Alors que le risque d’intoxication alimentaire augmente en été en raison de la hausse des températures, ce qui favorise la prolifération de bactéries dans les aliments, il est important de redoubler de vigilance quant à l’hygiène et la conservation de la nourriture consommées, afin d’éviter tout désagrément.
Malheureusement, si à cette période de l’année, les gens sont plus enclins à manger dehors, sur les réseaux sociaux, les témoignages de parents dont les enfants sont tombés malades suite à la consommation de glaces, de pizzas et autres fast-foods se multiplient. Tous dénoncent une mauvaise conservation des aliments ou encore des cuissons inachevées des aliments. Sachant que les températures élevées créent un environnement idéal pour la multiplication rapide des bactéries pathogènes dans les aliments, telles que la Salmonella, E. coli et la Listeria.
D’ailleurs, le Dr Yacine Iddir explique que l’intoxication alimentaire est une maladie provoquée par la consommation d’aliments ou d’eau contaminés par des micro-organismes (bactéries, virus, parasites) ou par leurs toxines. «Les germes responsables les plus fréquents sont les bactéries comme Salmonella, Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Campylobacter, mais aussi les virus (notamment les norovirus) et, plus rarement, certains parasites (Giardia, Entamoeba)», précise-t-il.
Assurant au passage que la contamination peut survenir lors de la production, la transformation, le stockage, la préparation ou le transport des aliments. De son côté, Hacène Menouar, président de l’association El Aman pour la protection des consommateurs, assure qu’on est victime d’intoxication alimentaire toute l’année, pas seulement pendant l’été. «La seule différence est qu’en été, ça augmente pour différentes raisons dont la première est la hausse des températures», affirme-t-il. Selon lui, lorsqu’il fait chaud, la dégradation de certaines denrées alimentaires se fait plus vite et plus facilement.
La seconde raison, toujours selon M. Menouar, est qu’en été, on se déplace beaucoup et par conséquent, on mange souvent dehors. «Et malheureusement, que ce soit lors des événements ou durant les fêtes familiales, la restauration collective n’est pas contrôlée, ce qui fait que nous enregistrons partout en Algérie des intoxications alimentaires. Ça se passe aussi dans les cités universitaires, dans les colonies de vacances, dans les hôtels et un peu partout», se désole-t-il. M. Menouar pointe du doigt le manque d’hygiène : «On est en train de constater que même le lavage des mains est en train de disparaître. Les gens les plus ou moins éveillés utilisent des lingettes, mais ce n’est pas toujours efficace, et rien ne peut remplacer l’eau et le savon.» Outre le consommateur, le président de l’association El Aman fustige ceux qui préparent cette nourriture ; or ils ne sont même pas formés à l’hygiène. «On avait même demandé, en 2016, au ministre du Commerce de rendre obligatoire la formation du personnel qui travaille sur la préparation des denrées alimentaires ou leur commercialisation sur l’hygiène des mains, la tenue, les procédures de travail, etc.».
Le phénomène de l'informel
M. Menouar pointe du doigt le phénomène de l'informel. Selon lui, plusieurs restaurants ouvrent pour la saison estivale mais ne sont pas enregistrés au Registre du commerce et par conséquent, ne subissent pas de contrôle du commerce. «Ces derniers préparent, malheureusement, à manger pour des familles qui sont sur la route, sur les plages, dans les forêts, dans les campings, mais ne subissent pas de contrôle». Toujours dans le cadre de l’informel, il met en exergue les vendeurs à la sauvette. «Ceux-là arrivent même à vendre du yaourt, du fromage, du poisson comme le thon sur les bords de route, sous le soleil, la poussière, la pollution...», dénonce-t-il.
Un autre fait, dénoncé par les consommateurs, concernant certains commerçants, qui par souci d’économie sur la facture d’électricité, éteignent leurs matériels de réfrigération et de congélation, notamment les présentoirs. «Ce n’est pas très courant, mais ça existe. On a dû surprendre des commerçant usant de cette pratique et leurs réponses furent ‘’du moment qu’il fait nuit, le présentoir ne s’ouvre pas’’, entraînant ainsi le consommateur dans des soucis de santé», assure M. Menouar. C’est pourquoi, «nous ne sommes pas arrêtés juste à la sensibilisation des consommateurs, mais cherchons également à éveiller les consciences des commerçants et des opérateurs économiques pour qu’ils soient conscients que leurs gestes pourraient tuer», poursuit-il.
Selon le président d’El Aman, il est essentiel d’être plus sévère, même dans le contrôle. A titre d’exemple, et dans l’objectif de mettre un terme à cette pratique douteuse qu’est d’éteindre les frigos, l’association propose la mise en place d’afficheurs. «Rendre un afficheur électronique obligatoire en façade sur le frigo de présentation va pouvoir même dénoncer, avec les chiffres, si le frigo qui a été éteint pendant la nuit», explique M. Menouar. Et dans le cas où celui-ci n’est pas éteint, cet afficheur facilitera tout de même le travail des agents de contrôle.
Aussi, M. Menouar appelle à la mise en place de sanctions sévères lorsqu’il s’agit du manque d’hygiène. Et enfin, le président de l’association recommande tout d’abord aux parents d’être responsables et vigilants concernant l’alimentation de leurs enfants. Sofia Ouahib
Quelques conseils
Strict respect de la chaîne de froid
* Il faut veiller à ne surtout pas laisser les aliments sensibles hors du réfrigérateur plus de deux heures (moins si la température est très élevée).
* Utiliser des glacières ou des réfrigérateurs portables lors du transport.
Veiller à un stockage approprié
Il est important de conserver les aliments aux températures suivantes :
* En dessous de 5 °C pour les aliments réfrigérés.
* En dessous de -18 °C pour les aliments congelés.
Hygiène personnelle et de la cuisine
* Bien se laver les mains avant de préparer ou de consommer les aliments.
* Nettoyer régulièrement les ustensiles et les surfaces de cuisine.
Vérification de la date de péremption
* Ne pas consommer d’aliments périmés ou dont la qualité est douteuse.
Une bonne cuisson des aliments
* S’assurer que les viandes, volailles et poissons soient bien cuits.
Ne pas recongeler un aliment décongelé
En particulier les viandes, poissons et autres produits surgelés.