Visite du président russe Vladimir Poutine en Chine : Le commerce et le conflit ukrainien à l’ordre du jour

18/05/2024 mis à jour: 00:12
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Les présidents Xi Jinping et Vladimir Poutine

Le président russe Vladimir Poutine était hier dans la ville chinoise de Harbin (nord-est), au deuxième jour d'une visite centrée sur la promotion du commerce entre les deux pays et la recherche d'un soutien accru à la guerre en Ukraine.

Arrivé jeudi matin à Pékin, le dirigeant réalise son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Il a été reçu par Xi Jinping et les deux hommes ont défendu ensemble l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de «stabilité» et de «paix» dans le monde.

La relation diplomatique et commerciale entre la Chine et la Russie s'est nettement renforcée depuis le début de l'intervention russe  en Ukraine en février 2022.
Le géant asiatique est désormais une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales. Mais ce soutien lui vaut des critiques de la communauté occidentale.
Les échanges commerciaux sino-russes ont ainsi dépassé les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.
 

Le déplacement de Vladimir Poutine à Harbin s'inscrit dans la volonté russe d'accroître encore la relation commerciale entre les deux pays.

Située à quelques centaines de kilomètres seulement de la frontière russe, la ville de 10 millions d'habitants est cruciale pour les échanges commerciaux et culturels entre Pékin et Moscou. S'exprimant à la cérémonie d'ouverture de la foire commerciale Russie-Chine, Vladimir Poutine a salué les liens en matière d'énergie entre les deux pays et promis de les «renforcer». «La Russie est prête et capable d'alimenter sans interruption l'économie chinoise, les entreprises, villes et villages, avec une énergie abordable et écologiquement propre», a-t-il déclaré, selon des propos recueillis par l’AFP.  

Et «alors que le monde est à l'aube de la prochaine révolution technologique, nous sommes déterminés à approfondir constamment la coopération bilatérale dans le domaine de la haute technologie et de l'innovation».

Cette visite intervient une semaine après une nouvelle attaque terrestre majeure en Ukraine, qui s'est traduite par la plus importante avancée de Moscou en 18 mois.
 

Des milliers de soldats russes ont pris d'assaut la frontière du nord-est de l'Ukraine le 10 mai, s'emparant de plus de 200 km2

Lors d'une conférence de presse hier, V. Poutine a indiqué que la décision d'attaquer a été prise pour mettre fin aux bombardements transfrontaliers, ajoutant toutefois qu'il n'était pas prévu de capturer la ville ukrainienne de Kharkiv. «C'est de leur faute, car ils ont bombardé et continuent de bombarder des quartiers résidentiels dans les zones frontalières», a déclaré V. Poutine aux journalistes. «J'ai dit publiquement que si cela continue, nous serons obligés de créer une zone de sécurité».

Le chef de l'Etat russe a affirmé avoir discuté avec  Xi Jinping du conflit et que la Chine «cherchait sincèrement à résoudre ce problème».
 

Sous l’œil vigilant de Washington

Parallèlement, la pression de la communauté internationale monte sur la Chine pour qu'elle cesse son soutien à l'économie russe.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin (ne pas fournir directement d'armes à la Russie) et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire. Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars. La pression commence à faire effet : les exportations chinoises vers le voisin russe ont baissé en mars et en avril, après que Washington a menacé de sanctionner les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.
 

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou ont jugé «nécessaire» d'éviter toute décision contribuant «à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit». Ils ont aussi affirmé leur accord pour une «solution politique» à la guerre.
La télévision d'Etat chinois a montré Xi prenant dans ses bras Poutine après les discussions, au cours desquelles le dirigeant chinois a plaidé pour une «conférence internationale de paix reconnue par la Russie et l'Ukraine».

Aucun élément n'indique que Moscou et Kiev soient prêts à un dialogue direct, l'Ukraine affirmant que cela ne servirait que pour permettre à la Russie de gagner du temps tout en préparant un nouvel assaut.
Quelques heures après la rencontre entre Xi et Poutine, les Etats-Unis ont assuré jeudi que Xi Jinping ne pouvait pas «jouer sur les deux tableaux» en renforçant ses liens à la fois avec l'Occident et la Russie. La Chine «ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre», a assuré Vedant Patel, un porte-parole du département d'Etat américain, à la presse. 

«Elle ne peut pas jouer sur les deux tableaux et vouloir de (meilleures) relations avec l'Europe et d'autres pays tout en continuant d'alimenter la plus grosse menace à la sécurité européenne depuis très longtemps», a-t-il ajouté, en référence à la guerre que mène la Russie en Ukraine depuis plus de deux ans.
 

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