L’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient estime que cela prendrait «10 à 15 ans» : L’immense défi de la reconstruction de Ghaza

03/02/2025 mis à jour: 00:25
1295

Alors que le cessez-le-feu conclu entre Hamas et Israël a enfin apporté un peu de répit aux Palestiniens à Ghaza, on prend un peu plus la mesure, à la faveur des images qui nous parviennent de l’intérieur de l’enclave, de l’ampleur de la dévastation au sein de ce minuscule territoire après plus de quinze mois de bombardements acharnés et de pilonnages d’une rare brutalité. 

On n’en est qu’à la première étape, faut-il le souligner, du processus de rétablissement de la paix à Ghaza, avec le sentiment que le cessez-le-feu est encore fragile, cependant, il y a lieu de s’interroger sur le plan de reconstruction de Ghaza sachant que cette question est au cœur de la «phase 3» de l’accord de cessez-le-feu. 

D’abord, un diagnostic des dommages causés aux infrastructures. 

Selon le Bureau palestinien des statistiques, l’ensemble des bâtiments endommagés ou complètement détruits par la guerre contre Ghaza s’élève à plus de 170 812 édifices. 60 368 immeubles sont entièrement pulvérisés, plus de 300 000 logements touchés, 355 écoles et universités affectées dont 136 établissements réduits en ruines. 

A cela s’ajoutent 214 structures gouvernementales, précise l’Office palestinien des statistiques, 823 mosquées, 3 églises, et la majorité des hôpitaux et des centres de soins. Seuls 17 des 36 hôpitaux de l’enclave sont partiellement fonctionnels. Bref, tout doit être reconstruit à Ghaza. 

L’envoyé spécial du président Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré jeudi dans une interview au site d’information américain Axios à l’issue de sa visite à Ghaza que «presque plus rien ne tient debout» dans le territoire palestinien éprouvé par une des campagnes militaires les plus féroces de l’histoire. Et M. Witkoff de lancer : «La reconstruction de Ghaza devrait prendre entre 10 et 15 ans». 

Selon une récente évaluation de l’ONU, le volume des décombres à déblayer s’élève à environ 50 millions de tonnes et pourrait prendre jusqu’à 21 ans pour un coût estimé à 1,2 milliard de dollars. Un rapport du PNUD rendu public en octobre 2024 estime que la guerre génocidaire faite à la population palestinienne de la bande de Ghaza a fait reculer le développement de 69 ans dans le territoire palestinien assiégé. 


«Entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction»

Autre défi majeur : le déminage des terrains qui sont truffés d’obus et de munitions qui n’ont pas explosé. D’après l’OCHA, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, «il faudrait 10 ans pour enlever les explosifs enfouis sous les décombres» à Ghaza. Une opération délicate dont le coût est estimé à 500 millions de dollars. L’agence Wafa rapportait de son côté samedi en citant des ONG qui ont organisé un évènement de soutien à la Palestine à Genève que «le système de santé est complètement effondré dans toute la bande de Ghaza à cause de la guerre d’extermination menée par Israël » et qu’il faut « environ 12 ans pour le reconstruire.»

En mai 2024, l’ONU annonçait que la réhabilitation de Ghaza coûtera «entre 30 et 40 milliards de dollars». Un chiffre qu’il faut désormais revoir à la hausse dans la mesure où la guerre s’est prolongée de près de neuf mois, depuis, causant encore plus de destructions. 

La question maintenant est de savoir comment sera financé ce chantier colossal ? Pour l’heure, le sujet semble prématuré, le cessez-le-feu n’étant, comme nous le disions, qu’à sa première phase. «Qui va payer ?» : c’est LA question, sans réponse à ce stade, pour la reconstruction de la bande de Ghaza. Seule certitude : la tâche s’annonce gigantesque » note le journal Les Echos. 

Reprenant des informations fournies par Haaretz, le quotidien libanais L’Orient-Le-Jour écrivait dans son édition du 22 janvier : «Compte tenu de l’ampleur des destructions, en particulier dans le nord de la bande de Ghaza, où des quartiers entiers ont été réduits à l’état de ruines, la phase initiale de la reconstruction se concentrera sur la mise en place de solutions de logement provisoires, rapporte le quotidien israélien Haaretz. 

