La Banque mondiale prévoit l’épuisement du FRR : «Augmentation de la dette publique à partir de 2025»

10/06/2025 mis à jour: 00:44
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La Banque mondiale a, dans son rapport de printemps, fait un constat plutôt mitigé sur l’état de l’économie algérienne et ses perspectives. 

Car si elle a distribué de «bons points» par apport à certaines réalisations, notamment la forte croissance hors hydrocarbures en 2024 (compensant la contraction de 1,4% du PIB des hydrocarbures) et le recul de l’inflation à 4% durant la même année, il n’en demeure pas moins qu’elle fait état surtout de certains risques auxquels notre économie reste plus que jamais exposée. 

Son diagnostic est d’une précision d’un chirurgien qui va énumérer un ensemble de facteurs à surveiller et sans doute à améliorer pour contrecarrer les fragilités systémiques de notre appareil de production dans un contexte international plutôt instable, voire défavorable. Les incertitudes exceptionnelles liées à l’évolution de l’économie mondiale et aux questions géopolitiques, notent les rédacteurs du ce document, menacent les prix du pétrole et du gaz, qui représenteraient toujours 79% des recettes d’exportation et 43% des recettes budgétaires en 2025.

«La croissance du PIB réel devrait ralentir à 3,3% en 2025, à mesure que les secteurs extractifs se redressent et que les investissements publics se stabilisent. Dans le cas où les prix mondiaux du pétrole restent faibles, les déficits budgétaire et extérieur pourraient s’accentuer», a-t-elle souligné. 

Et d›ajouter ensuite : «La baisse de la production d’hydrocarbures, conjuguée à la hausse des importations, a entraîné le retour d’un léger déficit du compte courant, une diminution des réserves de change et un creusement du déficit budgétaire». «Après deux années d’excédents, la balance du compte courant est redevenue déficitaire en 2024. 

La contraction des exportations (–10,2 %) s’est combinée à la hausse des importations (+9,7%), notamment alimentaires, d’équipement et de véhicules, pour générer un déficit du compte courant à hauteur de 1,7% du PIB. La baisse des prix du pétrole en 2025 entraînerait un creusement de ce déficit (6,6 % du PIB) et, avec un ralentissement modéré de l’importation, une baisse dans les réserves de change», note ledit rapport.

«Accélérer la transformation structurelle»

Le représentant résident de la BM en Algérie, Kamel Braham, a indiqué que «les équilibres budgétaire et extérieur demeurent très sensibles aux prix du pétrole et du gaz». «Accélérer la transformation structurelle, a-t-il précisé, est essentiel pour renforcer la résilience et soutenir une croissance durable». Les chiffres sont éloquents. 

La BM fait ressortir que le déficit budgétaire «s’est creusé» en 2024 et devrait «persister en 2025. «Le déficit budgétaire s’est creusé, atteignant 13,9 % du PIB en 2024 - soit son niveau le plus élevé depuis 2015 - la hausse continue des dépenses publiques (+9,0 %, après une hausse de 63,3 -% entre 2021 et 2023) étant désormais renforcée par la chute des recettes des hydrocarbures (–31,1 -%). Le déficit budgétaire atteindrait 14,5 -% du PIB en 2025, avant de se résorber, la baisse des recettes d’hydrocarbures étant amortie par la rationalisation des dépenses. La dette publique n’a augmenté que modérément en 2024, atteignant 48,5% du PIB, l’utilisation du reliquat du Fonds de Régulation des Recettes (FRR), à hauteur de 19,9 milliards USD (soit 7,4% du PIB) assurant la majorité du financement du déficit. Toutefois, les besoins importants de financement, couplés à l’épuisement du FRR, amèneraient la dette publique à augmenter sensiblement à partir de 2025», selon la BM. Les priorités identifiées, le rapport de la Banque mondiale a recensé les différentes actions à mettre en œuvre pour favoriser «la croissance à long terme». 

Au premier desquelles il souligne l’importance d’améliorer la productivité et d’orienter progressivement l’emploi vers des secteurs davantage productifs, afin de «réduire la dépendance à la dépense publique et aux hydrocarbures», tout en renforçant la capacité de l’économie à «absorber les chocs». «Des gains de productivité, en particulier dans l’industrie manufacturière et les services, sont indispensables pour libérer le potentiel de croissance de l’Algérie, selon Cyril Desponts, économiste principal pour l’Algérie. 

Une réorientation vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée, soutenue par un rééquilibrage budgétaire progressif, des réformes ciblées pour stimuler l’investissement privé et une stratégie de développement des compétences, a-t-il poursuivi, sera déterminante pour bâtir une économie plus résiliente». A.  Benyahia
 

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