Selon Equipe Média, ses reporters Mohamed Limam Bah et Brahim Laajiel, qui accompagnaient la défenseure des droits de l'homme Claude Mangin «ont été pris pour cible par des individus hostiles, vraisemblablement d'origine marocaine».
L'agence d'information sahraouie Equipe Média a dénoncé hier avec «vigueur» l'agression dont ont été victimes la veille ses reporters Mohamed Limam Bah et Brahim Laajiel par des Marocains lors du passage à Béziers (sud de la France) de la «marche de la liberté», pour réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis dans les geôles marocaines. «Mardi à Béziers, une manifestation pacifique en soutien aux prisonniers politiques sahraouis a été le théâtre d'actes inacceptables», a dénoncé l'agence dans un communiqué, relayé par l’APS.
Selon Equipe Média, ses reporters Mohamed Limam Bah et Brahim Laajiel, qui accompagnaient la défenseure des droits de l'homme Claude Mangin, «ont été pris pour cible par des individus hostiles, vraisemblablement d'origine marocaine».
Les deux journalistes sahraouis «ont subi un véritable harcèlement : insultes, menaces et une tentative flagrante de diffamation en ligne».
L'un des agresseurs, a-t-elle poursuivi, «a même filmé en direct sur les réseaux sociaux Mohamed Limam Bah, dans le but manifeste de nuire à sa réputation et d'inciter à la haine». «Equipe Média dénonce avec la plus grande vigueur ces agissements abjects», a-t-elle affirmé, relevant que ceux-ci «constituent une violation flagrante de la liberté de la presse, ainsi qu'une atteinte intolérable à la dignité et à la sécurité des journalistes».
«La diffusion malveillante d'images dans le seul but de diffamer est une pratique abjecte, contraire à toute éthique journalistique et aux droits fondamentaux», a-t-elle observé. Qualifiant la situation d'«alarmante», Equipe Média a exigé «l'ouverture immédiate d'une enquête par les autorités françaises afin d'identifier et de traduire en justice les auteurs de ces actes répréhensibles» et «le retrait, sans délai, des vidéos diffamatoires» circulant sur les plateformes numériques.
Comme elle a demandé «des garanties concrètes pour la protection de l'ensemble des journalistes et des manifestants pacifiques», alertant les réseaux sociaux sur «leur responsabilité cruciale dans la modération des contenus haineux et diffamatoires». «La liberté d'informer, pilier essentiel de toute démocratie, ne saurait être étouffée par l'intimidation et la désinformation», a-t-elle soutenu. En la circonstance, elle a réaffirmé sa «détermination inébranlable à informer en toute indépendance».
Habitations démolies à Laâyoune
Par ailleurs, l'Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l'homme commises par l'Etat marocain (ASVDH) a dénoncé la démolition par les autorités d'occupation marocaines des habitations de nombreux citoyens sahraouis dans la région d'Azmeilat El Guezlan, à la périphérie de la ville de Laâyoune occupée, appelant la communauté internationale à intervenir pour protéger la population sahraouie de cette «politique de punition collective».
Qualifiant cette opération de «crime prémédité», l'ASVDH a souligné, dans un communiqué mardi, que cette démolition est une «violation flagrante» des instruments du droit international dont «la quatrième Convention de Genève, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention de La Haye et le droit international coutumier, tel qu'interprété par le Comité international de la Croix-Rouge».
Ces démolitions ne sont «pas des incidents isolés», mais font plutôt partie d'une «stratégie systématique de déplacement forcé», dont l'objectif est de «modifier la composition démographique du territoire» et de «faciliter les projets d'implantation des colons marocains» dans le cadre d'un processus qui vise «l'annexion illégale des terres sahraouies», a-t-elle souligné.
L'Association a rappelé, dans ce contexte, que le Sahara occidental est un territoire non autonome, en attente de décolonisation et reconnu comme tel par l'Assemblée générale des Nations unies. Par conséquent, «la présence du Maroc dans la région constitue une occupation militaire illégale de laquelle découlent des obligations juridiques internationales, notamment la protection de la population civile», a-t-elle ajouté.
L'ASVDH tient, à cet égard, l'occupant marocain pour «responsable de ces graves violations» et appelle instamment la communauté internationale, notamment les Nations unies et le Comité international de la Croix-Rouge, à «intervenir immédiatement» pour «protéger la population sahraouie de cette politique de punition collective». «Nous appelons les organisations internationales à agir maintenant, avant que les dommages ne deviennent irréversibles», a conclu le communiqué.
Plusieurs médias sahraouis ont dénoncé, lundi, des opérations de démolition et de destruction des biens appartenant à des citoyens sahraouis dans la région d'Azmeilat El Guezlan, soutenant que ces opérations visent à «restreindre» et à «étouffer les Sahraouis» pour les «contraindre à accepter la politique de colonisation».
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est inscrit en 1963 sur la liste des territoires non autonomes établie par la IVe Commission générale des Nations unies. En 1965, la résolution 2072 de l’Assemblée générale des Nations unies le place sur la liste des régions à décoloniser et fait référence à la résolution 1514 sur le droit à l’autodétermination des peuples colonisés.
Le 20 août 1974, Madrid annonce son intention d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara, prévu pour le premier semestre 1975. La même année, ce territoire est annexé par le Maroc. Un cessez-le-feu est signé sous l’égide de l’ONU en 1991 par le Maroc et le représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario, à la condition qu’un référendum d’autodétermination soit organisé. Rabat finit par proposer comme solution une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Option rejetée par les Sahraouis qui revendiquent l’indépendance.