L’ONU indignée par le blocus israélien sur l’aide humanitaire à Ghaza : La famine «s’aggrave de manière délibérée»

23/04/2025 mis à jour: 02:05
1009
La faim s’étend et s’aggrave de manière délibérée et provoquée par l’homme

La vie quotidienne à Ghaza devient de plus en plus infernale alors que les Palestiniens sont privés d’aide humanitaire depuis plus d’un mois, sur fond de poursuite du génocide. 

Le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a dénoncé hier «la famine qui s’aggrave de manière délibérée» à Ghaza, après 50 jours de blocus israélien sur l’aide entrant dans le territoire palestinien ravagé par la guerre. «Ghaza est devenue une terre de désespoir. La faim s’étend et s’aggrave de manière délibérée et provoquée par l’homme», a-t-il affirmé. 

Après 18 mois d’une agression dévastatrice et un blocus israélien sur l’aide humanitaire depuis le 2 mars, l’ONU a mis en garde contre une situation humanitaire désastreuse pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Ghaza. 

Dans son message sur X, M. Lazzarini a déploré une «punition collective» des habitants de Ghaza. «Les blessés, les malades et les personnes âgées sont privés de fournitures médicales et de soins», a-t-il souligné. «L’aide humanitaire est utilisée comme une monnaie d’échange et une arme de guerre», a-t-il poursuivi, tout en demandant la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire, la libération des otages et l’instauration d’un nouveau cessez-le-feu. 

L’aide humanitaire à Ghaza est «menacée d’un effondrement total» en raison du blocus imposé par Israël sur l’entrée de cette aide depuis le 2 mars, avaient alerté, jeudi dernier, 12 importantes ONG dans un communiqué commun. «Laissez-nous faire notre travail», avaient exhorté les représentants de Médecins du monde, Oxfam, du Norwegian Refugee Council (NRC) et d’autres ONG qui disent faire face à «l’un des pires échecs humanitaires de notre génération». 

Pratiquement toutes les ONG ont dû suspendre ou très fortement réduire leur aide dans le territoire palestinien depuis la rupture du cessez-le-feu le 18 mars, avaient souligné ces organisations qui citent un sondage réalisé auprès de 43 ONG apportant de l’aide à Ghaza. «Chaque habitant de Ghaza dépend de l’aide humanitaire pour survivre. 

Cette ligne de vie a été complètement coupée depuis que les autorités israéliennes ont imposé un blocus sur l’entrée de l’aide le 2 mars», avaient-elles écrit. «Nous avons des fournitures prêtes. Nous avons du personnel médical formé. Nous disposons de l’expertise nécessaire. 

Ce qui nous manque, c’est l’accès, ou la garantie par les autorités israéliennes que nos équipes peuvent faire leur travail en toute sécurité», ajoutent-elles. Quelque 400 travailleurs humanitaires et 1300 personnels de santé ont été tués depuis octobre 2023 à Ghaza, rappellent ces ONG en citant un bilan de l’ONU. «Nous appelons toutes les parties à garantir la sécurité de notre personnel et à permettre l’accès sûr et sans entrave de l’aide à Ghaza par tous les points d’entrée, et nous demandons aux dirigeants mondiaux de s’opposer à toute nouvelle restriction», ont-elle demandé. 

Alors que l’ONU ne cesse de mettre en garde contre une situation humanitaire désastreuse à Ghaza, la machine de guerre israélienne continue d’allonger la liste des victimes. La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes aériennes israéliennes avaient, dans la matinée d’hier, fait au moins 25 morts dans la bande de Ghaza. 

«Ligne rouge (...) non négociable»

Neuf personnes ont été tuées et six autres sont portées disparues après un bombardement israélien contre une maison du centre de Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a déclaré un responsable de la Défense civile à Ghaza, Mohammed Al Moughair. 

Des frappes ont aussi fait cinq morts dans le camp de réfugiés Al Chati, à l’ouest de la ville de Ghaza (nord), et cinq autres parmi lesquels une femme, dans une tente abritant des personnes déplacées au nord-est du camp de Jabaliya, également dans le Nord. Une frappe a aussi fait quatre morts à l’ouest du camp de Jabaliya, tandis que deux autres personnes ont été tuées à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza.  Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement palestinien Hamas à Ghaza. 

Selon le ministère de la Santé, au moins 1864 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51 240 le nombre de morts à Ghaza depuis octobre 2023. Par ailleurs, une délégation du Hamas est en route pour Le Caire, en Egypte, afin de discuter de «nouvelles idées» sur une trêve dans la bande de Ghaza, a déclaré, hier, un responsable du mouvement palestinien, quelques jours après le rejet par le Hamas d’une proposition israélienne. 

La délégation, qui comprend le négociateur en chef du Hamas, Khalil Al Hayya, «tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet de nouvelles idées visant à parvenir à un cessez-le-feu» dans le territoire palestinien, a indiqué ce responsable.

 Le Hamas avait rejeté, jeudi dernier, une proposition israélienne de trêve, se disant opposé à un accord «partiel» par étapes avec Israël et prônant plutôt «un accord complet», comme initialement prévu. Jusqu’à présent, le mouvement s’est dit prêt à libérer tous les otages israéliens encore retenus à Ghaza depuis le 7 octobre 2023 en échange de l’arrêt de l’agression, du retrait des troupes israéliennes présentes dans le territoire palestinien et du début de la reconstruction. Israël, de son côté, réclame le retour de tous les otages et le désarmement du mouvement de résistance palestinien et des autres groupes armés à Ghaza, une «ligne rouge (...) non négociable», selon un responsable du mouvement palestinien. 

Les négociations se tiennent par l’intermédiaire d’une médiation de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis. Une trêve du 19 janvier au 17 mars avait permis le retour en Israël de 33 otages, incluant huit morts, en échange de la sortie d’environ 1800 Palestiniens des prisons israéliennes.  Hocine Lamriben 

Copyright 2025 . All Rights Reserved.