Des analystes estiment, selon Oil Price, que si l’OPEP+ décide de procéder aux augmentations de production prévues, cela pourrait entraîner une nouvelle pression à la baisse sur les prix. A l’inverse, le report des augmentations pourrait déclencher une hausse à court terme.
La volatilité qui caractérise depuis des semaines la courbe des prix de pétrole pourrait inciter l’Opep+ à revoir son calendrier de production annoncé pour le mois d’octobre prochain, en évitant notamment de remettre trop tôt sur le marché, les barils retirés il y a quelques mois pour stabiliser les cours de l’or noir.
A l’approche de l’échéance annoncée les perspectives relatives à la demande de pétrole sont plutôt moroses, ce qui pourrait pousser l’Alliance à freiner les augmentations de production prévues, et maintenir, au moins les niveaux de production actuels, afin de soutenir les prix et éviter une offre excédentaire, dans un marché ou la concurrence se fait de plus en plus rude avec les pays non -Opep.
Dans un contexte d’inquiétudes concernant les perspectives de consommation de pétrole, et de conditions économiques mondiales incertaines, l’Opep et ses alliés devront peut être revoir leur copie et reporter leurs plans, ce qui annonce des négociations difficiles autour de la production collective et les parts individuelles retirées dans le cadre des décisions volontaires.
Lors de la réunion qu’il a tenue début août 2024, le Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) a souligné que les membres de l’Organisation ont rappelé que «l’élimination progressive de la réduction volontaire de la production pétrolière pourrait être suspendue ou inversée, en fonction des conditions du marché.»
Les pays concernés avaient annoncé la prolongation de la réduction volontaire de la production pétrolière de 2,2 millions de barils par jour jusqu’à fin septembre 2024 et ont présenté des plans pour que cette réduction soit progressivement supprimée sur une base mensuelle jusqu’à fin septembre 2025.
L’Opep a ainsi décidé lors de sa réunion ministérielle du mois de juin 2024, de mettre fin progressivement aux réductions volontaires, décidées par certains pays, dont l’Algérie. Il reste à savoir si l’organisation mettra en pratique cette inversion des quotas au vu de l’instabilité persistante du marché.
Le comité a indiqué qu’il continuera à surveiller la conformité des ajustements de production décidés lors de la 37e ONOMM tenue le 2 juin 2024, y compris les ajustements de production volontaires supplémentaires annoncés par certains pays participants de l’OPEP et non membres de l’OPEP et qu’il continuera d’évaluer de près les conditions du marché.
Le JMMC a en outre rappelé qu’il conserve le pouvoir de convoquer des réunions supplémentaires ou de demander une réunion ministérielle de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP, en fonction de l’évolution du marché. L’OPEP applique actuellement des réductions de production décidées depuis fin 2022.
Il s’agit d’une réduction collective de 2 millions de barils par jour (b/j) convenue en octobre 2022 et d’une séries de réduction volontaires supplémentaire de 1,66 million de barils par jour convenue en avril 2023 et de 2,2 millions de barils par jour convenue en novembre 2023.
Dans le cadre de ce plan, la production totale de l’OPEP devrait augmenter d’environ 180 000 b/j par mois au quatrième trimestre de 2024, puis de 210 000 b/j par mois au cours des neuf premiers mois de 2025. Des analystes estiment, selon Oil Price, que si l’OPEP+ décide de procéder aux augmentations de production prévues, cela pourrait entraîner une nouvelle pression à la baisse sur les prix.
À l’inverse, le report des augmentations pourrait déclencher une hausse à court terme. Les prochaines semaines seront ainsi cruciales pour l’OPEP+ dont la décision déterminera non seulement l’avenir des marchés pétroliers mondiaux, mais testera également la cohésion du groupe, et sa capacité à gérer l’offre dans un environnement économique de plus en plus incertain.
Exxon prévoit une demande de pétrole stable en 2050
Exxon Mobil a déclaré hier s’attendre à ce que la demande de pétrole brut reste supérieure à 100 millions de barils par jour (bpj) jusqu’en 2050, en ligne avec les niveaux actuels, soit une prévision supérieure de 25% à celle de BP. Ces annonces, faites par Exxon dans son dernier rapport sur les perspectives pétrolières mondiales, sous-tendent les plans de croissance de la production ambitieux du premier producteur de pétrole américain.
Dans ses perspectives précédentes, publiées en 2023, l’entreprise n’avait pas fourni de données sur la demande à l’horizon 2050. Exxon a également été plus pessimiste que son concurrent britannique en ce qui concerne la réduction des émissions de CO2 au niveau mondial. Le groupe anticipe que les progrès technologiques permettront d’enregistrer des baisses après 2029, alors que BP les voit survenir dès le milieu de la décennie.
La major pétrolière américaine prévoit de pomper 4,3 millions de barils de pétrole et de gaz par jour cette année, soit 30% de plus que la production actuelle de Chevron, son principal rival aux Etats-Unis. «La demande de pétrole et de gaz a une très, très longue durée de vie et continuera de croître au cours des prochaines années», a déclaré Chris Birdsall, directeur de l’économie, de l’énergie et de la planification stratégique d’Exxon cité par l’agence Reuters.
Selon la société basée à Houston, l’essor des véhicules électriques (VE) n’aura pas d’impact à long terme sur la demande, car l’augmentation de la population mondiale, attendue à près de 10 milliards en 2050, entraînera une hausse mécanique des besoins en énergie.