Le bras de fer place Beauveau/Elysée continue : Retailleau veut diminuer l’immigration algérienne

12/03/2025 mis à jour: 12:31
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Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, continue de s’en prendre aux Algériens. Une nouvelle note faussement secrète a été divulguée dimanche. Son ton vindicatif tranche avec l’apaisement prôné par le président Emmanuel Macron. 

 

Redoutable accroche hier à la une du quotidien de la droite libérale l’Opinion : «La France risque moins de périr que de dépérir».

 Avec au-dessous un titre fort sur la dette, déjà «hors de contrôle» et qui va être encore plus insupportable avec les dépenses de défense que le président Emmanuel Macron et ses homologues européens veulent démultiplier. C’est dire le cadre global dans lequel se débat la société française en crise. 

Alors que le président français, sans majorité politique, cherche à se reconstituer une légitimité en agitant un hypothétique terrain de guerre, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, l’accable encore un peu plus, continuant de s’exhiber la fleur au fusil contre l’Algérie alors que Macron avait sifflé la fin d’un jeu malsain. 

Dans un article soigneusement déguisé en nouvelle «note secrète» remise par la Place Beauveau à une journaliste complaisante du Journal du dimanche (JDD, groupe Bolloré), Retailleau impose ses vues contre l’Elysée dont il sait la faiblesse politique depuis la dissolution du printemps dernier. 

Il distille des mesures visant directement le peuple algérien, et non plus seulement la désormais célèbre «nomenclature». Avec pour objectif d’occuper le terrain, mais surtout de s’opposer une fois de plus au président de la République, qui avait indiqué que le dossier des Accord franco-algériens (AFA) de 1968 est de la compétence présidentielle.

SATURER L’ESPACE PUBLIC AVEC DES PRÉTENDUES CONFIDENCES

Il n’est pas le lieu ici de développer les thèses sordides, pour ne pas dire xénophobes, de Retailleau. Il suffit de résumer son objectif, répondre au Président. Ce dernier, selon ses détracteurs d’extrême droite qui ont envahi l’univers politico-médiatique, ne veut pas de «rapport de force» contre l’Algérie, car il craint la «diaspora algérienne» qui pourrait «casser la baraque». Des proches de l’Elysée le susurrent en off à des oreilles de journalistes bien disposés à le relayer.

Dans une France sans ligne politique claire, il est de bon ton de saturer l’espace public avec des prétendues confidences ou notes secrètes qui n’en sont pas. Telle est la démarche du ministre de l’Intérieur qui ne cesse de faire fuiter des rapports. 

Cela lui permet de tester les mesures anti-algériennes qu’il promeut. Il donne ainsi de la matière aux chaînes d’extrême droite qui vont les rabâcher des heures durant et aux journaux de la sphère Bolloré de crier au scoop. 

Dernier événement du genre, la publication dimanche dernier par le Journal du dimanche des intentions du ministère de l’Intérieur. «Le pouvoir algérien serait donc fort d’une capacité d’ingérence inégalée : mobiliser sa nombreuse diaspora contre une décision de la France, prise au nom de la sécurité des Français», écrit le JDD. Il ne manque plus que le couteau entre les dents et on a là l’envahisseur désigné qu’il faut bouter hors de la prétendue zone de confort française. 

D’autant que la journaliste s’inquiète que «cette diaspora, qui fait si peur au Président, s’accroît d’année en année». A cause de quoi estime-t-elle ? «Par le biais de l’Accord franco-algérien qu’il refuse de dénoncer.» Le JDD donne ainsi un bon point pour Retailleau et sanctionne d’un blâme Macron. 

METTRE EN CAUSE L’IMMIGRATION FAMILIALE

Dès lors que faire pour appuyer ou ça fait mal ? Mettre en cause l’immigration familiale «qui constitue un puissant accélérateur d’arrivées en France». Et le JDD de détailler des mesures inexistantes et mensongères sur les trop grandes facilités de faire venir son conjoint ou sa conjointe ou ses enfants. 

Le journal décrit un parcours idyllique bien loin de la réalité. Les Algériens qui sont passés par là pourront en témoigner, avec les délais insupportables, parfois de plusieurs années, surtout depuis la dématérialisation de l’administration. 

Mais en service commandé, le JDD attribue des vertus inexistantes à l’accord de 1968, nombre de fois révisé pour se rapprocher du domaine commun. Ainsi le JDD écrit qu’il est «particulièrement aisé d'entrer sur le sol français par un tout autre moyen puis de s’y maintenir au titre d’une activité professionnelle».

 
Le journal regrette cette facilité imaginaire à obtenir une résidence comme entrepreneur et ajoute que les dispositions sont «parfois détournées et utilisées comme moyen d’immigration, notamment par le biais de mariages au pays». En clair, le JDD signifie aux Algériens de passer leur chemin et d’aller voir ailleurs… Ce que beaucoup d’ailleurs font déjà face à ce climat malsain. 

France
De notre correspondant  Walid Mebarek

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