Le plan prévoit la création de villes caravanes financées par la communauté internationale, pour accueillir les habitants déplacés pendant que les efforts de reconstruction à long terme se mettent en place. 
Dans cette phase, Israël s’est engagé à faciliter l’entrée des entreprises de construction égyptiennes et à autoriser l’importation d’équipements lourds, de fer et d’autres matériaux essentiels, selon le journal». 

Le quotidien libanais poursuit : «Au-delà de l’aide immédiate, le plan de cessez-le-feu prévoit des dispositions pour une reconstruction à grande échelle dans la troisième et dernière phase de l’accord. Une phase qui s’étalera sur  trois à cinq ans», donnera la priorité aux routes, aux écoles, aux hôpitaux et aux réseaux d’eau, d’égouts et d’électricité, qui ont tous subi des dommages catastrophiques.» Mustapha Benfodil

 


 

Les dégâts se chiffrent à plus de 50 milliards de dollars 

Les autorités ghazaouies estiment que les dégâts directs causés à l’enclave palestinienne par la guerre génocidaire menée par les forces d’occupation sioniste ont atteint plus de 50 milliards de dollars, depuis octobre 2023. «Selon les estimations préliminaires, les dégâts causés par les combats se chiffrent à plus de 50 milliards de dollars, la guerre génocidaire ayant touché tous les domaines de la vie à Ghaza», a précisé hier le chef du Bureau des médias à Ghaza, Salama Maarouf. Il a indiqué que les dégâts causés dans le secteur de l’habitat ont atteint 25 milliards de dollars, le secteur de la santé enregistre 3 milliards de dollars de dégâts, celui de l’éducation et l’enseignement 2 milliards de dollars, et 1 milliard de dollars de dégâts dans le secteur gouvernemental. Des dégâts allant jusqu’à 4 milliards de dollars dans le secteur de services et d’infrastructures, 6 milliards de dollars dans le secteur économique, 2 milliards dans celui de la communication, 600 millions de dollars dans le domaine de l’information et des médias, et 500 millions de dollars dans le tourisme, ont été également enregistrés. Les habitants de l’enclave palestinienne devront reconstruire non seulement des bâtiments résidentiels, mais aussi des hôpitaux, des écoles, des universités, des lieux de culte et des services publics.

Plus de 61 000 Palestiniens tombent en martyrs   

La guerre génocidaire menée par l’armée d’occupation sioniste contre la bande de Ghaza pendant plus de 15 mois a fait pas moins de 61.709 martyrs, dont 47.487 ont été accueillis dans les hôpitaux, et 14.222 autres sont restés sous les décombres, a indiqué hier le chef du Bureau des médias à Ghaza, Salama Maarouf. Maarouf a fait savoir, dans un point de presse tenu dans la ville de Ghaza, que le génocide des forces d’occupation sioniste dans l’enclave a fait «61.709 martyrs, dont 47.487 ont été accueillis dans les hôpitaux, alors que 14.222 autres sont restés sous les  décombres», ajoutant que «17.881 enfants sont tombés en martyrs, en plus de la démolition de 450.000 unités résidentielles». L’occupation sioniste «a tué 17.881 enfants, dont 214 bébés, nés et tués au cours du génocide, alors que 38.000 autres sont devenus orphelins», a-t-il ajouté. «L’occupation a tué 1155 cadres médicaux, 205 journalistes et 194 éléments de la Défense civile», a poursuivi la même source. Le chef du Bureau des média a également affirmé que l’occupation sioniste a arrêté plus de 6000 Palestiniens, dont des dizaines sont tombés en martyrs sous la torture dans les geôles et les centres de détention. «Le déplacement forcé, dû au génocide, a touché plus de 2 millions de Palestiniens, dont certains ont changé de demeure plus de 25 fois, dans des conditions privées du moindre service», a-t-il noté  Le porte-parole de la Défense civile de Ghaza, Mahmoud Basal, a déclaré hier que les habitants de la bande vivaient dans une situation humanitaire «tragique» en raison notamment du manque  d’abris. «La population de la bande de Ghaza vit une situation humanitaire tragique, alors que des dizaines de milliers de citoyens n’ont pas d’abri ni aucun moyen de subsistance», a souligné M. Basal. Il a poursuivi que «de grandes quantités de débris générées par la guerre dévastatrice (sioniste) sont encore dispersées dans les rues et sous les maisons détruites et les bâtiments délabrés». Le porte-parole de la Défense civile de la bande de Ghaza a appelé la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme à «intervenir d’urgence pour sauver la vie des citoyens avant qu’il ne soit trop tard».

Copyright 2025 . All Rights Reserved.