Plus de 95% des projets affectés pour la wilaya ont connu des blocages et des retards dans la réalisation. Les souscripteurs pointent la défaillance des promoteurs, la multiplication des intervenants et les lenteurs administratives.
Plus de dix ans d’attente et ce n’est pas encore terminé. N. Bournissa (59 ans) a postulé pour un logement promotionnel aidé (LPA) à Bordj Menaiel en 2010. Après plusieurs réclamations et va-et-vient à la daïra, l’administration accède à sa demande en incluant son nom dans la liste des postulants au programme des 130 LPA. Entamé en 2013, le projet n’a pas encore dépassé 30% d’avancement, déplore-t-il. «J’ai regretté le jour où j’ai opté pour cette formule, mais je n’avais pas le choix, car je n’ai pas le droit au social, alors que l’AADL était suspendu à l’époque», confie-t-il.
Retraité de l’ex-Sonacom, ce père de trois enfants n’a aucun toit. «Je suis locataire depuis plus de 15 ans», dit-il avec amertume, ajoutant avoir versé 70 millions au promoteur sans rien obtenir en retour. Après des années de blocage, les autorités annoncent que le projet sera repris incessamment par l’AADL. «C’est ce qu’on a déclaré l’année dernière, mais on n’a rien vu.
Le chantier est toujours à la traîne», se désole-t-il. Comme lui, ils sont plus de 2500 souscripteurs à vivre dans l’attente et la frustration. Ces citoyens, qui rêvaient de stabilité et de confort pour leur famille, se retrouvent dans l’impasse. Outre la responsabilité des promoteurs, la multiplication des intervenants et les lenteurs administratives viennent aggraver la situation. «La formule LSP/LSP a échoué.
Elle a ruiné tant de promoteurs et de familles», se désole Seifeddine (48 ans), gérant d’un bureau d’études. A Figuier, les 100 LSP patinent depuis 2017. Les postulants ont protesté à maintes reprises et écrit à tous les responsables, mais la situation ne change pas. «L’entrepreneur est défaillant et il a été mis en demeure par le CTC pour non-respect des normes de construction», révèle un postulant, désappointé.
Ferhat Bougaba, président de la commission logement à l’APW, affirme que 95% des projets affectés pour la wilaya ont connu des blocages et des retards dans la réalisation. On en trouve partout : à Naciria, Bordj Menaiel, Khemis El Khechna, Boudouaou, Corso, Dellys, Ouled Heddadj, Hammadi, Issers, Chabet El Ameur, Béni Amrane, Souk El Had, etc.
L’AADL et l’OPGI à la rescousse
M. Bougaba affirme que plusieurs projets ont été retirés aux promoteurs défaillants avant d’être confiés récemment à l’AADL et l’OPGI. Mais cela n’était pas une mince affaire. «Les procédures sont très complexes et il y a des litiges que même la justice aura du mal à résoudre», a-t-il expliqué. A Naciria, le projet des 100 LSP est bloqué depuis 2016 à cause d’un litige foncier qui oppose le promoteur à l’OPGI. A Khemis El Khechna, le décès du promoteur a aggravé les malheurs des souscripteurs, ne sachant plus à quel saint se vouer pour relancer le projet ou récupérer leur argent.
Accusés de tous les maux, certains promoteurs se disent lésés réclament des compensations après l’octroi de leurs projets à l’AADL. D’autres dénoncent des retards dans l’établissement des listes des bénéficiaires et la hausse injustifiée des prix des terrains, ce qui impacte l’équilibre financier de leurs entreprises. «La direction des Domaines m’a exigé de payer le terrain à 50 000m2 alors que le prix du logement est fixé à 40 000 DA/m2 par l’Etat.
J’ai fait un recours en 2021 et j’attends la réévaluation du montant à la baisse», indique M.Bouras, chargé de la réalisation du programme des 140 LPA à Bordj Menaiel. «Avec le prix arrêté par les Domaines, le terrain va me coûter 62 milliards de centimes, soit 23 milliards de plus que le montant de généré par la vente des 140 logements», a-t-il ajouté.
Contrairement aux autres formules, le LPA/LSP n’est pas prisé par les entreprises du bâtiment. Beaucoup d’entrepreneurs affirment avoir construit des logements à perte. La situation est devenue intenable aussi pour les postulants dont la plupart ont mis toutes leurs économies dans ces projets, espérant un avenir meilleur pour leurs proches.