Le partenariat sino-algérien en pleine ascension

17/04/2025 mis à jour: 05:35
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Dans un contexte international marqué par un repli américain, la Chine mise sur une diplomatie économique incarnée par les Nouvelles routes de la soie. Pékin déploie sa stratégie de soft power en consolidant ses partenariats, notamment en Afrique, continent clé pour les marchés émergents, comme en témoignent ces récents accords stratégiques avec l’Algérie. En l’espace d’un mois, Alger et Pékin ont conclu plus d’une dizaine d’accords majeurs, renforçant leur coopération dans des secteurs vitaux.

Ces projets, marqués par un déploiement de l’expertise chinoise, permettront à l’Algérie de diversifier son économie. La coopération s’intensifie dans l’automobile, le segment manufacturé, le BTP, l’agriculture, le secteur des mines, le rail, le numérique ou encore l’énergie. Huit nouveaux accords viennent d’être signés entre des entreprises algériennes et chinoises pour la réalisation de projets d’investissement industriels et agricoles. Ces accords ont été conclus lors des travaux du Forum d’affaires algéro-chinois sur l’investissement, organisé à Alger.

La SNTF s’engage avec l’entreprise chinoise Genertec CNTIC, filiale du groupe CRRC, pour l’implantation en Algérie d’un complexe d’ingénierie et de production d’équipements de transport ferroviaire et de leurs pièces de rechange. Global Agri-Food, filiale du groupe Madar Holding, coopère avec un partenaire chinois pour un projet agricole au Sud. Le groupe Madar et la société chinoise CCECC vont créer une entreprise d’ingénierie industrielle. Le complexe agro-logistique Agrolog et l’entreprise chinoise CRCC ont un projet dans l’aviculture. De son côté, le groupe Condor a signé un contrat avec la société Hisense pour la création d’une usine de production de climatiseurs et de machines à laver en Algérie. Un accord sera signé en mai prochain entre l’entreprise de cycles et motocycles Cycma, à Guelma, et l’entreprise chinoise QJ Motor. 

C’est dans le secteur automobile que le partenariat atteint un haut niveau inédit. L’entreprise algérienne des fonderies Fondal, filiale de la Société publique de sidérurgie (SNS), et le constructeur automobile chinois Jetour prévoient de réaliser une usine à Batna, destinée à produire 270 000 véhicules. Le groupe Iris et le chinois Chery vont réaliser un projet de peinture et de soudure des carrosseries automobiles. En mars dernier, l’entreprise algérienne de tubes et transformation de produits plats (Anabib), filiale de la Société publique de sidérurgie (SNS), et le chinois Auto Lumiar ont créé une joint-venture spécialisée dans les pièces de rechange automobile.

Great Wall Motors, propriétaire de plusieurs marques, dont Haval, Tank et Poer, compte lancer avec son partenaire algérien un projet intégré comprenant l’assemblage de véhicules et la fabrication de pièces détachées. Chery veut aussi fabriquer des pièces détachées pour appuyer la sous-traitance de son futur usine à Bordj Bou Arréridj. Enfin, JAC se prépare à lancer son site d’assemblage dans la zone industrielle Tamzoura, à cheval entre Oran et Aïn Témouchent. Cette intensification des liens sino-algériens intervient dans un contexte marqué par une guerre commerciale brutale enclenchée par le président américain, Donald Trump, autour de barrières douanières. Ces tensions s’inscrivent dans une stratégie visant à empêcher un déclin de la puissance économique et géopolitique des Etats-Unis face à la montée en puissance de la Chine et à ralentir son ascension, révélant une anxiété stratégique face à un monde multipolaire.
 

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