Lutte du peuple sahraoui pour l’autodétermination : La mea culpa du Washington Post

26/04/2025 mis à jour: 23:21
949

Le 13 avril 2025, le Washington Post a publié un article controversé alléguant une implication du Front Polisario dans un réseau de contrebande d’armes en Syrie, avec l’appui supposé de l’Iran et du Hezbollah. 

Le journal s’appuyait sur des sources régionales et un rapport du think tank «Atlantic Council», évoquant notamment l’arrestation de centaines de membres du Polisario et des formations militaires dispensées par l’Iran.

 Critiqué pour avoir omis le droit de réponse du mouvement sahraoui, le Washington Post a finalement publié, dix jours plus tard, une réaction officielle du Polisario intégrant un démenti formel qui rejette catégoriquement ces accusations, les qualifiant de «non seulement invraisemblables, mais insultantes». Le mouvement sahraoui affirme qu’«il est exclusivement engagé dans la lutte contre l’occupation marocaine et ne participe à aucun conflit extérieur». 

Il dénonce «une campagne de désinformation orchestrée par le Maroc pour le discréditer sur la scène internationale», soulignant «l’absence totale de preuves tangibles et mettant au défi les parties accusatrices de produire des éléments concrets à l’appui de leurs affirmations». 

Le Polisario a rappelé que ce n’est pas la première fois que de telles accusations émergent. En 2018, le Maroc avait rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusant Téhéran de soutenir le Front Polisario via le Hezbollah. Ces allégations avaient été fermement démenties par l’Iran et le Front Polisario qui les avaient qualifiées de «mensongères» et de «mascarade» visant à détourner l’attention du processus de négociation sur le Sahara occidental. 

Le coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, M’hamed Khadad, avait alors déclaré que «le Maroc cherchait à se soustraire à ses obligations de dialogue en invoquant de telles accusations infondées». Le Front Polisario considère que «ces accusations récurrentes font partie d’une stratégie de diversion politique du Maroc pour éviter les négociations directes sur l’avenir du Sahara occidental». 

En associant le Polisario à des acteurs controversés comme l’Iran ou le Hezbollah, le Maroc chercherait à discréditer le mouvement sahraoui et à influencer l’opinion internationale en sa faveur. 

Des médias allemands, comme Die Welt, ont également relayé des informations sur des liens présumés entre le Polisario et l’Iran, s’appuyant sur des documents attribués à des services de renseignement. Cependant, ces affirmations ont été contestées fermement par le Front Polisario qui les considère comme une tentative d’impliquer le Maghreb dans la crise du Moyen-Orient. Cet épisode s’inscrit dans une guerre de communication plus large autour du Sahara occidental. Le Maroc utilise régulièrement des allégations de liens entre le Polisario et des acteurs comme l’Iran ou le Hezbollah pour délégitimer la cause sahraouie sur la scène internationale. 

De son côté, le Front Polisario et ses soutiens dénoncent une campagne de désinformation destinée à ternir leur image. L’article du Washington Post et son correctif tardif illustrent les défis de la couverture médiatique du conflit du Sahara occidental. 

Ils soulignent la nécessité pour les médias internationaux de faire preuve de rigueur journalistique et de prudence face aux narratifs alignés sur des positions étatiques, afin de ne pas contribuer involontairement à des campagnes de désinformation. M.-F. Gaidi

Copyright 2025 . All Rights Reserved.