«L’heure d’un bilan moral sur le traitement des Palestiniens a sonné - et elle aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Aucune cause, aussi juste ou pure soit-elle, ne peut justifier tous les moyens. Le massacre d’enfants et de civils sans défense, la famine délibérée, la douleur et l’humiliation incessantes infligées aux Palestiniens de Ghaza doivent cesser», a déclaré hier la rapporteuse de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pour le Moyen-Orient, Dora Bakoyannis.
Alors que les Palestiniens commémorent la Nakba, cet arrachement qui a extirpé plus de 700 000 personnes de leur territoire légitime en 1948 pour être dispersées entre les camps de réfugiés aux quatre coins du Moyen-Orient, le blocus impitoyable imposé par l’occupant israélien à Ghaza depuis le 2 mars fait de plus en plus de ravages parmi la population civile, particulièrement les gamins.
«Alors que la majorité de la population de Ghaza est confrontée à une crise alimentaire catastrophique en raison de la poursuite du blocus par Israël, la malnutrition se répand à toute vitesse chez les enfants dans l’enclave palestinienne» a alerté jeudi une publication d’Onu-Info, le service d’information des Nations unies.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) «cette dégradation intervient en l’absence d’entrée de fournitures nutritionnelles spécialisées et avec une possibilité limitée ou inexistante pour les humanitaires de fournir des services de nutrition», rapporte Onu-Info.
Reprenant des indications de l’organisme onusien pour les Affaires humanitaires, la même source précise : «En avril, les partenaires du groupe sectoriel de la nutrition ont examiné près de 60 000 enfants et identifié 2.500 cas de malnutrition aiguë, dont près de 170 cas de malnutrition aiguë sévère.» «Par rapport à février 2025, la proportion d’enfants identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë parmi ceux qui ont été examinés a presque doublé», a affirmé l’OCHA.
«Une génération entière sera affectée»
De son côté, la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, après avoir pris connaissance des résultats du dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), a «rappelé que la faim et la malnutrition aiguë sont une réalité quotidienne pour les enfants de Ghaza», peut-on lire dans le document de presse d’Onu-Info.
L’OMS a également mis en garde contre les effets dévastateurs du blocus imposé à Ghaza et l’interdiction d’entrée de toute aide humanitaire en prévenant que l’impact à long terme de la malnutrition «peut durer toute une vie sous la forme d’un retard de croissance, d’une altération du développement cognitif et d’une mauvaise santé».
«Sans ressources nutritives suffisantes, sans eau propre et sans accès aux soins de santé, une génération entière sera affectée de façon permanente», a averti l’OMS, citée par Onu-Info. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-unies a révélé en outre qu’«un seul patient a été évacué médicalement hors de Ghaza depuis le 22 avril, ce qui porte à 123 le nombre total de patients évacués médicalement à l’étranger depuis la reprise des hostilités le 18 mars», rapporte l’organe d’information de l’ONU.
«A titre de comparaison, entre le 1er février et le 17 mars 2025, pendant le cessez-le-feu, plus de 1700 patients ont été évacués pour recevoir un traitement médical à l’étranger, selon l’OMS», ajoute la même source.
«La douleur de Ghaza doit cesser»
La rapporteuse de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour le Moyen-Orient, Dora Bakoyannis, a poussé un coup de gueule ce vendredi à propos de la situation insoutenable à Ghaza en martelant : «La douleur de Ghaza doit cesser.»
C’est ce qu’a indiqué un communiqué de l’APCE diffusé hier. Citant l’auteur d’Ainsi parlait Zarathoustra, l’élue européenne, ancienne maire d’Athènes et ancienne ministre grecque des Affaires étrangères, fera remarquer : «“Celui qui a un pourquoi vivre peut supporter presque n’importe quel comment”, a écrit Nietzsche.
Dans le cas de Ghaza, cependant, ce 'comment' est devenu insupportable. Pour tous ceux d’entre nous qui soutiennent avec ferveur un État d’Israël sûr et prospère, ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Ghaza est comme une gifle. L’heure d’un bilan moral sur le traitement des Palestiniens a sonné - et elle aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Aucune cause, aussi juste ou pure soit-elle, ne peut justifier tous les moyens.
Le massacre d’enfants et de civils sans défense, la famine délibérée, la douleur et l’humiliation incessantes infligées aux Palestiniens de Ghaza doivent cesser.» Ce week-end, l’horreur infligée au quotidien par la machine de mort sioniste aux Palestiniens a encore frappé avec une sauvagerie inouïe. Selon l’agence Wafa, «plus de 250 morts ont été enregistrés dans la bande de Ghaza en 36 heures», soit de mercredi soir à hier matin.
