Un an de guerre entre la Russie et l’Ukraine : L’équilibre mondial ébranlé par la confrontation

13/02/2023 mis à jour: 05:13
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Une année donc depuis que l’armée russe a déferlé sur le territoire ukrainien, douze mois qui ont bouleversé le monde et fait ressurgir une menace que l’on pensait à jamais révolue, celle d’un conflit nucléaire entre les deux super-puissances que sont la Russie et les Etats-Unis. Fort heureusement il n’a pas eu lieu, les protagonistes ayant choisi à ce jour l’affrontement sur le terrain ukrainien avec les moyens conventionnels, plus particulièrement terrestres.

Depuis une année, les combats sont impitoyables en Ukraine avec d’énormes pertes humaines et des destructions considérables. La population ukrainienne a été particulièrement affectée par les combats et les bombardements. L’exode vers des pays frontaliers a touché des millions d’habitants et ceux qui ont choisi de rester sur leur sol ont dû vivre dans la peur et les privations de toutes sortes. Les chiffres de l’impact général du conflit, l’année écoulée, ne sont pas encore connus, mais les estimations sont effrayantes. Cette guerre a en outre entraîné dans son sillage de nombreux pays. Les Etats-Unis mirent à profit l’existence de l’OTAN pour impliquer le maximum de nations européennes. A des degrés différents, celles-ci ont répondu favorablement aux sollicitations américaines, soit en s’impliquant fortement dans les sanctions économiques, soit en envoyant épisodiquement des aides militaires. Si leurs citoyens ont compati au départ avec les Ukrainiens sous la guerre, en revanche, ils l’ont été moins sur le volet sanctions économiques. La hantise de la perte du pouvoir d’achat a été constante du fait des retombées des sanctions européennes et des ripostes russes, spécialement en matière de consommation de produits alimentaires et énergétiques. Les grands médias occidentaux se sont chargés de maintenir à un niveau élevé le ressentiment anti-russe au sein des populations européennes, quitte à heurter certaines opinions contraires. En prenant, dès le début du conflit, des sanctions contre Moscou, les capitales européennes ont vu leurs approvisionnements en produits énergétiques bloqués par la Russie, ce qui a conduit automatiquement à l’apparition d’une grave crise, notamment dans le domaine gazier. Ce produit énergétique fut leur grande hantise. Ils durent le chercher partout, y compris aux USA grands producteurs de gaz naturel liquéfié. Ils payèrent le prix le plus fort, en plus d’avoir à gérer le mécontentement de leurs populations et de leurs industriels confrontés à la rareté et à la cherté. Le grand gagnant fut les Etats-Unis, qui inondèrent l’Europe de leur GNL à prix fort. Parallèlement, ils équipèrent les forces ukrainiennes en armes de toutes sortes, faisant ainsi le bonheur de leur industrie militaire en net recul depuis le retrait des forces US du Proche-Orient. Le complexe militaro-industriel américain pesa beaucoup dans les choix de la Maison-Blanche dans cette guerre, comme il a pesé lors de l’invasion de l’Irak et au moment des multiples autres engagements militaires US dans le monde. L’Europe ne fut pas en reste mais à moindre échelle. Les envois d’armes et d’équipements en tous genres des Occidentaux, aussi importants soient-ils, ne firent pas basculer la guerre en faveur de l’armée ukrainienne. Celle-ci a pu reconquérir des villes occupées mais en a perdu d’autres lors d’offensives et contre-offensives russes. Le sud-est de l’Ukraine reste toujours sous domination russe. En une année de guerre donc, c’est l’enlisement des deux côtés tant sur le terrain militaire que diplomatique. Celle-ci a été quasi absente, y compris du côté des Nations unies. Le tiers-monde s’est rendu compte, une nouvelle fois, que le monde fonctionne toujours sans lui, et la plupart du temps contre lui, au gré des intérêts géostratégiques et économiques des grandes puissances. Il constate aussi que la fin de la guerre froide finalement n’a pas signifié l’élimination de la force. Celle-ci dirige toujours le monde et façonne les relations. Dans ce conflit, le tiers-monde a été sommé de choisir son camp. Les pays occidentaux, plus particulièrement les Etats-Unis, ont été les plus offensifs et les plus exigeants. Ils ont tenté d’aligner le maximum de pays du tiers-monde derrière leur politique d’isolement de la Russie. Tout en déplorant cette guerre et le coût énorme que paye le peuple ukrainien, la plupart de ces pays ont choisi une position de non-alignement. Quant aux populations les plus pauvres, elles doivent subir les retombées du conflit sur les approvisionnements et les prix des produits de consommation essentiels, notamment les céréales. La guerre a été aussi pourvoyeuse de restrictions de toutes sortes et d’élargissement de la pauvreté un peu partout dans le monde. Après douze mois de guerre impitoyable, le monde a basculé dans la précarité et l’incertitude et cela juste après s’être relevé de l’effroyable épidémie de Covid-19. Rien n’indique que cela va s’arrêter, la diplomatie internationale ne jouant pas encore en ce sens. Ce sont toujours les accents guerriers qui ont le vent en poupe des deux côtés des belligérants. Le conflit peut durer encore de longs mois toujours avec la possibilité d’un recours aux armes nucléaires. Il faut dire que la stratégie de l’OTAN, conduite par les Etats-Unis, dépasse la reconquête du territoire ukrainien. Elle vise à infliger une défaite cinglante à la Russie qui inclut le retrait des forces russes et l’effondrement du régime Poutine. Le président russe est devenu l’homme à abattre. Comme Washington fait tout pour en arriver là, la guerre d’usure va continuer avec son énorme coût humain et ses retombées désastreuses sur l’équilibre du monde déjà précarisé par la montée des périls entre les USA et la Chine, notamment sur la question de Taïwan. Le pire serait à venir avec les pénuries de produits énergétiques et leurs coûts élevés, la montée de la récession et de l’inflation mondiales, l’extension de la pauvreté un peu partout dans le monde sur fond des premiers effets désastreux du réchauffement climatique. 

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