonomes pour obtenir des preuves.
Sur les réseaux sociaux, certains manifestants accusent Waymo de collaborer avec les forces de l’ordre en transmettant les vidéos captées, ce qui les aurait poussés à attaquer ces véhicules par crainte de voir leur identité révélée. Pour eux, la présence de ces voitures dans les rues incarne une forme de surveillance automatisée.
D’après le *Wall Street Journal*, le sabotage de ces véhicules viserait également à bloquer la circulation, une tactique de contestation connue et parfois controversée. Pour d’autres manifestants, les taxis autonomes sont devenus le symbole de l’alliance entre l’industrie technologique et l’administration Trump. Elise Joshi, militante à San Francisco, a assisté aux manifestations et a déclaré au *New York Times* que les Waymo, dépourvus de conducteurs humains, sont perçus comme déshumanisants. Leur destruction représente, selon elle, une riposte symbolique à ce qu’elle qualifie d’effacement des communautés par la technologie.
La combustion des voitures a également soulevé des préoccupations sanitaires. La police de Los Angeles a recommandé d’éviter le centre-ville en raison des vapeurs toxiques libérées par la combustion des batteries lithium-ion. Ces fumées peuvent contenir du fluorure d’hydrogène, une substance nocive pouvant provoquer des irritations respiratoires et des brûlures.
Les manifestations ont débuté samedi, après une opération menée par l’ICE dans le quartier de la mode de Los Angeles. Elles se sont intensifiées dimanche, à la suite de l’annonce par Donald Trump du déploiement de la Garde nationale dans la ville, une décision qualifiée d’illégale par le gouverneur de Californie, Gavin Newsom. Selon le chef de la police de Los Angeles, Jim McDonnell, les manifestations de dimanche étaient majoritairement pacifiques, mais certains débordements ont conduit à des affrontements avec les forces de l’ordre, plusieurs arrestations, des pillages de commerces et la destruction de véhicules autonomes Waymo.