La crise prend une autre tournure : Expulsion de 12 agents français par Alger

15/04/2025 mis à jour: 22:12
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Chancellerie diplomatique de France en Algérie

L’Algérie a décidé «souverainement» de déclarer persona non grata 12 agents exerçant auprès de l’ambassade et des consulats de France en Algérie, relevant de la tutelle du ministère de l’Intérieur de ce pays, avec obligation de quitter le territoire national sous 48 heures, a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE). 

Cette décision «fait suite à l’arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique, par les services sous tutelle du ministère de l’Intérieur français d’un agent consulaire d’un Etat souverain accrédité en France, en date du 8 avril 2025. 

Ce procédé indigne, par lequel le ministre de l’Intérieur voulait rabaisser l’Algérie, s’est fait sans aucune considération du statut consulaire de cet agent, en faisant fi de tous les usages et pratiques diplomatiques et en flagrante violation des conventions et traités pertinents en la matière», a ajouté la même source. L’Algérie «tient à rappeler que cet acte indigne est la conséquence de l’attitude négative, affligeante et constante du ministre de l’Intérieur français vis-à-vis de l’Algérie». «Ce ministre, qui excelle dans les barbouzeries à des fins purement personnelles, est en manque flagrant de discernement politique. 

En procédant à une vulgaire arrestation d’un agent consulaire protégé par l'immunité et les privilèges rattachés à son statut et en le traitant de façon honteuse et indigne tel un voleur, il porte la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l’Algérie et la France, au moment où celles-ci venaient d’entamer une phase de décrispation à la faveur de l’entretien téléphonique entre les chefs d’Etat des deux pays, lequel a été suivi par la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères», lit-on dans le communiqué. 

L’Algérie réaffirme que «toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l’Intérieur français recevra, sur la base de la réciprocité, une réponse ferme et adéquate». 

En clair, la crise entre Alger et Paris prend un autre tournant. Dans une déclaration écrite remise aux journalistes et rapportée hier par Le Monde, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que «cette mesure faisait suite à l’arrestation de trois ressortissants algériens» dans le cadre de l’affaire du dénommé Amir.Dz. «Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion (…)», a dit Barrot dans la déclaration transmise aux médias. «Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n’aurions d’autre choix que d’y répondre immédiatement», a-t-il ajouté. 

Samedi, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères (MAE), Lounès Magramane, a reçu, au siège du ministère, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour lui exprimer la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français.

«Case départ»

«L’Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l’appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire», a souligné un communiqué du MAE. «Sur le plan de la forme, l’Algérie rappelle que l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique, puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le consulat d’Algérie à Créteil, ainsi qu’à la pratique prévalant en la matière entre l’Algérie et la France», selon le communiqué, précisant que «sur le plan du fond, l’Algérie retient surtout la fragilité et l’inconsistance de l’argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du ministère de l’Intérieur français durant les auditions, lequel appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile» du dénommé Amir Boukhors.

 «Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l’apaisement. L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette situation sans conséquences, tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire», avait averti le MAE. Hosni Abidi, professeur en relations internationales à Genève, a expliqué hier à El Khabar que l’affaire de l’arrestation de l’agent consulaire algérien à Paris «pourrait ramener la crise diplomatique entre les deux pays à la case départ». 

Il a ajouté que cela intervient «après une lueur d’espoir d’un réchauffement des relations entre Alger et Paris suite à l’appel téléphonique entre les présidents Tebboune et Macron le 31 mars et la visite de Jean-Noël Barrot en Algérie le 6 avril». 

Rappelons qu’une  crise diplomatique sans précédent a éclaté entre Alger et Paris en juillet 2024, après la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. M. Abdelkrim
 

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