Le projet du port d’El Hamdania transféré à Boumerdès : Chinois et Français dans la course

11/06/2025 mis à jour: 13:32
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Après avoir accusé un long retard, étant initié il y a plus d’une décennie dans le but de désenclaver les pays africains sans accès maritimes, le projet de construction du port d’El Hamdania de transbordement à Cherchell est finalement relancé. 

Mais, avec changement de cap tout en maintenant l’ambition d’en faire un hub en Méditerranée. Le port en eaux profondes est annoncé dans la wilaya de Boumerdès. Le choix se situe entre Cap Djinet et Dellys. C’est donc un transfert de localisation et non un enterrement du projet qui a été décidé, comme l’a annoncé, ce 9 juin, le PDG du groupe des services portuaires Serport, Abdelkrim Ghezal, sur les ondes de la Radio nationale. «Dans notre stratégie, nous avons prévu sa réalisation entre Cherchell et Boumerdès. Je crois que l’option de Boumerdès l’emporte. 

Ce sera peut-être Dellys ou Cap Djinet, car c’est le seul endroit abrité qui reste sur la côte algérienne», a précisé M. Ghezal sans donner de détails sur le partenaire étranger dans ce mégaprojet. M. Ghezal soulignera aussi que cette orientation s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle stratégie nationale de développement portuaire à l’horizon 2035. Une stratégie qui mise sur de nouvelles infrastructures portuaires «en dehors du tissu urbain», et ce, de manière à mettre fin aux blocages d’ordre structurel. 

«Les ports algériens sont aujourd’hui enclavés dans des zones urbaines, avec des tirants d’eau limités, des quais peu linéaires, et des connexions ferroviaires ou autoroutières insuffisantes», a expliqué M. Ghezal dans ce sillage.

  (Abdelkrim Ghezal, PDG du groupe Serport )

«Port intelligent»

Avant ces changements,  il était prévu le transfert du  projet de la société chinoise CSCEC à CHEC, China Harbour Engineering Company, et des sociétés algériennes. C’était en juillet 2023 à l’occasion de la visite du président Abdelmadjid Tebboune en Chine. 

Les Chinois sont-ils toujours dans la course pour l’octroi de ce projet, qui change de localisation ?
La récente visite à Alger de Rodolpe Saadé, patron de CMA CGM – 3e entreprise mondiale de transport maritime, reçu longuement par le président Tebboune – introduit une nouvelle donne. L’armateur français pourrait tirer parti des nouvelle orientations des pouvoirs publics pour s’approprier ce projet, majeur pour le commerce extérieur. 

Le projet qui a fait couler beaucoup d’encre vise en effet à s’ériger en un hub commercial régional. Il sera conçu comme un «port intelligent» s’insérant dans un réseau structuré autour de trois grands corridors logistiques. «Nous nous projetons dans la modernité pour faire de l’Algérie un hub logistique pour le continent africain», a affirmé le patron de Serport. 

Et d’ajouter : «Le futur port-Centre sera connecté à la Route transsaharienne jusqu’à Lagos, de même qu’il sera relié à la ligne ferroviaire Alger-Tamanrasset.»

Pour rappel, le projet initial prévoyait la construction du port d’El Hamdania à Cherchell avec   23 quais, d’un tirant d’eau de 20 mètres et d’une capacité de 6,5 millions de conteneurs et 25 millions de tonnes de marchandises par an, et ce, pour un coût initial de 3,6 milliards de dollars et  dont certains évaluent à plus de 5 milliards de dollars. Les Italiens ont même affiché leur intérêt au projet via la société  Condotte 1880 en février dernier.  Samira Imadalou
 

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