Washington livre des armes à sous-munitions à Kiev : Une décision qui pourrait aggraver la crise ukrainienne

11/07/2023 mis à jour: 00:54
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A quelques heures de l’ouverture du sommet de l’Otan à Vilnius, Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis allaient fournir des armes à sous-minutions à l’Ukraine

Des armes de destruction massive arriveront bientôt sur les champs de batailles ukrainiens. Les Etats-Unis et le président Joe Biden ont approuvé, vendredi dernier, la décision d’envoyer à Kiev des munitions conventionnelles améliorées à double usage, dites armes à sous-munitions. 

«Cela a été une décision très difficile pour moi», affirme le président américain dans une déclaration à la chaîne d’information CNN, en précisant «en avoir discuté en amont avec les pays alliés et le Congrès américain». «Cela m’a pris du temps avant d’être convaincu de le faire», ajoute-t-il, justifiant sa décision «d’envoyer ces armes à Kiev par le manque de munitions que l’armée ukrainienne connaît actuellement». 

Quelles conséquences sur le conflit russo-ukrainien ? Il faut rappeler que ces armes, interdites dans de nombreux pays, ont la particularité de tuer à l’aveugle. Les bombes à sous-munitions, expliquent les spécialistes, dispersent une multitude de petits explosifs sans précision et sur de larges surfaces, occasionnant alors beaucoup de dégâts. 

Cité par des médias français, Patrick Martin-Genier, spécialiste des relations internationales, affirme «qu’alors qu’aucune alternative à court terme n’était possible face aux manques de munitions, les Etats-Unis et l’Ukraine ont choisi la solution de facilité». Selon lui, «il y a un risque d’escalade». «Les armes à sous-munitions menacent de provoquer d’importantes pertes dans l’armée russe, elle-même utilisatrice de ces bombes contre l’Ukraine. Pour pallier cette difficulté, Poutine risque d’avoir recours aux armes nucléaires tactiques», explique-t-il. 
 

Un véritable danger pour les civils 

Outre les dégâts sur les militaires engagés dans cette guerre qui perdure depuis plus d’une année, les armes à sous-munitions constituent un véritable danger pour les civils. Car 5 à 40% des explosifs contenus dans ces bombes ne se déclenchent pas à l’impact. Etant dispersées sur de grandes surfaces, ils deviennent de véritables mines pour l’armée, russe comme ukrainienne, et surtout pour les civils. Ayant suscité une réaction de dénonciation des Russes et des réserves des pays alliés, la décision du président américain a été vivement critiquée par des ONG. «Les armes à sous-munitions sont parmi les armes les plus dangereuses pour les civils. 

Elles sont par nature indiscriminées et représentent un risque grave pour les civils, car elles peuvent faire des victimes longtemps après la fin du conflit», dénonce l’ONG Handicap International dans un communiqué. Pour l’Observatoire des armes à sous-munitions, «les civils représentent 97% des victimes et 66% d’entre elles sont des enfants». «Le déminage peut aussi prendre plusieurs décennies», rappelle cet organisme. En février dernier, Amnesty international avait dénoncé «cette année l’utilisation de cet arsenal par les forces russes, où des civils avaient notamment été tués». 

Les lignes rouges de la convention d’Oslo 

Dans leurs critiques de la décision américaine, les ONG rappellent notamment la convention d’Oslo (Norvège) de 2008, interdisant totalement l’emploi, la fabrication, le commerce et le stockage de cette catégorie d’armes. Une convention qui n’est pas signée par les Etats-Unis, l’Ukraine et la Russie. 

Ce texte rappelle, dans son préambule, que «les armes à sous-munitions tuent ou mutilent des civils (…), entravent le développement économique et social (…), retardent ou empêchent le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (…) et ont d’autres conséquences graves pouvant persister pendant de nombreuses années après l’utilisation de ces armes». 

Pour rappel, les bombes à sous-munitions ont été utilisées, pour la première fois, par l’Allemagne et l’Union soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. Elles ont été perfectionnées durant la guerre froide, en les adaptant à la dissémination d’armes chimiques et biologiques. 

Selon Handicap International, «au moins 440 millions de sous-munitions ont été larguées depuis 1965, causant plusieurs dizaines de milliers de victimes civiles». 

D’après les données disponibles, le plus important bombardement utilisant ces armes est celui effectué par les Etats-Unis, entre 1965 et 1973, sur la province de Xieng Khouang, au Laos, lors de la «guerre secrète». 

Ce bombardement est considéré comme le plus important bombardement au monde, devant le bombardement de Dresde ou encore les bombardements de Tokyo (bombe incendiaire sur des maisons majoritairement en bois, mai 1945). Plus de 2 millions de tonnes y ont ainsi été lâchées. 

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