Le président français Emmanuel Macron entamera à partir d’aujourd’hui une visite officielle de trois jours en Algérie, à l’invitation du président de la République Abdelmadjid Tebboune. Le moins que l’on puisse dire en consultant le programme de ces trois jours, c’est que l’agenda de M. Macron est extrêmement dense, témoignant de l’importance accordée à ce déplacement solennel. Rappelons que c’est la troisième fois que M. Macron vient en Algérie.
La première fois, c’était en tant que candidat à l’Elysée, en février 2017, et c’est là qu’il avait déclaré que la colonisation «est un crime contre l’humanité». La deuxième fois, c’était le 6 décembre 2017, pendant son premier quinquennat, mais ce voyage avait duré moins de 24 heures.
Cette visite «officielle et d’amitié» selon la formule élyséenne, s’annonce exceptionnelle par sa densité et sa durée, mais également par l’importance numérique de la délégation qui la compose : quelque 90 personnalités seront du voyage selon des sources diplomatiques françaises.
Côté ministériel, M.Macron sera accompagné du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, ou encore de la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak.
Dans la délégation, il y aura aussi l’historien Benjamin Stora, le politologue Gilles Kepel, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, ainsi que des personnalités comme Jean-Pierre Chevènement, Jack Lang et Arnaud Montebourg. Pour le monde économique, la priorité est accordée, précise-t-on, aux petites et moyennes entreprises, avec une «représentation limitée des grands groupes, à dessein».
Il y aura tout de même quelques poids lourds comme Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie ; Xavier Niel, patron d’Illiad, le groupe de télécommunications français, ou encore Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM.
Seront également du voyage le délégué interministériel à la Méditerranée Karim Amellal, le directeur général du CNRS, Antoine Petit, la directrice de la Cité internationale des arts de Paris, Bénédicte Alliot, le directeur général de la Banque publique d’investissement, Nicolas Dufourcq, la directrice générale d’Unifrance, Daniela Estner, ou encore le patron de l’AFD (l’Agence française de développement), Rémy Rioux.
Un mot maintenant sur le programme de ces trois jours. M. Macron atterrira ce jeudi 25 août, aux alentours de 15h, à l’aéroport international Houari Boumediène où il sera accueilli par le président Tebboune. Les deux chefs d’Etat se rendront ensuite directement à Maqam Echahid, le mémorial des Martyrs, pour une cérémonie de recueillement.
Après, ils s’entretiendront en tête-à-tête au palais d’El Mouradia. Ce premier entretien sera conclu par une «déclaration conjointe à la presse». Le programme de cette première journée se clôturera par un grand dîner offert par le président Tebboune en l’honneur de son homologue français et la délégation qui l’accompagne.
Le vendredi 26 août, Emmanuel Macron ira d’abord au cimetière de Bologhine, à la fois cimetière chrétien et israélite. Il sera accompagné par l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, et M. Korsia. Puis, il rencontrera de «jeunes entrepreneurs, start-upers, porteurs de projets algériens». M. Macron retrouvera le président Tebboune autour d’un déjeuner auquel prendront part la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu et le chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard.
En milieu d’après-midi, l’hôte de l’Algérie découvrira la Grande Mosquée d’Alger, et à l’issue de cette escale spirituelle, il s’envolera pour Oran où il dînera avec l’écrivain Kamel Daoud et échangera avec d’autres personnalités oranaises. Le samedi 27 août, il se rendra au fort de Santa-Cruz qui surplombe El Bahia.
Il fera ensuite une virée à la fameuse boutique «Disco Maghreb», ce label mythique qui a révélé les plus grands noms de la chanson raï, et qui est désormais mondialement connu depuis le magnifique clip de DJ Snake. Le président français assistera un peu plus tard à une performance de breakdance et s’entretiendra avec des sportifs avant de rentrer à Paris.
Par l’esprit qu’il a voulu imprimer à cette visite, que ce soit à travers le choix des personnes qui l’accompagnent ou bien le contenu de son agenda, Emmanuel Macron «a vraiment fait le choix d’orienter cette visite vers l’avenir, donc les start-up, l’innovation, la jeunesse, (…) la formation, la recherche», souligne-t-on côté français, avec la volonté de «poser un socle pour refonder, développer une relation entre la France et l’Algérie résolument tournée vers l’avenir au bénéfice des populations, des jeunesses des deux pays».
Parallèlement à cette dimension qui se veut pour ainsi dire la partie «fraîche», joyeuse et «cool» du programme, il y aura bien sûr tous les autres sujets classiques et les grands dossiers incontournables qui vont certainement revenir dans les discussions comme la sécurité au Sahel, la situation au Mali, le dossier des visas, l’investissement, la coopération économique, l’énergie, sans oublier le contentieux historique et «l’apaisement des mémoires». M. B.