Travail artistique et sculpture sur métal : Quand les Beaux-Arts font renaître d’anciens métiers

09/03/2023 mis à jour: 07:17
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L’enceinte de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts (ESBA)

Ikram Boussaa, Djenat Mahfouf, et Maïssa Haoues ont fait le choix d’effectuer des stages dans les ateliers algérois du sculpteur Abdelghani Chebouche, de mettre des gants de sécurité et d’aller au contact de l’univers de la forge, de la braise, des patines, du marteau et de l’enclume. Etudiante en Volumes et matières, Ikram Boussaa, connue sous son nom d’artiste «Jo», qui a accompagné le sculpteur dans sa dernière exposition, confie avoir été motivée par sa passion pour la sculpture et sa curiosité pour choisir un stage en sculpture sur métaux, un choix, qu’elle estime, «enrichissant et gratifiant» pour son «développement personnel et professionnel». Cette discipline artistique complexe et exigeante représente pour elle «un défi stimulant» et un perfectionnement de ses compétences en matière de dessin, de conception et de modélisation en trois dimensions, et lui offre une compréhension plus profonde des matériaux. Des artistes, comme Lorelei Sims, Lucy Sandys-Clarke et Cassie Châtel, une des rares femmes forgerons de France, confortent la jeune étudiante dans son choix de relever le «défi physique et social» d’intégrer un domaine traditionnellement masculin, de «briser les stéréotypes de genre» et montrer que les femmes peuvent être tout aussi créatives et compétentes que les hommes. Etudiante en Design, Djenat Mahfouf a elle aussi sollicité les services du sculpteur Abdelghani Chebouche pour réaliser un mobilier, ce dernier a préféré initier l’étudiante à la sculpture pour réaliser elle-même son projet d’étude. De cette aventure «enrichissante», l’étudiante dit avoir réussi à impliquer des métiers anciens, comme le travail du cuir et la forge, dans un processus de conception et de fabrication de mobilier design contemporain. L’opportunité offerte par Abdelghani Chebouche représente, aux yeux de Maïssa Haoues, étudiante en Design espace, une occasion d’apprendre de nouvelles pratiques artistiques et casser les codes sociaux pour «montrer que les femmes sont capables de réaliser des choses incroyables dans un domaine considéré exclusivement masculin, malgré les difficultés physiques». Plus connue sous son nom d’artiste «Düst», l’étudiante, qui touche à la photographie, au graphisme, au dessin ou encore au Street Art, a découvert «les textures intéressantes et le rendu du travail du fer», et estime que la manipulation du métal et le travail de forge l’ont poussée à «développer de nouvelles créations et de plus riches capacités artistiques».

Depuis trente ans, Abdelghani Chebouche, un des rares sculpteurs sur métal en Algérie à adopter un processus de création inspiré de la forge, a repris, l’atelier de ferronnerie de son père à El Mouradia à Alger. Diplômé en génie civil, il s’initie d’abord à la ferronnerie d’art avant de s’intéresser et de concevoir sa première forge pour passer le cap de l’artisan vers celui du sculpteur en 1999, année de sa première exposition. Depuis une vingtaine d’années, le sculpteur a ouvert son atelier d’abord aux jeunes du quartier puis aux stagiaires de l’Ecole des Beaux-Arts et autres artistes en quête de savoir-faire ou de nouvelles visions artistiques. En plus de plusieurs expositions, le sculpteur a également signé des œuvres urbaines et des travaux très minutieux de réalisation d’accessoires pour le cinéma. Dernièrement, il a présenté le travail de sa stagiaire «Jo» lors de l’exposition «Dialogue symphonique» avec le plasticien Abderezak Hafiane.

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