Gros suspense jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes autour du sort du bateau humanitaire le Madleen, un voilier appartenant à la Coalition de la Flottille pour la Liberté (Freedom Flotilla Coalition, FFC) qui navigue en Méditerranée depuis une semaine en direction de Ghaza, et qui a lancé cette expédition maritime pour lever le blocus imposé à l’enclave qui se trouve au bord de la famine. Alors que le bateau est tout proche des côtes palestiniennes, l’armée sioniste a reçu l’ordre de l’empêcher d’accoster à Ghaza.
A bord du voilier ont embarqué 12 militants de différentes nationalités dont l’eurodéputée Rima Hassan et l’activiste suédoise Greta Thunberg connue pour son combat acharné pour le changement climatique.
Le Madleen a entamé sa traversée exactement le dimanche 1er juin depuis le port italien de Catane, en Sicile.
Donnant des informations heure par heure via les réseaux sociaux sur la progression de l’expédition militante, Rima Hassan a indiqué hier, à la mi-journée, via son compte X : «L’armée israélienne prévoit d’intercepter et de saisir le navire en déployant des bateaux lance-missiles et des commandos d’élite de la marine Shayetet 13.» Elle explique dans la foulée : «Shayetet 13 est la principale unité de commandos spéciaux de la marine israélienne, souvent comparée aux SEALs de la marine américaine et connue pour ses raids secrets et à haut risque.»
«Il faut que l’opinion soit mobilisée»
Dans un entretien-vidéo au journal français L’Humanité dont l’élue et avocate palestinienne de 33 ans a partagé un extrait sur l’ex-Twitter, Rima Hassan a appelé à intensifier la mobilisation en soutien à la Flottille de la Liberté : «Il faut continuer à être extrêmement mobilisés. Parce que pour nous, ça va se jouer dans les prochaines heures. Il faut bien avoir à l’esprit qu’en cas d’interception, internet sera coupé quelques heures avant. Nous serons sous surveillance pendant un moment avant l’arrivée des soldats israéliens. Il se peut qu’on soit menottés pendant sept à neuf heures à bord du navire sans pouvoir boire, manger, ni aller aux toilettes, jusqu’à ce qu’on soit amenés à Ashdod. Là-bas nous serons sûrement placés en détention, interrogés plusieurs heures pour certains, sans moyen de communiquer avec qui que ce soit. Donc on se prépare à ça et cela nécessite que l’opinion soit vraiment très mobilisée, très attentive à tout ce qui va se passer dans les prochaines heures pour nous», a déclaré la militante palestinienne. Et de faire remarquer : «Les autorités israéliennes ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles allaient intervenir. Mais nous avons tout fait pour faire peser une pression sur nos Etats afin d’obtenir ce passage sûr vers Ghaza. Et on est forcément un peu déçus de ne pas pouvoir aller au bout de cette mission.»
Sous le slogan : «We demand a safe passage for the Freedom Flotilla», une pétition internationale a été lancée il y a plusieurs jours pour exiger un passage sécurisé au bateau humanitaire jusqu’à Ghaza. Dans cette pétition, on peut lire : «Le Madleen, navire humanitaire de la Freedom Flotilla Coalition, transporte des médicaments, de la nourriture et des produits pour bébé vers Ghaza, où l’aide humanitaire ne rentre plus depuis le 2 mars. Plus de 90% de la population connaît la famine.»
Et le texte de souligner : «Alors que la Flottille approche de Ghaza, les risques d’attaque ou de détention illégale par Israël s’intensifient. De précédents navires ont été attaqués par Israël, causant des morts, des blessés ou encore la destruction du bateau.» «Cette campagne vise à interpeller les gouvernements des pays dont sont originaires les membres de l’équipage et au large desquels le navire passera dans les prochains jours (France, Suède, Allemagne, Espagne, Brésil, Turquie, Pays-Bas, Grèce, Egypte) pour exiger : un passage sécurisé pour le navire, l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire à Ghaza, le respect du droit international par Israël», ajoute la pétition. Selon Rima Hassan, plus de 200 parlementaires européens ont signé une lettre ouverte adressée à Israël, demandant d’autoriser le Madleen à entrer à Ghaza.

«Nous n’avons pas peur»
Samedi, le navire humanitaire s’est approché du littoral égyptien. «Nous naviguons actuellement au large des côtes égyptiennes», a indiqué à l’AFP la militante allemande de défense des droits humains Yasemin Acar. Un peu plus tard, elle a affirmé que le voilier était proche d’Alexandrie. «Nous sommes à environ 288 milles marins, ce qui signifie que dimanche soir nous serons probablement près des eaux territoriales de Ghaza», a-t-elle signalé à l’AFP. La même activiste a précisé que le Madleen naviguait sous pavillon britannique. L’équipage a fait savoir de son côté qu’il y avait des «drones à proximité du bateau», rapporte l’agence française.
Dans un communiqué diffusé avant-hier depuis Londres, le Comité international pour briser le siège de Ghaza – organisation membre de la Coalition de la Flottille de la Liberté – a confirmé que le navire était entré dans les eaux territoriales de l’Egypte, voisine de la bande de Ghaza.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a donné instruction hier à l’armée sioniste d’empêcher le Madleen d’atteindre la côte de Ghaza. «A Greta l’antisémite et ses compagnons (…), je dis clairement : vous devriez faire demi-tour, car vous n’atteindrez pas Ghaza» a-t-il menacé avant d’ajouter qu’Israël «ne permettra à personne de briser le blocus maritime de Ghaza».
Dans un nouveau message publié hier sur X en fin d’après-midi, Rima Hassan écrit : «Il nous reste moins de 24 heures avant de nous faire arrêter illégalement par les autorités israéliennes qui veulent nous empêcher d’atteindre la bande de Ghaza. Lorsque nous n’aurons plus la possibilité de communiquer avec vous, je compte sur vous pour continuer votre mobilisation qui nous a été si précieuse pendant cette traversée.
Continuez de partager notre campagne (http://palestine.risefor.org/s/freedom-flotilla-0406…). Continuez d’en parler autour de vous. Continuez de vous battre pour la libération de la Palestine.» Les passagers du Madleen ont fait part en fin de journée ce dimanche de leur détermination à aller au bout de leur traversée malgré les avertissements israéliens. «Nous resterons mobilisés jusqu’à la dernière minute - jusqu’à ce qu’Israël coupe internet et les réseaux», a affirmé Rima Hassan à l’AFP alors que le Madleen était encore dans les eaux égyptiennes. «Nous n’avons pas peur des Israéliens», a martelé Yaesmin Acar. «Le message qu’ils nous envoient (...) ne nous fait pas reculer», a-t-elle insisté.
La Coalition de la Flottille pour la Liberté a été fondée en 2010. Sur son site officiel (https://freedomflotilla.org/), elle se présente comme «un mouvement de solidarité populaire composé de campagnes et d’initiatives provenant de différentes parties du monde, qui travaillent ensemble pour mettre fin au blocus israélien illégal imposé à la bande de Ghaza».