Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué hier les «efforts» de coopération de son «cher ami» le chancelier allemand Olaf Scholz, pour lever les restrictions allemandes à la fourniture d’armements à la Turquie, rapporte l’AFP.
Ankara espère des avancées sur l’achat de 40 avions de combat Eurofighter Typhons pour pallier les retards de livraison des chasseurs américains F-16, dont la vente a été approuvée par Washington au début de l’année. «La Turquie est membre de l’OTAN et c’est pourquoi nous prenons toujours des décisions qui conduisent à des livraisons concrètes» a indiqué le chancelier, assurant que «le gouvernement britannique fait avancer ''le projet'' pour lequel les négociations ont maintenant commencé».
La livraison des Eurofighters implique que les quatre pays européens associés pour leur construction soient d’accord – Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne. «Nous avons rencontré par le passé certains problèmes. J’apprécie vraiment les efforts de mon cher ami Scholz pour trouver des solutions à ces problèmes», a indiqué R. T. Erdogan.
Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Berlin a récemment donné son feu vert à d’importantes livraisons d’armes à Ankara, dont des missiles antiaériens, pour une valeur de plusieurs centaines de millions d’euros.
Un net changement de cap, alors que l’Allemagne a considérablement réduit ses exportations d’armes après l’offensive turque en Syrie en 2016.
L’Allemagne accueille la plus grande diaspora turque au monde, environ trois millions de personnes. Et leurs relations commerciales ont atteint les 50 milliards de dollars, a précisé hier le chef d’Etat turc. Espérant les «porter à 60 milliards ».
Au cours de la crise migratoire de 2015-2016, la première économie européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens. Depuis l’intervention russe en février 2022 en Ukraine, l’Allemagne a pris en charge environ un million d’exilés ukrainiens ayant fui leur pays. Aujourd’hui le pays compte quelque 3,5 millions de demandeurs d’asile. Et de nombreuses collectivités se plaignent de ne plus avoir les ressources pour assurer l’accueil.
Vendredi, les députés allemands ont adopté un projet de loi durcissant la politique migratoire du pays, qui referme un peu plus l’ère d’accueil généreux ouverte en 2015 par l’ex-chancelière Angela Merkel. Le vote s’inscrit dans une tendance restrictive croissante en Europe : il est intervenu en parallèle d’un sommet de l’Union européenne, où les dirigeants des Vingt-Sept ont haussé le ton contre l’immigration irrégulière et réclamé une accélération des expulsions.
Berlin veut notamment supprimer des aides pour les demandeurs d’asile entrés d’abord dans un autre pays de l’UE, faciliter les expulsions pour les réfugiés ayant fait usage d’armes ou encore limiter le port de ces mêmes armes. Les réfugiés qui retourneront temporairement dans leur pays d’origine n’auront «en règle générale» plus de protection en Allemagne, de même que ceux qui commettront des crimes à caractère antisémite ou homophobe, selon le texte.
Ce «paquet Sécurité» doit permettre d’«améliorer la sécurité intérieure et le système d’asile» mais aussi «la lutte contre le terrorisme», a affirmé la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser. Sous la pression de l’aile gauche de son propre parti, la ministre social-démocrate a dû atténuer la mesure la plus controversée de suppression des aides pour les demandeurs d’asile entrés dans un autre pays de l’UE. Elle ne sera possible que si le départ des demandeurs d’asile dans le pays de l’UE où ils sont arrivés en premier «est juridiquement et effectivement possible». Elle est également exclue dans le cas où des enfants sont concernés.