Al Jazeera a indiqué de son côté hier que «136 personnes sont mortes en martyres depuis l’aube de jeudi» jusqu’à hier après-midi. Sur le site officiel d’Al Jazeera Mubasher ont été détaillées dans un article les principales tueries qui ont décimé de nouveau des dizaines de Palestiniens dans différents secteurs de la bande de Ghaza avant-hier, et qui ont fait en tout plus de 136 morts en un eu plus de 24 heures.
Les correspondants d’Al Jazeera à Ghaza ont fait état de «14 martyrs enregistrés dans le bombardement d’une maison appartenant à la famille Samour dans la ville de Bani Suhaila, à l’est de Khan Younès» ; «10 martyrs dans un raid de l’occupant sur une maison appartenant à la famille Al-Zainati dans le quartier Al-Satr Al-Sharqi, de la ville de Khan Younès» ; «6 martyrs lors d’une frappe qui a ciblé une habitation de la famille Abu Ta’ima près de l’école Ashkelon dans la ville d’Abasan Al-Kabira, à l’est de Khan Younès» ; « 5 martyrs dans le bombardement du domicile de la famille Al-Bardawil dans la ville d’Al-Qarara, au nord de la ville de Khan Younès» ; «5 martyrs et des blessés dans le bombardement d’une maison de la famille Al-Laham dans le centre de Khan Younès» ; «4 martyrs dans le bombardement de deux maisons de la famille Abu Khater, à l’est de Khan Younès» ; «Deux martyrs et des blessés dans le bombardement d’une maison de la famille Al-Bayouk dans le centre de Khan Younès», «Deux martyrs dans le bombardement d’une maison appartenant à la famille Al-Amour dans la ville d’Al-Fokhari, à l’est de Khan Younès» ; «4 martyrs et des blessés, dans deux incidents distincts dans la ville de Khuza’a, à l’est de Khan Yunès»…
Au total, Al Jazeera a dénombré 83 morts seulement au sud de la bande de Ghaza, principalement dans le gouvernorat de Khan Younès, suite à cette avalanche de raids meurtriers qui se sont abattus jeudi sur l’enclave.
La journée d’hier a été marquée par une autre série de boucheries commises par les forces d’occupation sionistes au nord de la bande de Ghaza, faisant des dizaines de victimes. «Vendredi matin, l’aviation de l’occupant israélien a lancé une série de frappes aériennes violentes visant des zones densément peuplées à Tel al-Zaatar et Beit Lahia, dans le nord de la bande de Ghaza», a indiqué hier Al Jazeera Mubasher.
Le correspondant de la chaîne d’information en continu a assuré qu’ «au moins sept frappes aériennes ont visé des maisons dans le secteur de Tal al-Zaatar, au niveau du camp de Jabalia, faisant des dizaines de martyrs et de blessés, alors que les équipes de la Défense civile sont toujours en train de chercher d’autres dépouilles au milieu des décombres».
Près de 3000 morts depuis le 18 mars
Le média qatari soutien que l’hôpital indonésien qui se trouve à Beit Lahia croule sous l’avalanche des corps évacués. Des sources médicales de l’hôpital indonésien ont signalé à Al Jazeera Mubasher qu’«au moins 25 martyrs étaient arrivés à l’hôpital, alors qu’on estime que des dizaines de victimes sont encore sous les décombres, et il est très difficile de les atteindre en raison de la destruction et de la fermeture des routes dues aux bombardements incessants».
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile palestinienne pour la bande de Ghaza, a déclaré hier à l’AFP : «74 personnes ont été tuées à la suite des bombardements israéliens continus sur toute la bande de Ghaza depuis [jeudi, minuit], dont 67 dans le Nord.»
«Des dizaines d’autres restent piégées sous les décombres, et les bombardements israéliens se poursuivent, suscitant des craintes que le bilan des victimes ne s’alourdisse», a-t-il ajouté. Selon le ministère de la Santé de Ghaza, le bilan de la campagne meurtrière menée par Israël s’est alourdi à 53 119 morts et 120 214 blessés depuis le 7 octobre 2023.
Ce bilan comprend 2 985 martyrs et 8 173 blessés depuis le 18 mars, date à laquelle l’occupant a rompu l’accord de cessez-le-feu de façon unilatérale. A noter en outre que 109 Palestiniens ont trouvé la mort et 216 ont été blessés en 24 heures, précise la même source, principalement au cours de la journée de jeudi et de la nuit de jeudi à vendredi.