Malgré l’optimisme des médias américains et israéliens : L’accord de cessez-le-feu encore incertain

30/06/2025 mis à jour: 04:12
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Photo : D. R.

Alors que le président américain, Donald Trump, continue de spéculer  en annonçant d’un côté la conclusion imminente d’un accord de cessez-le-feu à Ghaza, et d’un autre en appelant Israël à conclure cet accord, l’armée sioniste ordonnait hier aux habitants de Jabaliya, au nord de Ghaza, le énième déplacement de la population, vers le sud, et intensifiait ses raids sur le centre de l’enclave.

Les appels du président américain, Donald Trump,  à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Ghaza interviennent alors que des dirigeants israéliens avaient averti, samedi dernier,  que le mouvement de la résistance palestinienne, Hamas, n’a pas reculé sur ses conditions pour un tel accord, notamment en ce qui concerne la fin de la guerre et le retrait des troupes israéliennes.
Dans un communiqué diffusé hier, Izzat Al Rishq, membre du bureau politique du mouvement, a démenti les confirmations relayées par des médias émiraties et israéliens,  selon lesquelles «les conditions du Hamas pour accepter l’accord d’échange et le cessez-le-feu à Ghaza étaient réunies», les qualifiant de «mensongères». Pour lui, «ces allégations visent à détourner l’attention des crimes de guerre, à inciter à bon marché contre le Hamas et la résistance palestinienne, et à déformer leurs positions établies et déclarées».
Pourtant,  aussi bien la presse américaine qu’israélienne évoquaient, hier, des «progrès dans les négociations» pour la fin de la guerre à Ghaza, alors que l’armée sioniste ordonnait, pour la énième fois, le déplacement de la population de Jabaliya, au nord, vers le centre et le sud de l’enclave, où les sites américano-israéliens de distribution de nourriture, constituent des pièges mortels pour les affamés. 
Trump se dit consterné par la situation humanitaire à Ghaza, qu’il a décrit comme «terrible» mais s’est vanté d’avoir d’octroyé la somme d’un montant de 30 millions de dollars à l’américaine GHF (Fondation humanitaire pour Ghaza), utilisée comme «bras armé humanitaire» de l’Etat hébreu, avec laquelle les agences de l’Onu et des ONG internationales de défense des droits de l’homme ont dénoncé pour sa participation au «nettoyage ethnique».  Comme pour se donner bonne conscience, il a ajouté : «En théorie, nous ne sommes pas impliqués, mais nous le sommes parce que des gens meurent.
Je vois ces foules sans nourriture, sans rien.» Selon lui, le système de la controversée GHF était «plutôt bon». Certainement bon, pour pousser la population de Ghaza à choisir entre mourir sous les balles des mercenaires recrutés par la GHF pour la sécurité, de l’armée israélienne ou d’abandonner sa terre.  Trump est toujours attaché à son grand projet immobilier à Ghaza, qui doit passer par  la déportation de sa population, vers d’autres pays, avec lesquels des négociations sont toujours en cours, selon des médias américains, pour l’accueillir. «Concluez l’accord à Ghaza. Renvoyez les otages», a-t-il écrit hier sur la plateforme «Truth». Vendredi dernier, il a été plus affirmatif en déclarant qu’un «accord sera signé cette semaine».

