Un chirurgien britannique décrit des conditions de travail «médiévales»

28/05/2024 mis à jour: 05:07
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Infections post-opératoires, manque d’antibiotiques, de pansements... Un chirurgien britannique, Khaled Dawas, qui a récemment passé deux semaines à l’hôpital Al Aqsa dans le centre  de la bande de Ghaza, a décrit hier une situation «insupportable» et des conditions d’intervention d’un autre âge.

Pour ce médecin londonien, cité par l’AFP, les conditions d’exercice de son métier s’apparentent à une «médecine médiévale» ou à «ce qui pouvait se passer en Europe il y a peut-être 300-400 ans». Après un premier séjour en janvier pour soulager le personnel de cet hôpital, dans le cadre d’une mission médicale envoyée par les ONG International Rescue Committee (IRC) et Medical Aid for Palestinians (MAP), il y est retourné du 3 au 15 avril.

Entre ses deux séjours, il a vu l’hôpital Al Aqsa débordé par l'afflux continu de blessés dans ce territoire palestinien bombardé par Israël. «Les médecins et infirmières font de leur mieux (...) Ils voient arriver sans discontinuer des personnes mourantes, des cadavres, aucun être humain ne peut tolérer cela», martèle-t-il.

Ce médecin arabophone de 54 ans, de parents palestiniens, décrit des infections post-opératoires généralisées, un manque d'antibiotiques, de pansements, de matériel de stérilisation... «Les instruments à usage unique dont je me sers dans mon hôpital au Royaume-Uni, sont utilisés 10 à 20 fois à Ghaza», révèle-t-il. Beaucoup de malades évitent d'aller à l'hôpital, constate-t-il : «Ils réalisent que, malheureusement, aller à l'hôpital signifie quasiment une condamnation à mort, en raison des infections des plaies, en raison des conditions de soins.»

Le chirurgien, de passage à Bruxelles à l'occasion d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27, attend «de la part de l'UE et de ses Etats membres un leadership fort pour mettre un terme à la souffrance et à la destruction».

Il compte retourner à Ghaza, et exprime son «sentiment de culpabilité d'avoir pu partir». «Mes collègues qui travaillent là-bas ne peuvent pas le faire. Ils n'ont pas le choix.» «J'espère que quand j'y retournerai la prochaine fois, il y aura un cessez-le-feu, parce qu'assister à tout cela quand vous êtes sur place est insupportable, et c'est encore plus insupportable quand vous n'y êtes plus», explique-t-il.
 

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