Le président israélien, Isaac Herzog, est arrivé hier en Turquie, où il va effectuer la première visite d’un chef d’Etat israélien depuis 2007, rapporte l’AFP. Il a prévu une rencontre à Ankara avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, qui s’est affiché ces dernières années comme le défenseur de la cause palestinienne. Les questions bilatérales vont dominer la rencontre, après plus de dix ans de froid diplomatique.
Les relations sont tendues depuis l’affaire du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes ont lancé un assaut sur le navire turc tentant d’acheminer de l’aide à la bande de Ghaza, enclave palestinienne sous blocus israélien.
Les deux pays ont ensuite rappelé leurs ambassadeurs en 2018, après la mort de manifestants palestiniens à Ghaza. Ankara et Tel-Aviv ont une vision différente sur le Hamas, parti islamiste qui gouverne la bande de Ghaza. Israël le considère comme un groupe terroriste alors que pour la Turquie, il s’agit d’un mouvement de résistance. En parallèle, les deux pays ont un allié commun, à savoir l’Azerbaïdjan, à qui ils ont accordé des aides militaires pour chasser les forces arméniennes du Haut-Karabakh.
Le chef de l’Etat turc a récemment dit s’attendre à ce que la visite de I. Herzog, avec lequel il s’est entretenu à plusieurs reprises depuis l’investiture de l’Israélien en juillet, «ouvre un nouveau chapitre» dans leurs rapports.
A la mi-novembre, il a échangé avec son homologue israélien et le Premier ministre, Naftali Bennett, le premier entretien entre un Premier ministre israélien et le président Erdogan depuis 2013, quelques heures après la libération et le retour dans leur pays d’un couple de touristes israéliens accusés d’espionnage et détenus en Turquie.
Selon des responsables israéliens, les deux Présidents pourraient discuter de la possibilité d’exporter du gaz israélien vers l’Europe à travers la Turquie, une question au centre de l’actualité alors que les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe.
Israël a conclu en 2020 un accord avec Chypre et la Grèce portant sur la construction d’un gazoduc devant acheminer du gaz vers l’Europe, un projet qui a suscité l’opposition de la Turquie.
Israël, Chypre et la Grèce, trois alliés en Méditerranée orientale, ont entretenu des relations difficiles avec Ankara. Les trois pays participent au Forum du gaz de la Méditerranée orientale avec d’autres pays de la région, mais qui exclut la Turquie.
En décembre de la même année, le président turc a déclaré souhaiter que son pays entretienne de meilleures relations avec l’Etat hébreu. Il a néanmoins critiqué la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens, qu’il a qualifiée d’«inacceptable» et de «ligne rouge» pour Ankara.
La Turquie a condamné les rapprochements négociés par les Etats-Unis entre Israël et les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Erdogan a également critiqué la décision de Bahreïn d’officialiser ses liens, considérant qu’il s’agit d’un coup porté à la cause palestinienne.
En janvier, R. T. Erdogan s’est dit prêt à coopérer avec Israël sur le projet de gazoduc, marquant la volonté d’Ankara de renouer les liens avec Tel-Aviv. Le président israélien s’est rendu fin février à Athènes pour une visite destinée à rassurer son allié grec avant le déplacement à Ankara.