L’expertise douanière a conclu qu'il s'agit de produits finis non CKD : Sept conteneurs saisis à Annaba

27/04/2025 mis à jour: 17:03
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Photo : D. R.

Un parfum de scandale flotte sur les quais du port de Annaba. Sept conteneurs remplis de cuisinières prétendument importées en pièces détachées (statut CKD - Completely Knocked Down) viennent d’être saisis, dévoilant une fraude de grande ampleur. L’expertise commandée par les Douanes algériennes de Annaba est sans appel.

Les produits étaient bel et bien finis, prêts à l’emploi et non destinés à un quelconque assemblage local dans l’usine implantée à Annaba. Selon des sources douanières, «l’infraction est formalisée sous l’article 320 du code des Douanes et expose l’importateur à une amende de plus de 10 millions de dinars.

Le receveur des Douanes doit désormais notifier cette sanction, tandis que la Gendarmerie nationale mène une enquête approfondie». Mais cette affaire n’est pas un coup isolé.

Selon les premières informations, l’importateur mis en cause est un récidiviste notoire. L’an dernier déjà, il avait défrayé la chronique en important massivement des produits électroménagers finis — ventilateurs, air frayer…— étiquetés «Made in Algeria», tout en bénéficiant indûment d’allégements fiscaux réservés aux kits CKD. Le stratagème était simple : déclarer de faux codes tarifaires pour échapper aux droits additionnels de sauvegarde (DAPS), réduisant drastiquement la facture douanière.

L’enquête interne a révélé, selon toujours les mêmes sources, que «l’importateur utilisait notamment la position douanière 8418.91.00.00, théoriquement réservée aux meubles d’équipements frigorifiques soumis à 60% de DAPS, tout en introduisant des produits finis sous la position 8418.10.10.00, exonérée de ce prélèvement. Résultat : une perte fiscale colossale pour l’Etat algérien».

D’après les premiers chiffres compilés, l’impact financier de cette fraude dépasse 1,52 milliard de dinars, aggravé d’une amende de 3,04 milliards, portant le montant total à payer par l’importateur à près de 4,5 milliards de dinars. Un véritable apport fiscal qui a poussé actuellement les Douanes algériennes à lancer une vague de contrôles a posteriori sur toutes les opérations liées à ce même opérateur.

Dans les couloirs de l’administration, l’affaire soulève des interrogations brûlantes sur d’éventuelles complicités internes, notamment au niveau du service central de lutte contre la fraude. «Comment expliquer que cet importateur ait pu récidiver aussi longtemps sans être inquiété ni bloqué ?», s’interroge un haut responsable des Douanes à Alger.

Le général-major Abdelhafid Bakhouche, directeur général des Douanes, récemment salué pour avoir supervisé la saisie spectaculaire de 6000 tonnes de café au port d’Alger et 800 tonnes de bananes à Annaba, est désormais interpellé pour mettre fin à ces abus qui saignent le Trésor public. Ce nouveau scandale ternit encore un peu plus l’image du secteur de l’importation, déjà miné par la fraude. L’enquête, toujours en cours, pourrait bien mettre à nu un réseau de corruption bien plus vaste qu’imaginé. A suivre…

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