Les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron ont affiché leur unité de vues hier à Paris face aux défis transatlantiques, à commencer par la guerre en Ukraine, et au spectre d’un possible retour de Donald Trump, rapporte l’AFP. «Nous nous tenons fermement aux côtés de nos alliés, de la France. Je le répète, nous ne nous déroberons pas», a martelé Joe Biden lors d’une déclaration au côté de son homologue à l’Elysée.
Washington se garde toutefois bien de suivre tous les élans du président français, par exemple sur l’envoi éventuel d’instructeurs militaires sur le sol ukrainien. Emmanuel Macron a salué de son côté la «clarté et la loyauté d’un partenaire qui aime et qui respecte les Européens». Joe Biden a aussi assuré, après la libération de quatre otages israéliens à Ghaza, que les Etats-Unis continueraient à se mobiliser jusqu’à ce que «tous» le soient. «Nous ne cesserons d’œuvrer jusqu’à ce que tous les otages soient rentrés chez eux», a-t-il déclaré. «Nous nous félicitons des quatre otages libérés ce jour», a affirmé son homologue français.
Joe Biden est, depuis l’attaque sans précédent du Hamas, le plus ferme soutien de l’offensive menée par Israël à Ghaza, là où la France prend ses distances face à la manière dont l’armée israélienne conduit ses opérations. Paris a, par exemple, annulé récemment la participation des industriels israéliens de l’armement au grand salon de défense Eurosatory.
«Manière coordonnée»
Les dossiers commerciaux sont aussi sources de tensions entre les deux rives de l’Atlantique, depuis que Washington a décidé d’aider massivement les entreprises du secteur de la transition énergétique qui investissent aux Etats-Unis. «Notre volonté est véritablement que nous puissions aller vers une synchronisation de nos économies (…) en termes de régulation, de niveau d’investissement» des industries vertes à l’intelligence artificielle, a assuré le président français qui a insisté sur la distorsion de concurrence transatlantique lors de sa visite d’Etat à Washington en décembre 2022.
En revanche, selon E. Macron, les deux dirigeants se sont rejoints sur «les pratiques potentiellement déloyales de la Chine», qui génèrent des «surcapacités ». Face à cela, «nous devons agir de manière coordonnée », a exhorté le président français, qui a reçu en mai, là aussi pour une visite d’Etat, son homologue chinois Xi Jinping.
Emmanuel Macron a déployé tous les fastes de la République pour son hôte, qui effectuait sa première visite d’Etat en France, à l’issue des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie. Joe Biden, arrivé mercredi à Paris, a participé jeudi en Normandie, avec Emmanuel Macron, l’Ukrainien Volodymyr Zelensky et une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, aux commémorations du Débarquement. Il repartira aujourd’hui après la visite d’un cimetière américain. La visite d’Etat elle-même s’est déroulée samedi.
La relation entre les deux hommes s’est grandement améliorée depuis qu’en septembre 2021, les Etats-Unis avaient enlevé, au nez et à la barbe de la France, un gros contrat de sous-marins avec l’Australie. La crise diplomatique qui s’ensuivit reste l’un des plus vifs épisodes de tension entre les Etats-Unis et leur «plus ancienne alliée», comme ils aiment à appeler la France.
Pour surmonter la brouille, le président américain a d’ailleurs réservé à son homologue français la première visite d’Etat à la Maison-Blanche de son mandat, en décembre 2022.