Entre autres solutions pour parer le spectre des robinets à sec, l’Algérie, tirant profit de sa côte balnéaire, qui s’étend sur une longueur de 1200 km, a opté pour l’aménagement de près d’une quarantaine de stations de dessalement.
Oran n’est pas en manque, puisqu’elle en compte plusieurs, celle de Bousfer, Aïn El Turk, Arzew (Kahrama), El Mactaâ et tout prochainement celle de Cap Blanc.
Il aurait été, certes, tellement plus simple et surtout beaucoup moins coûteux que d’opter pour la récupération des eaux pluviales au lieu d’investir en ces mégaprojets, mais cela est sans compter sur le climat délétère d’une wilaya comme Oran, avec une pluviométrie aléatoire, capricieuse, voire souvent aux abonnés absents.
L’investissement en ces stations de dessalement est donc une nécessité absolue, sans quoi, le problème de l’eau ne sera jamais résolu à Oran, à plus forte raison que la démographie, sans cesse grandissante, fait augmenter chaque année la pression. Plein zoom, donc, sur ces différentes stations de dessalement grâce auxquelles la crise de l’eau à Oran, pour ne pas être totalement éradiquée, est plus ou moins maîtrisée.
La plus imposante est sans conteste celle d’El Mactaâ, d’une capacité actuelle de production de plus 480 000 m3 par jour, un chiffre qui a été revu à la hausse ces dernières années, après avoir longtemps stagné dans les 250 000 m3. Lancée en 2008, ce n’est que six années plus tard, soit en 2014, qu’elle a été réceptionnée.
De l’avis de beaucoup, cette station est considérée comme l’une des plus grandes au monde, même si, malheureusement, sa capacité de production, bien que conséquente, ne soit pas suffisante pour répondre à la demande d’une wilaya comme Oran, forte de deux millions d’habitants et qui, jusqu’à l’année dernière, avait besoin de 600 000 m3 journellement pour répondre aux besoins de sa population.
Aujourd’hui, si on additionne les productions des différentes stations, on se retrouve avec un chiffre avoisinant les 530 000 m3, ce qui explique les raisons des coupures périodiques ou des restrictions que subissent certaines agglomérations, en n’ayant pas l’eau dans les robinets 24h sur 24.
Cependant, avec la mise en fonction, dans les toutes prochaines semaines, de la station de Cap Blanc (communes de Aïn El Kerma) et sa capacité de production de l’ordre des 300 000 m3/j, Oran pourra se targuer de s’être débarrassée, et une bonne fois pour toute, de son problème de distribution d’eau. A cela, elle pourra davantage soulager les wilayas avoisinantes, à savoir Sidi Bel-Abbès, Mascara ou même Aïn Témouchent, en optimisant significativement les quotas d’eau qu’elle leur distribue. Rappelons que pour mener à bien cette démarche, c’est tout un réseau de conduite qui a été aménagé, long de 50 km, en vue d’acheminer l’eau de ladite station (Cap Blanc) vers les wilayas limitrophes.
Pas plus tard que samedi dernier, les services de Sonatrach ont même procédé aux essais techniques, en somme les dernières retouches, pour voir si rien ne clochait, avant de mettre en service cette station, en principe au courant du mois de février.
Ces essais ont été concluants, ce qui veut dire que la station pourra démarrer dans les délais qui lui ont été fixés. Sommes-nous donc arrivés au bout du tunnel ? Il faut dire que la question de l’eau à Oran a toujours été problématique, si on excepte une parenthèse enchantée, s’étalant sur une poignée d’années (la fin des années 2000 et le début des années 2010) où l’eau coulait à flot dans les robinets et en H24.
Les plus anciens, ceux qui se rappellent des années 1980 et 1990, tous se souviennent de ces scènes de vie ubuesques où, faute d’eau dans les robinets, les ménages se rabattaient sur les marchands d’eau douce qui faisaient rentrer leurs grosses citernes dans les cités et vendaient de l’eau à la criée.
Tous se souviennent aussi de ces moments drolatiques où, avant de dormir, on mettait le réveil à 3h du matin, car c’était à cet horaire précisément que l’eau coulait dans les robinets et qu’il fallait bien remplir bassines et autres récipients.
De plus, en ces années-là, en plus d’être rare, l’eau qui coulait dans les robinets n’était pas potable… ou du moins pas buvable tant elle était salée à discrétion. D’où la fameuse phrase, emplie d’ironie, des jeunes des années 1980, qui raillaient les nouveaux riches en disant «la tchitchi wel ma maleh».
Autant dire donc qu’Oran est revenue de loin, aujourd’hui qu’elle est sur le point de régler, et pour de bon, son problème d’eau…