Sauver le soldat Netanyahu de la justice israélienne…

Après avoir relégué la guerre contre Ghaza au second plan, Trump a subitement appelé Israël à un cessez-le-feu à Ghaza, après l’offensive de son armée contre les sites nucléaires iraniens avant d’imposer une trêve entre Téhéran et Tel-Aviv. Les appels du Président ont été suivis par l’annonce de la visite à Washington, cette semaine, de Ron Dermer, conseiller principal du Premier ministre Benyamin Netanyahu, «pour des négociations sur un cessez-le-feu», a annoncé la presse israélienne, en précisant, que cette visite précède celle du Premier ministre,  Benyamin Netanyahu, qui vient d’obtenir l’annulation de son audition par la justice, dans le cadre des enquêtes pour corruption, ouvertes en juillet 2024.
Dans son message publié sur les réseaux sociaux samedi dernier, Trump a défendu Netanyahu parce que, a-t-il expliqué, il «négocie actuellement un accord avec le Hamas, qui comprendra la restitution des otages. Comment est-il possible que le Premier ministre israélien soit contraint de siéger toute la journée devant un tribunal, pour rien». Il va plus loin. Il s’est carrément attaqué à Israël,  et a menacé que «les 3,8 milliards de dollars» d’aide militaire annuelle américaine à Israël «pourraient être compromis», si les accusations ne sont pas abandonnées.
Quelques jours auparavant, il a carrément exigé l’annulation de son procès, suscitant  la colère de l’opposition, qui y voyait une «ingérence caractérisée dans les affaires de la justice d’un pays souverain».  Dimanche, le tribunal a accepté d’annuler,  deux jours supplémentaires,  de témoignages prévus cette semaine. Depuis que Netanyahu a commencé à être auditionné en 2024, il a demandé à plusieurs reprises l’annulation ou la réduction des audiences pour de multiples raisons.
En décembre 2024, l’audition a été annulée en raison d’une intervention chirurgicale, ce qui a entraîné une suspension des procédures judiciaires pendant plus de trois semaines. En février 2025, trois audiences ont été annulées à cause de sa visite en déplacement à Washington. D’autres retards ont suivi, notamment la fin de la guerre à Ghaza, un vote au Parlement sur la Commission des nominations judiciaires et une autre visite officielle à Washington en avril. A plusieurs reprises,  a indiqué la presse israélienne, les audiences ont été interrompues après que Netanyahou se soit plaint de malaises.
D’autres séances ont été interrompues pour avoir reçu des appels urgents avec des dirigeants internationaux, dont le président américain Donald Trump, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le président russe, Vladimir Poutine. Pour Mahmoud Merdaoui, un des responsables du Hamas,  Netanyahu est en train de «retarder  la conclusion en  insistant sur un accord temporaire qui ne libérerait que dix otages». Selon lui, «il ment lorsqu’il prétend ne pas avoir participé au choix des noms des otages à libérer dans le cadre de l’accord», puis a conclu : «Il ne veut pas d’accord». Mais Omer Dostri, porte-parole du Premier ministre israélien, a répondu que le Hamas «était le seul obstacle à la fin de la guerre».
Pourtant, la position du Premier ministre est claire : «L’armée ne quittera pas les positions qu’elle a occupées, et elle n’acceptera de mettre fin à la guerre que si le Hamas capitule, désarme et s’exile ». Mais, Trump a continué à faire des déclarations, jugées par certains analystes américains comme étant unilatérales.  «Je pense qu’un accord est proche», a-t-il déclaré à un parterre de journalistes américains, à Washington avant de souligner : «Nous pensons obtenir un cessez-le-feu d’ici la semaine prochaine».
De nombreux médias américains avaient expliqué que la venue de Netanyahu, à  Washington et la visite de son conseiller, avant qu’il ne le rejoigne, entrent dans le cadre de négociations d’un accord avec l’Iran, en premier lieu, puis avec le Hamas,  dans le but d’élargir rapidement les accords d’Abraham. Même si la guerre contre Ghaza a épuisé l’armée israélienne et des voix ont de plus en plus nombreuses à s’élever contre sa poursuite «sans objectifs», ni Netanyahu ni Trump ne semblent, pour l’instant, avoir une réelle intention d’aller vers un cessez-le-feu, étant donné que les deux espèrent la déportation des 2 millions de Palestiniens, reddition de la résistance. Ce que ni les premiers ni les seconds n’ont accepté. L’accord reste pour l’instant incertain.

UNRWA : Alerte  contre la détérioration des conditions humanitaires

Le porte-parole de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Adnan Abu Hasna, a affirmé dimanche que les conditions humanitaires et sanitaires à Ghaza se sont détériorées, notant que le nombre de victimes de la guerre génocidaire sioniste sur l’enclave «est le plus élevé depuis la seconde Guerre mondiale».
Dans une déclaration à des médias depuis Amman, Abu Hasna a souligné que «plus de 10% de la population de la bande de Ghaza a été tuée ou blessée, soit plus d›un million de martyrs et de blessés», ajoutant qu›»un tel bilan ne s’est jamais produit dans aucun autre conflit depuis la seconde Guerre mondiale». Il a expliqué que l’occupation sioniste n’avait autorisé l’entrée que de 9.000 tonnes d’aide depuis le 19 mai, ce qui est insuffisant pour répondre aux besoins du peuple palestinien dans la bande de Ghaza.
Il a souligné aussi que la situation générale dans la bande de Ghaza avait atteint des niveaux post-catastrophe, compte tenus des obstacles à l’entrée de l’aide à Ghaza et des milliers de personnes ayant besoin de nourriture et de soins médicaux. Le porte-parole de l’UNRWA a mis en garde contre les répercussions d’un effondrement total du système de santé dans la bande de Ghaza, notamment la propagation de la famine et la prolifération des maladies et des épidémies. Il a exprimé l’espoir qu’une dynamique se dégagerait pour parvenir à un cessez-le-feu, lever le blocus humanitaire sioniste, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et remédier à l’effondrement humanitaire massif dans l’enclave.
Abou Hasna a fermement condamné les mesures sionistes concernant la distribution de l’aide et le remplacement du système des Nations unies par un autre, «incapable de couvrir de vastes zones de la bande de Ghaza». «Ces mesures ont conduit à un chaos généralisé dû à la réduction du nombre de centres de distribution de vivres de l’UNRWA, de 400 à seulement 4, sans la moindre expérience en matière d’action humanitaire», a-t-il déploré. Nabil H.

 

 

 

 

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