Le monodrame Houna wal’ane présenté à Alger : Une belle leçon de vie pour se refaire

10/02/2025 mis à jour: 15:18
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Succession de moments de détresse que la femme réfute et renie par un éclat d’humeur perceptible dans sa gestuelle violente - Photo : D. R.

Houna wal’ane (ici et maintenant), un monodrame qui mêle la dramaturgie à la danse contemporaine, a été présenté samedi à Alger, plaidant la cause de la femme, en l’invitant à se libérer de toutes ses déceptions et vivre pleinement l’instant présent pour se projeter vers l’avenir avec sérénité.

Accueilli à la salle annexe Hadj Omar du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), le spectacle, mis en scène par Samah Smida sur un texte de sa plume, est un plaidoyer en faveur de la femme algérienne, africaine et universelle pour son droit à disposer de sa vie, et réaliser ses ambitions sans réveiller les blessures du passé au risque de compromettre le présent et nourrir les appréhensions dévastatrices d’une  éventuelle progression vers un avenir meilleur.

Houna wal’ane qui aurait pu, également, prendre pour intitulé, Carpe diem (expression latine qui signifie vivre l’instant présent sans se soucier du passé ni avoir peur du futur), s’érige en leçon de vie qui attire l’attention de l’individu en général, sur la nécessité de se défaire  de tous les tourments vécus et consommer «à grandes bouchées», les moments  présents.

Sur un fond musical empreint de désarroi et de tristesse et un éclairage  feutré et sombre, une femme élancée au regard mélancolique avance lentement  toute de noir vêtue, esquissant des mouvements gracieux qui expriment son  élégance qu’elle essaye de consigner par une gestuelle folâtre sur les pages imaginaires d’un journal intime.

Autour d’elle, des feuilles écrites et des photos jonchent le sol et l’entourent, l’empêchant de sortir et d’aller au-delà de ce cercle  restrictif qui limite l’espace et réduit le souffle de vie, alors qu’au-dessus d’elle, des pièces d’étoffes disparates et des effets vestimentaires sont suspendus, renvoyant à des moments de vie décisifs, porteurs de bouleversements, de rebondissements et de déséquilibres.

La beauté du geste et la grâce du mouvement illustrent la bande son qui suggère le rythme de la vie et incite le corps à se raconter, dessinant  ainsi dans l’air, une succession de moments de détresse que la femme réfute  et renie par un éclat d’humeur perceptible dans sa gestuelle violente et agressive et les traits de son visage ferme et glacial.

Message exclusivement féminin

Tantôt debout, se déplaçant lourdement vers l’avant-scène comme pour montrer une volonté renouvelée à la détermination recréée, pourtant éphémères, car le désir et l’envie d’aller de l’avant sont vite interrompus par des postures assises ou couchées à même le sol renseignant sur la descente aux abîmes et le retour vers le doute et l’incertitude.

«Le message que je voudrais transmettre au public, à travers ce spectacle est de dire l’importance et la nécessité de se refaire en faisant d’abord abstraction de toutes les déceptions du passé, puis en tirant les enseignements qui s’imposent et en tenir compte pour ne pas refaire les mêmes erreurs», explique Samah Smida. 

Produit par la Coopérative artistique et culturelle Wach, en collaboration avec le TNA et l’Institut supérieur des métiers des Arts du spectacle (Ismas), le monodrame Houna wal’ane a également été servi par Lydia et Inès Fettan, dans des rôles suggérés, renvoyant au passé et à  l’avenir du personnage principal.

En précieux conseiller artistique, le grand Hamza Djaballah a prêté main-forte à la metteure en scène, également soutenue par le photographe et organisateur de l’exposition de portraits du spectacle sur le hall  d’entrée, le jeune talentueux Iheb Mahfoud.

Dans un spectacle plein, qui, selon quelques avis de spectateurs avertis, «mériterait d’être programmé dans la grande salle du TNA et encouragé en le dotant de plus de moyens, au regard de la scénographie minimaliste et la bande son tirée d’extraits de musiques repris», Samah Smida a donné sa leçon à toutes celles et ceux qui voudraient bien accepter de faire un travail sur eux-mêmes pour redémarrer sur des bases meilleures.

«Ce spectacle mériterait de participer au 7e Festival national du théâtre féminin de Annaba, car il est porteur d’un message exclusivement féminin, fort et puissant qui répare les esprits par la force du bon sens et de la raison», a déclaré une femme au chapeau capeline. Le monodrame Houna wal’ane de Samah Smida, diplômée de l’Ismas en 2005 en chorégraphie, option danse contemporaine et danse-thérapie, est attendu encore au TNA pour quatre autres représentations.

 

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