Le paysage mondial de la production de gaz naturel devrait connaître une transformation fondamentale d’ici 2050.
Une étude effectuée par les experts du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) révèle que l’Afrique, l’Eurasie et le Moyen-Orient domineront le marché du gaz en devenant les principales sources d’approvisionnement d’ici à l’horizon 2050, avec un volume estimé à 54% de la production mondiale.
«Cette évolution modifiera les flux commerciaux, les schémas d’investissement et les relations géopolitiques dans le secteur de l’énergie», prédisent les mêmes experts misant sur une croissance en Afrique, en Eurasie et au Moyen-Orient devant créer de nouvelles opportunités économiques dans ces régions et renforcer la sécurité énergétique mondiale grâce à une plus grande diversification de l’approvisionnement.
«Les tarifs douaniers d’avril 2025 imposés par les Etats-Unis et les réactions internationales qui ont suivi ont montré à quel point les chaînes d’approvisionnement concentré restent vulnérables aux interventions géopolitiques», indique l’étude qui s’attend à ce que le paysage de production plus équilibré prévu jusqu’en 2050 permettra d’offrir aux pays importateurs une plus grande marge de manœuvre pour s’approvisionner en gaz. «Cette flexibilité leur permet d’atténuer l’impact des restrictions commerciales et de s’adapter à l’évolution des circonstances géopolitiques», affirme le document du GECF. La satisfaction de la demande de gaz dépend de la stabilité et de la diversification de l’offre mondiale.
La production mondiale de gaz naturel devrait atteindre, selon le dernier Global Gas Outlook 2050 du GECF, 5317 milliards de mètres cubes d’ici le milieu du siècle, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de 1%. «Si l’Amérique du Nord domine aujourd’hui la production mondiale avec 31%, sa part devrait diminuer au fur et à mesure que les nouveaux centres de production émergents prennent de l’ampleur», prévoit l’étude des experts du GECF. Ainsi, «la croissance constante de la production au Moyen-Orient au cours de toutes les décennies de la période de prévision et l’émergence de l’Afrique en tant que moteur de croissance de la production de gaz au cours de la période de transition (2030), et face au déclin de la production de gaz en Amérique du Nord sont les facteurs permettant une base d’approvisionnement plus diversifiée et géopolitiquement équilibrée».
Le GECF s’attend à une hausse de la demande de gaz naturel alors qu’un ralentissement significatif sera marqué pour la production de l’Amérique du Nord tombant à 26% de parts de marché jusqu’au milieu du siècle après l’épisode d’expansion rapide induite par la révolution du schiste.
«En Algérie, la production non conventionnelle devrait commencer en 2030»
L’Afrique devrait presque doubler sa production avec une hausse remarquable de 99% tandis que le Moyen-Orient augmentera de 70%. L’Amérique latine et l’Eurasie afficheront une croissance substantielle de 52% et 42%. Le Moyen-Orient devrait ajouter 461 milliards de m3 à la production mondiale de gaz jusqu’en 2050, grâce à cinq pays, dont l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Irak, et l’Iran. Les producteurs de l’Afrique du Nord continueront de leur côté à jouer un rôle essentiel dans le portefeuille gazier du continent. «L’Algérie maintiendra son rythme de production en développant à la fois des ressources conventionnelles et non conventionnelles. La production non conventionnelle devrait commencer au début des années 2030», indique la même projection. L’Egypte, pour sa part, se concentrera sur l’offshore dans les blocs Marakia Nord et la Concession d’Alexandrie Nord.
La Libye prévoit de doubler sa production de gaz avec notamment le projet BouriGas ou la relance de l’exploration dans le bassin de Ghadames. «D’ici la fin de la décennie, la production offshore de l’Afrique dominera le portefeuille gazier du continent, représentant plus de 60% de la production totale de gaz contre seulement 35% en 2023» prédit-on en évoquant des projets de producteurs émergents d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Nadjia Bouaricha