Le Hamas dénonce le jeu trouble d’Israël : «Netanyahu met en danger l’accord de cessez-le-feu»

10/02/2025 mis à jour: 04:04
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Libération des otages, après un cessez-le-feu entre le Hamas et l’Etat sioniste - Photo : D. R.

Dans une interview accordée à l’AFP, Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, a fustigé les manœuvres de Benyamin Netanyahu pour faire échouer le processus de cessez-le-feu en cours. «Ce que nous constatons, c’est un retard et un manque d’engagement dans la mise en œuvre de la première phase, ainsi qu’une tentative de créer un environnement politique, diplomatique et médiatique destiné à faire pression sur les négociateurs palestiniens avant l’entrée dans la deuxième phase. Cela met clairement l’accord en danger et pourrait mener à son arrêt ou son effondrement», a déclaré Bassem Naïm.

Trois semaines après l’entrée en vigueur de la trêve conclue entre Hamas et Israël, les deux parties devraient se retrouver dans quelques jours pour entamer les négociations à propos de la deuxième phase du cessez-le-feu. L’accord préliminaire prévoyait que la deuxième phase devait aboutir à la libération de tous les otages et la conclusion d’un cessez-le-feu permanent, et donc la fin de la guerre.

D’après l’AFP, le bureau du Premier ministre israélien a annoncé samedi que Benyamin Netanyahu a envoyé une équipe de négociateurs à Doha pour discuter de la suite du processus devant aboutir à l’arrêt définitif des combats. Dans le même temps, le boucher de Ghaza a déclaré dans un message vidéo posté samedi soir, selon des propos rapportés par l’AFP : «Nous éliminerons le Hamas et ramènerons nos otages.

C’est l’ordre. Et c’est ce que nous ferons.» Depuis son voyage à Washington et le soutien inconditionnel qu’il a reçu de la part de Donald Trump, avec comme «bonus» inespéré l’annonce faite par le président américain de ce plan machiavélique qui lui trotte dans la tête, qui consiste à vider Ghaza, ce qui est synonyme d’une deuxième Nakba pour les Palestiniens, Netanyahu se croit plus que jamais intouchable.

«La délégation envoyée à Doha n’a pas de mandat réel»

Cela le pousserait visiblement à envisager d’autres plans pour la suite des événements, et d’aucuns le soupçonnent de songer à faire machine arrière et renoncer carrément à l’accord conclu avec le Hamas.  Selon des médias israéliens, Netanyahu aurait véritablement l’intention, en effet, de rompre l’accord du 15 janvier. «It’s a show» (c’est de la comédie) écrit le quotidien de centre-gauche Haaretz, favorable à la création d’un Etat palestinien. Haaretz fait allusion à la délégation envoyée à Doha.

«Des sources israéliennes estiment que M. Netanyahu a l’intention de faire échouer le cessez-le-feu à Ghaza alors qu’une délégation se rend à Doha», rapporte Haaretz. «Selon une source, la délégation se rend au Qatar ‘‘sans pouvoir faire quoi que ce soit’’. Une autre source prévient que la conduite du Premier ministre pourrait également faire échouer la phase actuelle de l’accord : ‘‘Une fois que le Hamas aura réalisé qu’il n’y a pas de phase 2, il n’achèvera pas non plus la première phase’’», poursuit le même journal.

D’autres médias hébreux abondent dans le même sens, affirmant que «la délégation envoyée à Doha n’a pas de mandat réel» et que Netanyahou «signale clairement qu’il n’a pas l’intention d’atteindre la deuxième phase du cessez-le-feu».

Dans une interview accordée à l’AFP diffusée samedi, Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas et ancien ministre de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza, a déploré le jeu trouble de Netanyahu, estimant que le dirigeant sioniste «met en danger» l’accord de cessez-le-feu. «Ce que nous constatons, c’est un retard et un manque d’engagement dans la mise en œuvre de la première phase, ainsi qu’une tentative de créer un environnement politique, diplomatique et médiatique destiné à faire pression sur les négociateurs palestiniens avant l’entrée dans la deuxième phase.

Cela met clairement l’accord en danger et pourrait mener à son arrêt ou son effondrement», a déclaré Bassem Naïm. Le haut responsable politique au sein du mouvement de résistance palestinien a tenu à préciser dans la foulée : «Un retour à la guerre n’est ni notre souhait ni notre décision. Mais si une partie choisit de reprendre les hostilités, le peuple palestinien, qui a souffert pendant quinze mois et a la résistance dans son cœur, sera prêt à répondre de manière appropriée.»

Interrogé par l’AFP sur la date exacte de la reprise des négociations pour la mise en œuvre de la deuxième phase de l’accord, Bassem Naïm a indiqué que les discussions étaient déjà en retard d’une semaine. «Nous nous attendions à ce que les discussions pour la deuxième phase commencent (...) lundi dernier (3 février, ndlr). Nous sommes toujours prêts à partir. Mais l’occupation israélienne retarde (...) jusqu’à présent, je n’ai pas de date spécifique pour le début du processus de négociation. Elles pourraient reprendre dans les jours qui viennent», a-t-il expliqué.

Le plan de Trump «est un crime contre l’humanité»

Invité à réagir à la sortie provocatrice de Donald Trump sur Ghaza, le représentant du Hamas a répondu : «Forcer deux millions de Palestiniens à quitter leur patrie, quelle qu’en soit la raison, est un crime contre l’humanité et un acte de nettoyage ethnique.

Tous les pays arabes, sans exception, ainsi que de nombreux Etats musulmans et d’autres nations à travers le monde, ont pris une position claire rejetant cette offre (...) parce que le peuple palestinien refusera de partir. Et aucun Etat n’est prêt ou disposé à les recevoir.»

Commentant les récents propos de Netanyahu annonçant une normalisation imminente des relations avec l’Arabie Saoudite, Bassem Naïm a exhorté tous les pays arabes à faire front contre Israël et à rejeter toute offre de normalisation : «Nous les appelons à ne pas normaliser», a-t-il insisté, avant d’ajouter : «Nous appelons tous les pays arabes, tant ceux qui ont déjà normalisé que ceux qui envisagent de le faire, à se rétracter, car cette entité, qui a usurpé la terre palestinienne il y a 76 ans, représente une menace pour toute la région, pas seulement pour les Palestiniens. C’est la cause de la plupart des problèmes de la région, et nous les appelons tous à arrêter cette normalisation ou toute nouvelle étape vers la normalisation.» 
 

 

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